Le Service d’écoute et de protection des enfants et des femmes victimes de violence de Ngazidja vient de livrer son bilan annuel. A la lecture des chiffres, 2018 reste une année particulièrement noire puisque 255 cas de maltraitance et d’abus d’enfants ont été recensés. Une triste réalité qui est d’autant plus alarmant puisqu’au 1er octobre dernier, le Service d’écoute avait enregistré 193 cas.
Deux mois plus tard, ce sont 162 autres cas qui sont venus s’ajouter aux 193 recensés depuis le début de l’année pour arriver à 255 cas au 25 décembre. Un record puisque jusqu’ici le service d’écoute s’était arrêté à 219 cas et c’était en 2012.
En analysant minutieusement les données, ce sont les filles âgées entre 11 et 17 ans qui sont les plus touchées puisqu’on y recense 128 cas soit 90 agressions sexuelles, 18 grossesses, 2 mariages précoces, 6 agressions physiques et 12 maltraitances économiques. Et comme si cela ne suffisait pas, 10 agressions sexuelles et 14 actes de maltraitances économiques ont été enregistrés sur des petites filles de 0 à 5 ans. Quant aux 6-10 ans, 24 d’entre eux ont subi des agressions sexuelles, 8 des maltraitances économiques et 2 des agressions physiques.
Les filles âgées de plus de 18 ans ne sont plus épargnées : 3 agressions sexuelles, 2 grossesses, 11 agressions physiques.
Justice laxiste
Les petits garçons aussi sont victimes de ces actes barbares. 4 d’entre eux âgés de 6 à 10 ans ont été agressés sexuellement, trois d’entre eux ont dû faire face à des travaux forcés et 15 ont subi des maltraitances économiques. Il en est de même avec les 0 à 5 ans : 1 agression sexuelle, 1 agression physique et 17 maltraitances économiques.
Quant aux 11-17 ans, trois autres ont subi des agressions sexuelles, deux ont subi des agressions physiques et 7 des maltraitances économiques. En tout ce sont les jeunes filles qui sont les plus touchées soit 202 personnes. En tout, 53 garçons sont victimes des mêmes cas de maltraitances.
Au-delà des chiffres, ce sont les attitudes que dénoncent les différents responsables des Ong luttant contre les violences faites aux femmes et aux enfants. Mdradabi Mziarani, chef du Service d’écoute revient notamment sur les arrangements à l’amiable qui tendent, selon lui, à culture d’impunité qui aggrave davantage la série noire des agressions sexuelles sur les mineurs.
Une femme de 30 ans a, par exemple, perdu sa grossesse, des jumeaux, à cause des coups de son mari. La femme ayant refusé de porter plainte «car elle ne sait pas qui va s’occuper de ses sept enfants».
Dans le même temps, la justice est pointée du doigt car jugée «laxiste» dans certaines affaires. Il n’est en effet pas rare de voir des agresseurs sortir de prison sans avoir purgé leurs peines ou même sans avoir été jugés. Et là aussi, cette impunité n’est pas vue d’un bon œil par les Ong qui voient y travailler pour rien.
Les Ong joignent ainsi leurs efforts pour être plus efficaces et des formations à l’endroit des femmes sont régulièrement dispensées pour faire face à ce fléau qui touche toutes les catégories sociales.
Des mesures qui
attendent toujours
A cela s’ajoute des tournées régulières dans les localités et les écoles de l’île. De son côté, le gouvernement promet de s’impliquer davantage. «Ce combat engagé va se traduire par la réalisation d’actions urgentes, notamment : le renforcement des institutions aussi bien étatiques qu’associatives chargées de la promotion et de la protection de l’enfant ; le renforcement des cellules d’écoute et de référence des victimes de violences envers les enfants dans les trois îles et le renforcement du cadre juridique de prévention et de prise en charge des violences envers les enfants», annonçait alors la secrétaire générale du ministère de la santé, Maissara Adam, lors de la célébration de la journée mondiale de l’enfant, le 20 novembre dernier à Ipvembeni.