Face à ce constat alarmant, le ministère de l’Intérieur a annoncé, la semaine dernière, l’interdiction de ce type de véhicules à partir de janvier 2018. Cette mesure n’est pas une première. Déjà, en 2004, un arrêté ministériel portait interdiction l’importation des véhicules avec volant à droite.
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“Sur un parc automobile avoisinant les 10.000 immatriculations”, “200” étaient des véhicules réservés à des pays où la conduite est fixée à gauche (Source mwendje.net, octobre 2010). Le service des douanes, faute de “note spécifique”, n’en avait pas suspendu l’importation, et leur nombre a aujourd’hui explosé.
Au point qu’il semble impossible de tous les retirer de la circulation. Et c’est sans doute pour cela que le gouvernement entend, dans un second temps, acquérir un “kit de reconversion” du volant à gauche. Mais encore faut-il que les automobilistes concernés consentent à effectuer les modifications nécessaires.
L’idée du kit de reconversion est plutôt bien accueillie par Omar Houmadi, propriétaire d’une Toyota Corolla munie d’un volant à droite. “Il vaut mieux cela, plutôt que de laisser dépérir nos voitures”, concède cet ancien conducteur de poids lourd. Ce dernier se dit même disposé, s’il le faut, à payer les frais nécessaires à la modification.
Ce qui n’est pas le cas de tout le monde. Un taximan, conducteur d’une Vitz, accepte l’idée du kit mais refuse néanmoins d’en assumer les charges.
S’ils se chargent des techniciens et des frais de reconversion, alors pourquoi pas, laisse-t-il entendre.
Abdourahmane Mahmoud, autre taximan, rejette, lui, purement et simplement toute idée de reconversion du volant. Cela, dit-il, “affaibli le véhicule”. Tous trois, cependant, sont d’accord sur un point : ces véhicules auraient dû être interceptés dès leur arrivée aux douanes. Maintenant qu’ils les utilisent comme moyens de travail, on ne peut prétendre les leur retirer.
Danger permanent
Deux conducteurs de taxis avec volant à gauche, sur les trois que nous avons interrogés, affirment ne percevoir aucun désagrément à rouler entourés de véhicules avec volant à droite. Le troisième, Mohamed Athoumani, qui travaille sur la ligne Mvuni-Moroni, pointe du doigt spécialement les Vitz.
Souvent, dit-il, “les chauffeurs ne maitrisent pas leur véhicule et il vaut mieux, à leur rencontre, s’écarter davantage afin d’éviter tout risque de collision”. Accusations que rejette en bloc un des conducteurs visés.
“Ce ne sont pas les Vitz seulement qui gênent la circulation. Tous types de véhicules sont concernés”, s’agace-t-il.
Le commandant de Groupement de la gendarmerie nationale, Ramadani Mdahoma, reconnaît à ce propos des insuffisances dans le code de la route comorien. Il cite entre autres le stationnement gênant, le port obligatoire de la ceinture de sécurité et l’excès de vitesse.
“Il arrive que des individus roulent à 160 Kilomètres heure en agglomération, là où la vitesse maximum est limitée à 60 Kilomètres heure.” Le code de la route utilisé actuellement daterait de 1968, bien “avant l’indépendance”. “Il n’est pas adapté à la réalité actuelle.” Bien que révisé dernièrement, il n’est toujours pas entré en vigueur.
Le commandant Ramadani concède que les infractions au code de la route ne se réduisent pas aux seuls véhicules avec volant à droite. Cela dit, il constate un risque élevé d’accident avec ce type de véhicule.
Dans un véhicule avec volant à droite, la visibilité est réduite. Les manœuvres, dans les dépassements surtout, deviennent plus compliquées. Le conducteur ne voit pas les véhicules qui viennent en sens inverse. D’où un risque multiplié de collision, explique-t-il.
Le tableau des accidents de l’année 2017, qui inclue les véhicules avec volant à droite, n’a pas été publié. Il nous est donc impossible, pour le moment, de donner des chiffres sur l’implication de ces derniers dans les accidents de la route. Toujours est-il que le danger est évident.