En marge de la journée internationale des droits des femmes célébrée traditionnellement le 8 mars, une rencontre entre le commissariat national à la solidarité, à la protection sociale et à la promotion du Genre et différents hatub de Ngazidja, a été organisée samedi dernier au Retaj.Cet atelier qui aura duré plus de cinq heures de temps, avait pour but de sensibiliser les hatub sur le rôle majeur qu’ils peuvent jouer dans l’application des textes visant à protéger l’enfant et la femme. “Il n’y a point de conflit entre les lois islamiques et les autres lois en vigueur dans notre pays”, devait rassurer le secrétaire général du Muftorat, Ismaël Aliamane.
Vulgariser les textes
La méconnaissance des lois a été soulevée par le Service d’écoute et est considérée comme étant l’un des facteurs qui compliquent leur application. De ce fait, un recueil englobant les différents textes portant protection des enfants et des femmes en Union des Comores a été remis aux hatub. Concepteur du recueil, Me Azad Mze a pris soin de livrer certains droits, basiques soient-ils, auxquels les enfants doivent aspirer. “Bien avant sa naissance, l’enfant a un droit, celui d’avoir des parents qui peuvent lui offrir une éducation digne de ce nom”, a fait savoir, dans un premier temps, l’avocat au barreau de Moroni.
Pour rester dans le thème de la religion, Me Azad Mze propose de revoir le système éducatif, estimant que l’école coranique doit avoir les mêmes droits que l’école française. “En réalité, le système scolaire apprend à lire et à écrire, mais il n’inculque pas vraiment des valeurs d’éducation”, a-t-il déclaré avant de se prononcer sur les mariages précoces, affirmant que “la maturité spirituelle doit primer sur la maturité corporelle chez les filles qui ont moins de 18 ans”. S’agissant des droits des femmes, Me Azad Mze a beaucoup insisté sur la question de la répudiation. Pour lui, il faudrait en finir avec “les répudiations brusques et brutales”, car cela “doit se faire impérativement devant un cadi”.
Mais pour de nombreux hatub, l’impunité des actes d’agressions ou de violences, serait l’origine de la banalisation de faits de violences faites aux femmes ou aux enfants. “Il n’y a pas de mauvaise loi, il n’y a que des déviants. Mais ces derniers sont encouragés par l’impunité dont peuvent, parfois, faire preuve les instances juridiques”, a déclaré le hatub Youssouf Mhoma. Sur l’année 2021, le coordinateur chargé du protocole du Muftorat, Mohamed el-Fatih, a affirmé qu’il y aurait eu “194 actes de violences sur des enfants de moins de 18 ans”.
Pour y remédier, il a avancé certaines propositions, notamment celle d’avoir “une cérémonie unique dédiée aux femmes et aux enfants tous les vendredis, mettre les hatub au premier rang de la lutte contre les violences, identifier le fond du problème à travers des statistiques qui définissent quel secteur accuse plus de viol ou encore renforcer les écoles coraniques”.
Housni Hassani, stagiaire