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Viol et séquestration présumés I Un récit troublant où la vérité reste à établir

Viol et séquestration présumés I Un récit troublant où la vérité reste à établir

Société | -   Nourina Abdoul-Djabar

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L’affaire circule dans les médias depuis deux semaines. Une femme masseuse aurait été victime d’un viol de la part de son client. Toutefois, de nouveaux éléments sont venus remettre en question la véracité de ces informations. Retour sur les faits.

 


Le 4 octobre 2023, au cœur de Moroni, un viol aurait été perpétré à l’encontre d’une jeune femme de 31 ans, une masseuse de la capitale, selon le directeur du Service d’écoute, Mradabi Mziarani. Cette victime prétend avoir été contactée par le chauffeur d’un homme de nationalité étrangère résidant dans la ville, pour une séance de massage. Malheureusement, ce qui aurait dû être une expérience relaxante a rapidement pris une tournure cauchemardesque.


La victime est une comoro-malgache originaire de la région Boinkou à Ngazidja. Elle possède un salon de massage dans le quartier de la Coulée à Moroni. Lorsqu’elle a accepté l’offre du chauffeur de l’étranger, elle pensait être conduite dans un grand hôtel, comme cela lui avait été promis, explique le directeur du Service d’écoute. Cependant, elle s’est retrouvée conduite au domicile du client.Après avoir effectué la séance de massage, la masseuse aurait été retenue contre son gré par l’homme. Selon ses dires, il l’aurait menacée et intimidée, la forçant à avoir des rapports sexuels. « Malgré ses appels à l’aide, personne ne semblait en mesure d’entendre ses cris. Sa vie était en danger, car son agresseur la menaçait en lui affirmant qu’elle ne pouvait rien faire contre lui », poursuit notre interlocuteur.


Le calvaire de cette jeune femme ne s’est pas arrêté là. Elle aurait été séquestrée chez l’agresseur jusqu’au lendemain, subissant à plusieurs reprises « des viols, incluant des actes de pénétration vaginale, anale et orale, ainsi que l’utilisation de gadgets sexuels ». D’après le chef du Service d’écoute, le certificat médical de la victime confirme ces horreurs.

Arnaque ou vérité ?

Dans un acte de désespoir, la victime aurait finalement réussi à s’échapper et a porté plainte à la gendarmerie. Toutefois, l’agresseur lui aurait déclaré que même si elle décidait de parler et de porter plainte, rien ne lui arriverait.Le jeudi 12 octobre, vers midi, après que l’histoire ait fait le buzz sur internet, Al-Watwan a appris que la prétendue victime s’était rendue au poste de gendarmerie accompagnée du directeur du Service d’écoute pour porter plainte. Vers 15h23, nous avons eu la possibilité de contacter le commandant national de la gendarmerie, Tachfine Ahmed, pour connaître le progrès de l’enquête. Ce dernier a répondu avec étonnement, sous le choc, déclarant : «Je ne suis pas au courant d’une telle affaire à mon niveau, cependant, je vais me renseigner et vous recontacter».


Jusqu’à présent, nous n’avons pas reçu de retour. Quelques heures plus tard, tandis que nous étions en train de rédiger l’article tout en poursuivant notre enquête, une source bien informée sur l’affaire nous a confié que l’affaire semblait en réalité être une escroquerie. Malgré les déclarations de la jeune femme prétendant ne pas connaître son client, nous avons par la suite appris qu’il s’agissait en réalité d’une relation de courte durée, motivée par des intérêts financiers. Nous avons en effet obtenu des captures d’écran de leurs conversations, lesquelles révèlent, pour peu qu’elles soient athentiques, une toute autre version de l’histoire.Le 4 octobre, avant leur rencontre, l’homme avait envoyé un message à la jeune femme pour la prévenir de sortir car le chauffeur se trouvait dans le quartier. Selon un ami intime du présumé violeur, «la relation s’était déroulée avec le consentement mutuel » entre eux.


Quelques jours plus tard, la jeune femme aurait réclamé une importante somme d’argent à ce commerçant, prétextant une maladie intime. Celui-ci l’aurait accompagnée chez un gynécologue le 7 octobre 2023 pour une consultation. Le médecin aurait diagnostiqué une infection qui pourrait être traitée dans la capitale. Mais la jeune femme a insisté pour obtenir une grosse somme d’argent pour des soins et un billet d’avion afin de se rendre à Madagascar, son pays d’origine. L’homme aurait refusé de payer le billet, estimant qu’il s’agissait d’une tromperie. C’est à partir de là que l’histoire aurait pris une tournure désagréable, et que la jeune femme aurait décidé de porter plainte pour «nuire à l’image» de son client. Selon notre témoin, un homme, d’origine comorienne qui aurait tenté de soutirer des millions à l’homme d’affaires arabe, serait également impliqué dans cette affaire digne d’un film de d’espionnage. Reste à savoir si le Service d’écoute a été berné par «la victime» ou a participé à «la machination» présumée.

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