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Violences faites aux femmes | Fatima fait une fausse couche dans un contexte de violences conjugales

Violences faites aux femmes | Fatima fait une fausse couche dans un contexte de violences conjugales

Société | -   Faïza Soulé Youssouf

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Au début du mois, Fatima, alors enceinte, a fui son foyer pour se réfugier à Fomboni. Son mari, connu pour sa violence, l’a retrouvée et l’a forcée à retourner à Miringoni. Le 18 février, le verdict est tombé : enceinte de jumeaux, elle a perdu ses bébés, vraisemblablement à cause des violences subies. Outre son mari, deux gendarmes seraient également impliqués. L’affaire a été confiée à la police.

 

 Le 18 février, Fatima (le prénom a été modifié) est admise à l’hôpital de Fomboni à Mwali. Elle est enceinte depuis deux mois. Elle porte des jumeaux. Mais ce jour-là, le gynécologue constate le décès des embryons qu’elle portait. Fatima, toutes les sources sont formelles, est une victime de violences conjugales.En outre, toutes les personnes interrogées semblaient dire que la femme a fait une fausse-couche, à la suite de ces violences. L’enquête devra situer les responsabilités. 

L’affaire débute il y a une dizaine de jours. Fatima, âgée d’une trentaine d’années et domiciliée à Miringoni, fuit le foyer conjugal. Elle trouve alors refuge dans la capitale mohélienne. Une source autorisée fait savoir que Fatima, épileptique, avec une déficience mentale, subit très régulièrement les assauts violents de son mari. « Chaque fois qu’elle essaie de partir, elle subissait des pressions pour qu’elle reste dans son foyer. Son mari jurait qu’il ne le referait plus. Mais il ne changeait pas ».

La jeune femme fuit donc à Fomboni. Une accalmie qui dure quelques jours mais son mari, gardien de son état, finit par la retrouver. A ce niveau du récit persistent des zones d’ombre.Selon cette source du service d’écoute, l’époux violent s’est rendu dans la maison dans laquelle s’était cachée Fatima en compagnie de deux gendarmes. « Les trois hommes l’ont rouée de coups avant de la ramener à Miringoni », raconte-elle de façon succincte.

Le procureur de la République de Fomboni, joint au téléphone mercredi après-midi, a confirmé que Fatima est bien victime de violences conjugales. « L’époux l’agressait physiquement et sexuellement alors même qu’elle était enceinte », a indiqué Djaffar Mouhoudhoir. En revanche, il est plus prudent concernant son agression physique présumée par des gendarmes. « Quand il a su où se cachait sa femme, il a demandé l’aide de la brigade de la recherche. C’est en compagnie de deux agents que l’époux a ramené son épouse à la gendarmerie », rapporte le parquetier. Mais une fois au poste, l’on décide que l’affaire doit être réglée par un cadi. « Dans le bureau du cadi, la jeune femme fait un malaise. Elle est transportée à l’hôpital où elle reste 3 jours avant de retourner à Miringoni », explique le magistrat. « Les agents de gendarmerie nient avoir levé la main sur la victime à la brigade », indique le procureur. 

« Je veux de la transparence dans cette affaire. Puisque des gendarmes sont mis en cause, l’enquête devra être menée par la police », déclare le commandant de la gendarmerie, Tachfine Ahmed, joint au téléphone ce jeudi matin. « La victime, dieu merci est vivante, elle pourra révéler dans quelles conditions s’est déroulée son interpellation par les gendarmes. Si elle a été violentée au moment de l’interpellation ou dans le bureau du cadi, dans lequel elle a fait un malaise », s’interroge-t-il. « S’il s’avère que des gendarmes sont impliqués, ils devront en payer le prix », assure-t-il. La victime, en situation précaire, « manquerait de fonds pour effectuer le curetage », dit-on de source autorisée.

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