Le président de la République a demandé hier mardi 7 janvier aux medias, aux journalistes en particulier, à jouer pleinement leur rôle dans l’éducation de la société et la défense des valeurs du pays à l’occasion de la traditionnelle cérémonie de présentation des vœux 2025 organisée au Palais présidentiel de Beit-Salam. La séance a eu lieu en présence du président du Conseil national de la presse (Cnpa), Dr Aboubakari Boina, des directeurs généraux de l’Ortc et d’Al-watwan, Hablani Assoumani et Karimou Abdoulwahabi, de responsables des medias privés, du président du syndicat des journalistes, Ahmed Bacar et du doyen de la presse comorienne Ali Djaé.
Les droits et les devoirs des journalistes
Aux côtés de son épouse, Ambari Darouech, le chef de l’Etat a reconnu le rôle éminemment central des medias dans un pays et leur impact sur l’évolution d’une société. «On dit souvent que les medias sont le quatrième pouvoir, moi je dirai plutôt qu’ils sont le premier pouvoir», a-t-il souligné avant de s’interroger sur le délitement d’une presse comorienne qui fait face aujourd’hui à d’innombrables défis professionnels, financiers, technologiques et numériques.
Azali Assoumani a plaidé, dans son message, en faveur « d’une presse libre au service de la paix et du développement » dans le pays. « Vous, acteurs de la presse et des médias, avez aussi, la responsabilité importante, de protéger ces biens précieux de la paix civile, de la stabilité et de la cohésion nationale, dans l’information que vous véhiculez, et la communication que vous faites », a-t-il dit, rappelant encore la nécessité de promouvoir un journalisme de solutions face aux besoins immenses de transformation du pays.
Le président souhaite que la presse soit encore et toujours un levier incontournable dans la promotion de l’image du pays et qu’elle apporte une analyse fine de la société en contribuant à la préservation des valeurs de paix et de cohésion. Et en accompagnant le pays à mieux se transformer et à répondre aux préoccupations de la société. «Vous, acteurs de la presse et des médias, avez aussi, la responsabilité importante, de protéger ces biens précieux de la paix civile, de la stabilité et de la cohésion nationale, dans l’information que vous véhiculez, et la communication que vous faites», a-t-il indiqué.
Le président n’a pas manqué de souligner «les manquements avérés » dans la profession, surtout sur les réseaux sociaux, appelant à une plus grande discipline dans l’exercice du métier. Il s’est surtout inquiété des écarts de langage et du comportement de certains qui agissent en roues libres, précisant que la liberté d’expression n’autorise pas tout. «Vous avez des droits mais n’oubliez pas aussi que vous avez des devoirs», a-t-il d’abord rappelé. «La profession de journaliste suppose certes, des droits qui doivent être respectés mais aussi et surtout des devoirs que le journalise doit accomplir, ne serait-ce que pour protéger son métier», a-t-il souligné, appelant les professionnels à se liguer contre ceux qui dévoient la profession.
Des avancées grâce à la carte de presse
« Le métier de journaliste est un métier noble, qui ne doit être ni malmené, ni caricaturé et ni remis en cause. L’amateurisme qui bafoue quotidiennement les obligations déontologiques doit ainsi laisser la place à une presse dynamique, rigoureuse, constructive et à la hauteur des défis posés par le numérique, et les fake-news », a souligné Azali Assoumani, insistant que ce sont les journalistes eux-mêmes qui devraient entre en première ligne pour défendre leur propre métier. «Il vous appartient de veiller au professionnalisme, au respect de la déontologie et d’être à la hauteur des défis technologies et numériques, pour garantir un meilleur avenir à votre profession ».
Sur ce point, le chef de l’Etat s’est félicité du processus d’attribution de la carte de presse initié par le Cnpa au mois de juin dernier et qui a abouti à la certification des journalistes professionnels après deux sessions d’examen des dossiers des demandeurs de la carte. «Le processus d’attribution de la carte professionnelle de presse, lancé en 2024, constitue une avancée significative qui valorise le métier de journaliste dans notre pays. Nous saurons désormais, qui est journaliste et qui ne l’est pas. C’est un grand pas qui a été franchi», a indiqué Azali Assoumani, se disant «ouvert aux propositions, qui vont dans le sens de la reconnaissance et de la professionnalisation de la presse comorienne».
Le président du syndicat des journalistes, Ahmed Bacar, a soumis une liste de doléances au président de la République au premier rang desquels la création d’un fonds d’appui aux medias, la revalorisation des salaires des journalistes, la création d’un treizième mois pour les journalistes, l’accompagnement de la mutuelle de santé expérimentée avec succès depuis deux ans mais dont la pérennité demeure problématique.
Au sujet du fonds d’appui, le numéro un du syndicat a solennellement demandé sa mise en place. « Nous nourrissons l’espoir que notre génération, encore en vie, aura la chance de bénéficier de cet appui tant attendu. Quoi qu’il en soit, nous ne cesserons jamais de le revendiquer, car il s’agit d’une nécessité pour la survie et le développement de la presse dans notre pays », a-t-il indiqué, rappelant les collègues et confrères disparus, citant «Hadji Hassanaly, Ben Abdou Soilih, Saminya Bounou, Mohamed Hassane, et tant d’autres dont les noms résonnent encore dans nos mémoires. Ils sont partis avec l’amertume de ne pas avoir vu se concrétiser ce combat, qui est aussi le nôtre aujourd’hui».
Le fonds d’appui aux medias
Le chef syndical n’a pas manqué de revenir sur «les circonstances troubles » entourant le décès du premier président du Snjc, Ali Abdou. « Je voudrais vous assurer ici que si doutes existent, le parquet sera saisi pour enquêter et faire la lumière sur les circonstances de sa mort», a répondu Azali Assoumani, précisant toutefois qu’il est certes le premier magistrat du pays « mais que les enquêtes sont de la seule latitude de la justice ». Ahmed Bacar a également insisté sur le plan de pérennisation de la mutuelle de santé. «Nous espérons vivement que le gouvernement pourra nous accompagner dans la pérennisation de cette mutuelle, qui représente un soutien essentiel pour la santé et le bien-être de nos confrères et consœurs journalistes », a-t-il plaidé.
La précarité des journalistes a été longuement soulignée par le président du syndicat qui sollicite « l’intervention du gouvernement pour envisager une collaboration en vue de la création d’une caisse de prévoyance dédiée à ces journalistes», ajoutant qu’un « tel dispositif existe déjà dans plusieurs pays africains, où les journalistes bénéficient d’une pension de retraite», citant la Côte d’Ivoire «où un système de retraite pour les journalistes indépendants a été mis en place avec succès ».
Le chef de l’Etat a promis de poursuivre la réflexion et à apporter des réponses à ces doléances et s’est félicité du pluralisme qui se dégage dans la presse, exhortant les medias publics et privés à persévérer dans ce sens, dans un esprit d’équité et de responsabilité. Azali Assoumani a promis d’œuvrer en faveur de la préservation des acquis démocratiques durant toute l’année qui commence. « L’année 2025 commence avec les élections législatives qui nous offrent l’opportunité de consolider les acquis de la démocratie et de l’Etat de droit dans notre pays », a-t-il conclu.