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Viols sur mineurs I La castration des violeurs est-elle la solution ?

Viols sur mineurs I La castration des violeurs est-elle la solution ?

Société | -   Faïza Soulé Youssouf

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Il y a une semaine, la gouverneure de Ngazidja, Mhoudine Sitti Farouata, en réunion avec des membres de la société civile, a annoncé prôner la castration chez les auteurs des viols sur mineurs. Une proposition présentée comme pouvant être la solution ultime contre le viol sur les enfants. Si un juriste n’est pas contre cette idée, d’autres estiment que cette proposition est «inhumaine et dégradante».

 

Ces dernières semaines, la question du viol sur mineurs a pris des proportions inquiétantes. Et de fait, quasiment tous les jours, surgissait sur les médias et autres réseaux sociaux, l’abus d’un adulte sur un (e) mineur(e). L’opinion publique s’est emparée de l’affaire, poussant les autorités à se prononcer sur cette question majeure.

La solution ultime

C’est dans ce contexte que le gouverneur de Ngazidja, Sitti Farouata Mhoudine, lors d’une réunion avec la société civile qui s’est tenue à Mrodjuu, siège du gouvernorat, a tout bonnement prôné «la castration chez les auteurs de viols sur mineurs» pour lutter contre la recrudescence des viols sur des enfants. C’était le 21 juillet dernier. Cette proposition est présentée par certains comme la solution ultime à ce fléau. Yhoulam Athoumani, juriste, attaché temporaire d’enseignement et de recherche, est d’accord avec cette proposition mais prend le soin d’y émettre des conditions. «Nous voyons très bien que dans les faits, la loi laisse apparaitre des insuffisances, si l’on veut éradiquer ce fléau social. Il est donc clair que l’on doit aussi envisager d’instaurer d’autres mécanismes pouvant compléter les peines existantes en la matière. Pourquoi ne pas instaurer la castration ? Celle-ci doit en revanche, être faite de manière objective en vue de lutter contre ce fléau et sa mise en place ne doit pas méconnaitre les droits de l’homme».


Me Abdoulbastoi Moudjahidi, avocat au barreau de Moroni, n’est clairement pas du même avis que Yhoulam Athoumani. «La castration est une méthode barbare, une peine cruelle et inhumaine. Le but de la peine, au pénal, consiste à protéger l’ordre public du trouble causé par l’infraction et permettre une réinsertion du fauteur. Castrer déshumanise et rend impossible une réinsertion de l’auteur de l’infraction», a-t-il plaidé. Me Abdou Elwahab Msa Bacar va dans le même sens que son confrère. «Pour moi, il ne s’agit pas d’une solution d’autant que c’est une peine supplémentaire qui est en rupture avec les droits élémentaires de la personne humaine. C’est une peine inhumaine et dégradante», a-t-il soutenu.

Pas besoin d’un nouvel arsenal répressif mais l’application stricte de la loi

Aussi, la vraie solution, selon Me Abdou Elwahab, passe par «l’application stricte de la loi, à partir de mesures préventives aux peines définitives».
Najda Said Abdallah, présidente de l’association Mwana Tsiwa Mdzima, partage la même opinion que l’homme de loi. «Il serait plus judicieux d’exiger du parquet qu’il respecte simplement et applique fermement la loi Mourad qui a criminalisé le viol. Si la loi était respectée par ceux censés la faire respecter, nous n’en serions pas là aujourd’hui», a-t-elle fait remarquer.
Dans le même ordre d’idées, Me Abdoulbastoi Moudjahidi explique qu’il n’est pas question de voter de nouvelles lois mais d’appliquer celles existantes. «En ce qui concerne le volet répression des infractions de viol sur mineurs, je proposerais l’application stricte de la loi. Nous n’avons pas besoin d’un nouvel arsenal répressif. 20 ans de prison pour un violeur d’enfants est largement suffisant pour préparer la réinsertion du criminel et permettre à la victime de se reconstruire, à l’abri de son violeur. Je demanderais également que ces viols soient jugés en cour d’assises comme prévu par le législateur», a expliqué notre interlocuteur.


Pour Ufahari Wa Komor, collectif féministe, «la formation des magistrats et des policiers est d’importance. Si ces derniers ne comprennent pas ce qu’est un viol, ce qu’est la pédophilie, qu’un mineur ne peut jamais consentir, comment peuvent-ils faire justice aux victimes de ces crimes ? «. Mais au-delà du volet pénal, le collectif recommande fortement ceci : «mettre des mots sur des maux est plus qu’important : apprendre aux enfants à nommer leur sexe, qu’ils peuvent parler en toute confiance aux parents et à leur entourage, que le corps d’un enfant ne soit pas source de désir, que l’on comprenne enfin que le violeur n’est pas à la recherche d’un désir sexuel à satisfaire mais que c’est une question de domination de la victime. Ce n’est pas qu’une question judiciaire, c’est une affaire qui concerne la société dans toutes ses composantes».

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