Les associations de lutte contre les violences faites aux enfants n’en reviennent pas après la libération sous caution d’un violeur présumé, il y a une semaine. La libération sous condition de foundi Mhamadi, accusé d’avoir agressé sexuellement une fillette de 12 ans de sa localité, Dzahani La Tsidje, a beaucoup choqué. Incarcéré depuis février, ce maitre d’école coranique est libre depuis le 28 juin. Contrairement à ce qui circule ici et là, l’ordre de le relâcher n’émanerait pas du juge d’instruction chargé de ce dossier, a fait savoir l’avocat de la partie civile.
Dans une déclaration faite sur Facebook le samedi 4 juillet, Me Abdoulbastoi Moudjahidi a certifié que le juge d’instruction avait demandé le maintien du suspect. «En ma qualité d’avocat de la partie civile, j’ai reçu la notification sur la fin de l’instruction. Le juge a par ailleurs ordonné son renvoi devant le tribunal correctionnel. Cela veut dire que depuis le 29 avril, ce dossier n’est plus de son ressort. Il l’a d’ailleurs communiqué au parquet le lendemain soit le 30», a-t-il déclaré.
1,5 millions de fc ?
Alors, qui a donc accordé la liberté provisoire à Foundi Mhamadi ? D’après les éléments à notre disposition, c’est la chambre d’accusation qui a formulé cette demande en échange d’une caution. Al-watwan a essayé d’en savoir un peu plus auprès du président de ladite chambre, en vain. En revanche, le procureur général a confirmé l’information. «Ladite personne a bénéficié d’une liberté provisoire sous caution de la chambre d’accusation», a répondu le parquetier général dans un message vendredi 10 juillet. Une caution de combien de francs ? Le montant n’a pas été dévoilé. On évoquerait la somme de 1,5 millions francs payable en deux tranches. Un chiffre qui reste à vérifier. Toute personne inculpée et détenue peut provisoirement bénéficier d’une liberté provisoire.
Cette mesure relève du juge d’instruction sur réquisition du procureur. Ce n’est qu’après refus de la demande de liberté provisoire pendant l’instruction que la chambre d’accusation, après appel, peut ordonner un relâchement provisoire d’après un juriste de la place. Pour ce cas, l’instruction a été achevée depuis le 30 avril, et le juge a demandé le prolongement de la détention.
Certains activistes craignent un classement sans suite de cette affaire via cette liberté provisoire. «Pendant tout ce temps, il revenait au parquet d’enrôler le dossier et fixer une audience au tribunal pour qu’il soit jugé. Malheureusement, cela n’a pas été le cas. Pourquoi il n’y a pas eu un jugement ? C’est désolant», a regretté l’avocat de la défense qui n’arrête pas de se demander jusqu’à présent comment se fait-il que l’on parle d’agression sexuelle et non de viol alors que les expertises médicales avaient été claires sur ce qu’a subi la fillette.
Et Me Abdoulbastoi Moudjahid de poursuivre : «plus choquant encore, j’ai moi-même appris sa libération par le biais du père de la victime. Il est complètement abattu. Déjà en tant que partie civile, nous n’avons jamais été consultés sur les libertés provisoires bien que c’est un droit qui nous revient. La chambre d’accusation non plus n’a rien dit».
Rappelons que la famille de la victime avait subi des menaces au lendemain de l’éclatement de cette affaire. Juste parce que la petite avait révélé pendant l’interrogatoire du juge d’autres présumées victimes de ce foundi que certains qualifient de récidiviste.
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