Les chiffres demeurent alarmants. Selon le dernier bulletin trimestriel n°21 (avril-mai-juin 2025) publié le jeudi 30 octobre par l’Unicef Comores, 187 cas de violences ont été recensés dans le pays par les services d’écoute des enfants et des femmes victimes de violences, dont 84 cas de violences sexuelles. La majorité des victimes sont des filles, représentant 86 % des cas (161 sur 187), contre 14 % chez les garçons. Les violences sexuelles touchent principalement les filles âgées de 11 à 17 ans, tandis que chez les garçons, les victimes sont souvent âgées de 6 à 10 ans.
Sur les 84 cas de violences sexuelles enregistrés, 79 concernent des filles et 5 des garçons. Les services d’écoute font également état de 14 accouchements de mineures, dont la plus jeune a 15 ans, ainsi que de 26 grossesses suivies au cours du trimestre. Des chiffres qui témoignent d’une réalité dramatique : la banalisation des abus sexuels sur mineures. Les cas de violences sont répartis comme suit : 46 à Ngazidja, 21 à Ndzuani et 17 à Mwali. Ces disparités régionales pourraient, selon le rapport, s’expliquer par la densité de population et la disponibilité des services d’écoute.
Outre les violences sexuelles, le rapport recense aussi des violences économiques, physiques et psychologiques. Les violences économiques concernent majoritairement des femmes adultes, avec 50 cas recensés, révélant une forte dépendance financière et une vulnérabilité face aux abus. Les violences psychologiques, quant à elles, touchent également des hommes adultes, avec quatre cas signalés.Le rapport souligne aussi la situation des personnes en situation de handicap, souvent oubliées dans les statistiques : trois victimes ont été identifiées, dont une fillette de 9 ans victime de violence sexuelle, une adolescente de 14 ans, et une femme adulte victime de violence économique.
Le système judiciaire à l’épreuve
Face à ces violences, la justice reste mobilisée. Le rapport indique que 115 dossiers sont actuellement en cours de traitement, 38 affaires ont été jugées, et 46 victimes ont bénéficié d’un accompagnement psychologique. Cependant, la présence de 21 mineurs en détention inquiète. L’Unicef appelle à une réflexion urgente sur les alternatives à l’incarcération, afin de garantir une prise en charge respectueuse des droits de l’enfant.
Comparé aux trimestres précédents, le nombre de cas ne montre aucun signe de recul. 180 cas avaient été enregistrés au quatrième trimestre 2024, dont 67 violences sexuelles. Ce chiffre est monté à 202 cas au premier trimestre 2025, avant de se stabiliser à 187 cas au deuxième trimestre.Si la légère baisse observée peut sembler encourageante, le nombre de violences sexuelles reste tout de même élevé.


 
                         
                                 
                                