Parlez-nous en général du programme Kafaci et des fruits de son partenariat ici aux Comores ?
Le programme Kafaci est une initiative de coopération alimentaire et agricole entre la Corée et l’Afrique. Il s’agit d’une agence de coopération intergouvernementale et multilatérale qui vise à améliorer la production alimentaire, à réaliser une agriculture durable et à renforcer les services de vulgarisation dans les pays africains, à travers l’échange de connaissances et d’informations sur les techniques agricoles.
En juillet 2010, le programme Kafaci été officiellement inauguré à Séoul, en Corée du sud, avec la participation des représentants des gouvernements de 17 États membres : Angola, Cameroun, Côte d’Ivoire, République démocratique du Congo, Éthiopie, Gabon, Ghana, Kenya, Malawi, Maroc , Nigeria, Sénégal, Soudan, Tunisie, Ouganda et Zimbabwe et République de Corée.
Les Comores ont ensuite rejoint l’initiative en 2013, portant le nombre actuel des membres à 23 pays d’Afrique. Kafaci a de nombreuses activités ici aux Comores telles que la recherche sur le riz, l’étude des maladies du maïs, l’étude des sols et la production de tomates. Cependant, le riz est l’un des principaux aliments consommés dans le pays avec un ou deux repas par jour, ce qui a entraîné une augmentation de la demande de la part des citoyens, ainsi qu’une augmentation des importations, qui doublent chaque année.
Et quel est justement l’objectif ?
L’objectif de ce projet est donc d’établir un programme de recherche pour assurer l’introduction et l’adaptation de nouvelles variétés de riz, ce qui pourrait conduire à une augmentation de la production et à une réduction des importations. La disponibilité de variétés de riz améliorées, notamment la variété amande, adaptées aux conditions prévalant aux Comores, est essentielle pour l’introduction de la riziculture. Par conséquent, la mise en place d’un programme de sélection du riz au sein du ministère de l’Agriculture et du système national de recherche et de vulgarisation agricole des Comores est importante.
Il est nécessaire d’établir des parcelles de démonstration et d’organiser des formations pour informer les chercheurs, les responsables gouvernementaux et les agriculteurs sur les performances des variétés proposées. Cependant, un approvisionnement stable en variétés élites est essentiel pour développer des variétés à haut rendement, qui surpassent le riz importé en termes de qualité de grain, afin d’atteindre l’autosuffisance en riz. Il est donc nécessaire de rechercher, d’analyser et de développer un système de multiplication et de diffusion des variétés de riz.
A part Ndrondroni, y a-t-il un autre endroit dans le pays où la culture du riz est expérimentée ?
Pas encore, mais nous recherchons des variétés adaptables ici aux Comores. Il existe de nombreux endroits dans le pays déjà identifiés pour cette expérimentation.
Quels sont les objectifs du programme de culture du riz dans notre pays ?
Les objectifs généraux sont de présenter, évaluer et développer la production et la productivité du riz pour contribuer à l’autosuffisance en riz et à la sécurité alimentaire des Comores. Il s’agit de la mise en place d’un programme rizicole efficace sur la qualité des grains à haut rendement, l’évaluation et la sélection des variétés préférées des agriculteurs (espèce Tongil) de Kavasi adaptées au milieu rizicole des Comores, l’amélioration des pratiques agricoles et de sélection des semences dans le pays, la libération des variétés et la mise à disposition des agriculteurs des variétés sélectionnées pour la culture.
Quelles solutions envisagez-vous pour contrer les pertes causées par les oiseaux qui consomment une grande partie des récoltes ?
Parmi les actions d’accompagnement des agriculteurs et des techniciens dans la lutte contre les pertes de riz, l’on peut noter l’adoption de variétés résistantes aux oiseaux ou la mise en place du réseau Ambridge.
La coopérative agricole Mkamnono dispose de 16 hectares, mais seules quelques parcelles sont exploitées. Quelles mesures sont prévues pour maximiser l’utilisation de ce terrain ?
De nombreuses solutions seront soutenues pour augmenter la production de riz grâce à une plus grande utilisation de l’espace, comme l’aménagement de parcelles et l’introduction de nouvelles lignes à haute productivité, qui vont inciter les agriculteurs à choisir d’augmenter leur production.
Il semble qu’une décortiqueuse est disponible à Ndrondroni mais qu’elle ne fonctionne pas faute d’électricité… Est-ce un problème insurmontable ?
Il est possible de résoudre ce problème cette année grâce à la coopération et à la consultation des responsables. L’on en discutera avec ces derniers.
Enfin, pensez que l’on puisse un jour s’auto-suffire en riz ?
Bien entendu, notre mission est d’atteindre l’autosuffisance en riz dans notre pays, et selon nos recherches, il est possible de réaliser cette mission. Kafaci a fourni 300 variétés de riz aux Comores pour évaluer les lignées qui seront adaptées aux Comores, et à partir de là, nous avons sélectionné 70 variétés très productives, à cycle court et saines.