Le commandant de la gendarmerie nationale a organisé hier mardi 19 août un hitma (lecture intégrale du Coran) pour se laver de tout soupçon suite à la publication sur la blogosphère des vocaux dont la voix ressemble à la sienne. L’officier supérieur de l’And s’en est ainsi remis à Dieu au terme de cette séance religieuse qui a eu lieu à son domicile, jurant que les paroles compromettantes ne viennent pas de lui mais «d’individus souhaitant semer la mésentente» au sein de l’institution militaire.

«Ce n’est pas moi, je le jure»

«Moi, colonel Tachfine, commandant de la gendarmerie, je vous ai appelé ce jour pour me laver de tout à travers ce hitma suite aux allégations faites à mon encontre. Comme vous l’avez entendu dire sur les réseaux sociaux, tout ce qui est relayé et partagé, ce n’est pas moi, je le jure. Cela ne me ressemble pas», a ajouté l’officier. «Il y a des individus qui ont organisé cette opération dans le seul but de semer la zizanie dans l’armée, porter atteinte à l’image et à l’honneur de mes supérieurs, c’est pourquoi j’ai décidé de me tourner vers le Grand Seigneur pour implorer sa grâce comme il nous l’a toujours recommandé».

Un militaire contacté hier après-midi par Al-watwan confirme «une possible hypothèse de vouloir semer un climat de division au sein de l’armée », précisant que «les deux hommes (le commandant Tachfine et son supérieur, ndlr) se vouent un estime, respect et confiance mutuels depuis des années». À la question de savoir les possibles motivations de ces «auteurs», cet officier, proche du haut commandement militaire, a refusé de répondre de manière expressive. «Il y a une enquête ouverte, on le saura. Mais je sais qu’il n’y a aucun différend entre le colonel Tachfine et mon chef, le général, rien et rien, ça je vous le confirme », a-t-il mentionné.

Tachfine Ahmed, très remonté, cible ceux qui s’adonnent à partager et à commenter ces documents sonores et souhaite, à travers sa demande divine, que «les auteurs de ces vocaux soient vite démasqués». Le commandant de la gendarmerie dit, par ailleurs, ignorer la possible provenance des audio. «Je ne sais aucunement d’où viennent-ils. Mais ceux qui les ont relayés savent bien ce qu’ils font. Ce sont des gens animés de mauvaises intentions dont l’objectif est de créer un climat de mésentente au sein de l’armée et entre les officiers chargés de la Défense et de la Sécurité du pays», a encore une fois affirmé le colonel.

Un réseau de narcotrafiquants

Selon nos informations, l’enquête en vue «d’identifier » la provenance de ces vocaux se poursuit encore avec «une possible coopération judiciaire avec des pays tiers ». À ce jour, «des investigations techniques approfondies sont actuellement en cours afin d’identifier le ou les auteurs de cette manipulation. Des pistes très sérieuses existent», indique notre source. «La coopération avec des pays partenaires qui disposent de moyens techniques modernes et plus élaborés sera mise en œuvre afin de permettre la localisation et l’identification des auteurs de cette odieuse manipulation», a-t-on indiqué. Le procureur de la République, Abdou Ismail, se fondant sur «un rapport technique d’expertise», a confirmé que « les vocaux ont été générés par l’intelligence artificielle (IA) », promettant de poursuivre toujours l’enquête ouverte. «Elle va se poursuivre», a-t-elle confirmé.

Cette affaire intervient après le démantèlement d’un réseau présumé de narcotrafiquants qui agissent depuis la France, selon un douanier de l’aéroport de Hahaya. «Une enquête d’envergure est menée depuis le mois d’Avril 2024 de cette année. Elle a permis de démanteler un réseau spécialisé dans l’importation de produits stupéfiants et dans le blanchiment de capitaux. Des individus ont été interpellés et des véhicules de luxe saisis», nous dit une source judiciaire. Celle-ci précise que «depuis septembre 2024, 70kg de drogue ont été saisis par les services des douanes ».

Un ressortissant franco-comorien, Abderrahmane Mourad, cité dans les vocaux, a mystérieusement disparu des radars, le 27 juillet dernier, après son hospitalisation au Service de santé militaire (Ssm). La gendarmerie avait aussitôt lancé un avis de recherche. «Le détenu qui s’est récemment évadé et répondant au nom de Mourad est un membre actif de ce réseau des narcotrafiquants », confirme un brigadier. Y-a-t-il des motivations politiques ou un lien entre le démantèlement de ce réseau de narcotrafiquants et les vocaux largement partagés sur les réseaux sociaux ? Difficile d’apporter des réponses faute de données et d’informations précises. À suivre…