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Violences basées sur le genre I L’Ong Hifadhwi appelle les victimes à «surmonter la peur et à dénoncer les agresseurs»

Violences basées sur le genre I L’Ong Hifadhwi appelle les victimes à «surmonter la peur et à dénoncer les agresseurs»

Société | -   Hamidou Ali

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Dans un entretien accordé à Al-watwan, à l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, la présidente de l’Ong Hifadhwi, Sitti Attoumane, dévoile les statistiques des cas de violences dont les femmes sont victimes pour l’année 2024. Dans ses chiffres, les violences conjugales dominent avec 25 cas sur un total de 68 infractions enregistrées. Sitti Attoumane affirme être satisfaite car «l’impact des actions engagées par son Ong sur le terrain est très positif».

 

Que représente pour vous et votre Ong la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes ?


D’abord, ce n’est pas une journée, mais en réalité ce sont deux journées. En fait, le mois de novembre est marqué par deux évènements. Le 20 novembre, on célèbre la journée internationale des droits de l’enfant, et le 25 novembre, on célèbre la journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes.

Donc, ces 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre sont des journées de mobilisation et de sensibilisation contre toute forme de violence faites aux femmes et aux enfants. Ce sont des journées importantes pour toute personne qui mène des combats quotidiens contre les violences.

Quelles sont les actions spécifiques que vous avez menées cette année à l’occasion de ces journées ?

Nous avons fait des actions de protection et de sensibilisation dans les villes et villages mais aussi dans les marchés. Nous avons organisé des micros-trottoirs, des interventions dans les mariages après, bien sûr, la permission des familles concernées, etc. Nous avons sensibilisé également des élèves dans certaines écoles primaires, sachant qu’à leurs âges, ils sont crédules et une personne malveillante peut les tromper facilement. Cela fait partie de nos activités phares.

Selon vous, quels sont les principaux types de violences subies par les femmes dans notre pays ?
Les femmes, en général, subissent plusieurs sortes de violences : physiques, verbales, économiques, sexuelles et psychologiques.

"L’Ong Hifadhwi a une portée nationale avec un fort ancrage au niveau local, à travers ses antennes. Elle intervient surtout dans les régions les plus défavorisées. Ainsi, nous sommes satisfais, car l’impact de nos actions sur le terrain est très positif et l’Ong gagne une notoriété et du train."

Disposez-vous de statistiques ou d’exemples concrets qui illustrent la gravité de cette problématique ?

Des femmes viennent au siège de l’Ong Hifadhwi pour demander conseils ou savoir comment faire pour porter plainte. Après les avoir écoutés, nous constituons un dossier et nous les orientons vers les services d’écoute. Nous avons donc eu 68 cas, toute infraction confondue, en 2024, avec 25 cas de violences conjugales et 22 cas de violences sexuelle.

Quelles sont les principales barrières qui empêchent les victimes de dénoncer ou de chercher de l’aide ?

Elles ont peur d’être stigmatisés et/ou ignorent l’existence des structures qui pourront les aider.

Quelles initiatives concrètes avez-vous mises en place pour lutter contre ces violences ?

L’Ong organise régulièrement des caravanes de sensibilisation axées sur les violences basées sur le genre (Vbg) dans les régions du pays. Elle implique les communautés, les villes et les villages dans ses activités, notamment dans les écoles, les marchés et les places publiques.

Avez-vous noté des avancées récentes, que ce soit au niveau légal, social ou dans la sensibilisation ?


Au niveau légal, il y a eu une amélioration du cadre juridique s’agissant de la lutte contre les violences faites aux enfants et aux femmes, avec la promulgation du code pénal le 16 février 2021. Ce code a criminalisé les viols.
Le gouvernement comorien s’est engagé dans la lutte contre les Vbg à travers la signature et/ou la ratification de différents instruments juridiques internationaux de protection des droits humains. Au niveau social, les victimes dénoncent de plus en plus leurs agresseurs.

Quels sont vos partenariats, nationaux et internationaux, qui vous accompagnent dans vos actions ?
L’Ong a noué des partenariats avec d’autres Ong de la diaspora et de la région de l’Océan indien, à l’exemple de SOS de Maurice et C-FOR-C de Madagascar, mais aussi des associations locales.

Comment évaluez-vous l’impact de vos actions sur le terrain ?

L’Ong Hifadhwi a une portée nationale avec un fort ancrage au niveau local, à travers ses antennes. Elle intervient surtout dans les régions les plus défavorisées. Ainsi, nous sommes satisfais, car l’impact de nos actions sur le terrain est très positif et l’Ong gagne une notoriété et du train.

Quelles recommandations feriez-vous aux autorités publiques pour améliorer la lutte contre les violences faites aux femmes ?

Vous savez, les moyens financiers de la société civile sont très limités. Nous souhaitons alors que l’Etat lui attribue une ligne budgétaire afin de leur permettre d’accomplir leur mission.

Quel message souhaitez-vous adresser aux victimes et à la société en général ?
L’Ong demande à la population et particulièrement aux victimes de surmonter la peur et de dénoncer les agresseurs.

Comment la population peut-elle soutenir votre Ong ou participer activement à cette lutte ?
La population peut soutenir l’Ong Hifadhwi en menant des séances de sensibilisation contre les violences, en encourageant les victimes de violences à briser le silence, en bannissant les mariages précoces et le règlement des cas de violences à l’amiable au détriment des victimes.

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