Depuis quatre mois, le carburant se fait rare à Mwali, et les habitants n’ont d’autre choix que de se tourner vers le marché noir. Le litre d’essence s’y vend entre 1 000 et 1 200 francs, au lieu de 750 francs, prix officiel fixé par l’État. Le pétrole lampant, indispensable à la cuisine dans de nombreux foyers et utilisé par les pêcheurs lors de leurs sorties en mer, dépasse désormais 500 francs le litre, contre 350 francs auparavant.Dans les stations-service de l’île, les revendeurs n’ont droit qu’à 10 litres d’essence lors des distributions, tandis que les motocyclistes se voient attribuer au maximum 4 litres.
Les chauffeurs de taxi, eux, s’organisent pour affréter une vedette vers Ndzuani, afin d’y acheter quelques jerricans de carburant nécessaires à la poursuite de leurs activités. Cette situation a déjà provoqué une hausse soudaine des prix du transport, au grand désarroi des usagers, déjà éprouvés par la cherté de la vie. «Les taximen ont décidé d’augmenter le tarif des trajets dans la capitale de 300 à 350 francs, soit une hausse de 50 francs, sans aucun préavis ni communication officielle. Cette décision unilatérale provoque le mécontentement des usagers et un sentiment d’injustice», regrette Mohamed Anthoy, employé à la Sonelec, contraint de prendre le taxi chaque jour pour se rendre à son travail. A Mwali, l’approvisionnement ne dure que quelques jours. En outre, il se fait uniquement par bateau de faible capacité, souvent en mauvais état. Sur les plages de Fomboni, notamment à Mnadzi Modja ou Mabahoni, ainsi qu’au marché, la population se presse chaque fin de journée dans l’attente des vedettes en provenance de Ndzuani, espérant obtenir quelques litres de carburant.
Relancer le projet du dépôt d’hydrocarbures de Hoani
Face à cette crise alarmante, Andhoimatie Mikidadi, dite Ma Faïz, est sortie de son silence et a tiré la sonnette d’alarme contre cette pratique ancienne qui asphyxie l’économie de l’île. Lors d’un point de presse tenu le mardi 7 septembre dans son appartement, l’ancienne maire de Fomboni, militante active dans plusieurs mouvements politiques, a dénoncé la situation et appelé les autorités insulaires à «défendre les intérêts de Mwali». Elle a exhorté également le président de la République à relancer le projet de construction du dépôt d’hydrocarbures de Hoani, abandonné depuis plus de huit ans. «Si aujourd’hui Mwali est éclairée 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, pourquoi la Société comorienne des hydrocarbures ne peut-elle pas nous garantir un approvisionnement régulier en carburant et en pétrole lampant ? J’appelle les décideurs politiques, notamment les femmes comme moi, à se pencher sérieusement sur cette question, car c’est la population qui en paie le prix», a-t-elle interpellé.
La pénurie chronique de produits pétroliers à Mwali n’est pas nouvelle, mais elle devient de plus en plus critique. Avec la multiplication des voitures, des motos et la diminution de l’usage du bois dans les ménages, la demande en hydrocarbures ne cesse d’augmenter. Malheureusement, les capacités de stockage n’ont pas évolué depuis les années 1990, à une époque où l’île comptait moins d’une centaine de véhicules.À Fomboni, le chef-lieu de l’île, les ruelles se vident de toute circulation : nombreux sont ceux qui n’ont pas les 1 000 francs nécessaires pour s’offrir le «luxe» de démarrer une voiture.