A moins de six mois des élections présidentielles et gubernatoriales, les Comoriens résidant à l’extérieur du pays réclament déjà leur droit de vote. Cette bataille est menée par deux avocats franco-comoriens : Saïd Larifou et Maliza Youssouf Saïd. Le premier a adressé une sommation interpellative au président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), pendant que sa consœur, s’est tournée vers la section constitutionnelle et électorale de la Cour suprême.
«Conformément aux dispositions constitutionnelles»
A la haute juridiction, Me Maliza a formulé pas moins de trois revendications : elle demande d’abord aux juges de reconnaître et d’affirmer le droit de la diaspora comorienne à participer pleinement et effectivement aux prochaines élections, conformément aux dispositions constitutionnelles et au Code électoral. Dans sa requête, consultée par Al-watwan, elle demande, par ailleurs, que des mesures soient prises par les autorités compétentes pour garantir l’inscription des citoyens comoriens résidant à l’étranger sur les listes électorales. Les mêmes efforts sont réclamés pour assurer l’organisation des bureaux de vote à l’étranger et permettre aux concitoyens qui vivent à l’extérieur d’accomplir leurs droits civiques, depuis l’étranger, aux prochaines échéances électorales prévues en janvier 2024.
Depuis plusieurs années, la diaspora, qui constitue un grand réservoir de voix, national, milite pour qu’elle soit en mesure de voter. Sauf que jusqu’à nos jours, tous les gouvernements qui se sont succédé à la tête du pays, n’ont jamais favorisé l’aboutissement du processus. Parmi la myriade de textes, sur lesquels elle s’est appuyée, Maliza a énuméré la constitution de 2018 et le nouveau code électoral, promulgué l’année dernière, qui précise même les modalités d’organisation du vote en dehors du territoire national.
«Un grand réservoir de voix»
L’article 12 de la loi fondamentale dispose que « les citoyens comoriens résidant ou se trouvant à l’étranger jouissent des droits, des libertés et des garanties consacrés dans la Constitution, et sont soumis aux devoirs qui y sont fixés à condition qu’ils ne soient pas incompatibles avec leur absence du territoire national ».
Cette disposition n’a pas été respectée dans toute sa teneur. Ainsi, la Ceni a lancé l’opération de recensement et de révision du fichier électoral, qui a duré plus d’un mois, sans penser aux concitoyens de l’étranger dont le poids économique et culturel ne cesse de grandir. Pour ces milliers de raisons, Me Maliza Youssouf Saïd a jugé urgent de saisir la chambre constitutionnelle. «Mon action de ce jour, n’est qu’un rappel, qui n’aurait pas été nécessaire si le droit avait été respecté. C’est une démarche mûrement réfléchie et entreprise au moment jugé opportun pour interpeller la Cour et le grand public sur cette question fondamentale.
La diaspora ne réclame qu’une chose, notamment, le respect de ses droits, garantis par la Constitution et le Code électoral en vigueur », insiste-t-elle, relevant que des consultations et des tractations diplomatiques en vue de résoudre le problème ont été engagées bien avant le lancement des opérations d’enrôlement des électeurs. « Le timing du dépôt de la requête visait précisément à souligner l’urgence et l’importance de la question après que le processus de recensement ait été lancé. En l’engageant avant, il y avait un risque que la question se dilue dans les nombreuses étapes préliminaires de l’élection », s’est-elle justifiée, lorsqu’on lui a demandé les raisons pour lesquelles elle a attendu jusqu’à maintenant pour engager une telle procédure.
Mais ce combat, l’avocate n’est pas seule à le mener. Me Larifou Saïd a lui aussi envoyé, le 20 août dernier au président de la Ceni, une sommation interpellative pour réclamer l’inscription des Comoriens de l’extérieur sur les listes électorales.Ces démarches ont-elles une chance d’aboutir à 5 mois de la campagne électorale ? « Le temps est certes un facteur à considérer, mais il est aussi un levier pour accentuer l’importance et l’urgence de la question. L’approche des échéances peut inciter à une action rapide, face à l’imminence de ces élections», a répondu Maliza. Al-watwan a essayé d’avoir une réaction du ministère chargé des élections, sans succès.