Les Comores ont célébré une nouvelle édition de la marche pacifique organisée depuis 2012 par l’Ong Hifadhwi, avec l’appui de nombreuses associations dédiées à la défense des droits humains « dans une ambiance empreinte de solidarité et de dignité humaine ». Un événement devenu « incontournable », selon les organisateurs qui rappelle que « les droits des enfants et des femmes demeurent un enjeu fondamental pour la société comorienne ».Cette mobilisation intervient dans le cadre de deux dates symboliques, à savoir le 20 novembre, journée internationale des droits de l’enfant et le 25 novembre, journée internationale pour l’élimination de la violence faite aux femmes. Deux rendez-vous mondiaux que le pays marque avec force pour «rappeler que chaque enfant, fille ou garçon, a droit à la protection, à l’éducation, à la santé, ainsi qu’à un avenir sécurisé et sans discrimination».Lors de cette marche citoyenne de ce samedi 29 novembre, qui a démarré au Lycée Said Mohamed Cheikh pour finir à la place de l’indépendance, il a été souligné que «les violences faites aux enfants et aux femmes demeurent une réalité préoccupante : abus physiques, psychologiques et sexuels, mariages précoces ou forcés, ainsi que toutes formes de discriminations sociales ». Autant de fléaux qui entravent le développement du pays et compromettent l’avenir des jeunes générations.
Le gouvernement comorien, à travers le ministère de la promotion du Genre, a réaffirmé son «engagement à garantir la protection et le bien-être des enfants en renforçant les lois et les programmes éducatifs, en luttant sans relâche contre toutes les formes de violence faites aux femmes, en soutenant les victimes, en sanctionnant les auteurs et en travaillant main dans la main avec les associations, les communautés et les partenaires internationaux afin de bâtir une société plus juste et égalitaire ». L’association Hifadhwi a été saluée pour son travail constant en faveur de la prévention, de la sensibilisation et de l’accompagnement des victimes. Son engagement est considéré comme un pilier essentiel dans la défense des droits humains aux Comores. Les partenaires techniques et financiers ont eux aussi été remerciés pour leur soutien continu, faisant de cette journée un acte fort d’unité et d’action collective.
Dire « Non » : un message au cœur de la marche
La marche a porté un message simple mais puissant. «Non à la violence. Non à l’impunité», a clamé haut et fort la ministre de la promotion du Genre, Fatima Ahamada, selon qui, ce rassemblement rappelle que chaque citoyen a le devoir de dire non à l’injustice et de choisir la paix. «Marcher pour les enfants et les femmes, c’est agir pour construire un pays où les droits sont respectés, protégés et garantis pour tous», a-t-elle souligné.Les autorités ont encouragé la population à continuer de marcher, non seulement dans les rues, mais aussi dans les consciences. L’objectif est clair. «Faire en sorte que chaque enfant et chaque femme puissent vivre dans la dignité, la paix et la sécurité». Les droits de l’enfant, la lutte contre les violences faites aux femmes ont été mis à l’honneur dans le message final adressé aux participants. «Aujourd’hui, notre marche n’est pas seulement un déplacement physique, c’est un mouvement collectif vers une société où chaque femme, chaque fille, peut vivre sans peur et sans violence. La lutte contre les violences basées sur le genre est un combat quotidien, mais c’est ensemble, unis et déterminés, que nous pouvons faire reculer ces injustices qui détruisent des vies, des familles et des communautés entières », a déclaré Dr Boni-Ouattara Edith, cheffe de bureau de l’Unfpa.
Zayone Yahaya, artiste engagée du projet «Mwendo wa dzihiro», a pris la parole pour encourager les victimes à sortir du silence. « Aujourd’hui, je veux dire à toutes celles et ceux qui ont subi des violences que votre voix compte. Brisez le tabou, osez dénoncer les auteurs. Personne ne doit porter seul ce fardeau. Ensemble, nous pouvons mettre fin à ces violences», a déclaré celle qui n’a pas eu peur de parler de son histoire de viol subi à l’âge de onze ans.
