Youssouf Said Soilihi, économiste et homme politique, a tiré sa révérence dans la matinée du samedi 5 mars à l’hôpital El-Maarouf où il luttait contre une maladie depuis quelques jours. Cette disparition a touché profondément le milieu politique comorien. Aussitôt cette disparition rendue publique, le Front commun des mouvements de l’opposition a rendu public un communiqué pour adresser ses condoléances à la famille du défunt. “Le camp de la liberté vient de perdre en lui un grand leader et un combattant émérite. Nous nous sentons tous aujourd’hui orphelin”, indique le communiqué. Du côté de ses proches, un de ses fidèles amis, docteur Abdou Chakour Ahamed, médecin gynécologue, est resté sans voix. Selon-lui, cette nouvelle l’affecte au plus profond de son âme. “Les mots me manquent pour dire combien je suis attristé par cette disparition”, a-t-il souligné.
Emu et, après une longue minute de silence, le médecin gynécologue ajoute : “j’ai beaucoup appris à ses côtés. Youssouf Said Soilihi était pour moi plus qu’un ami, c’est lui qui m’a appris tout ce que je sais en politique. Il était mon maître et m’a appris beaucoup de choses pas que la politique”. Revenant sur les bons moments passés ensemble pour analyser la situation politique nationale, le médecin rappelle les élections du président de l’Union de 2002 à l’issue desquelles le défunt, candidat à l’époque, est arrivé en sixième position. “Après cette période, nous avons passé un long moment ensemble jusqu’à l’adoption de la loi sur les partis politiques qui a vu la dissolution du parti Djawabu. J’ai donc adhéré au parti Juwa, mais cela n’a pas affecté nos relations personnelles, nous sommes restés de très bons amis car il avait la particularité d’être fidèle en amitié”. Pour le médecin, Youssouf Said Soilihi avait un autre point très particulier : “son amour pour ses enfants. Il aimait ses enfants”, ajoute-t-il.
La politique depuis l’âge de 18 ans
Le médecin, encore sous le choc, suite à la disparition de son mentor, a déclaré que tout au long de son parcours, trois personnalités, qui ne sont plus aujourd’hui de ce monde, ont marqué sa vie personnelle : “Said Ali Kemal, Said Hassane Said Hachim et Youssouf Said Soilihi. Pour moi, la disparition de ces trois personnalités constitue une lourde perte pour le pays. Cependant, Youssouf Said Soilihi, l’est plus. Quant il était maire de Ntsaweni, il a construit l’hôpital avec des fonds propres. Les contributions villageoises. Et cet hôpital répond aux normes.
C’est sa grande œuvre et c’est un bel exemple à suivre”, a-t-fait savoir.Youssouf Said Soilihi est né le 9 janvier 1957 à Ntsaweni dans la région de Mbude. Au moment de la révolution d’Ali Soilihi, 1975, le jeune homme, âgé alors de 18 ans, s’intéresse à la politique et, à 19 ans, en 1976, il devient secrétaire général du comité populaire régional de Ngazidja avant de devenir membre du bureau exécutif du comité, un an plus tard. Son attachement à la politique ne lui a pas empêché de poursuivre ses études et d’obtenir son doctorat de 3ème cycle en Science économiques, option “Economie du développement rural”, à l’université-Montpellier II. Politicien et économiste de formation, Youssouf Said Soilihi a publié deux ouvrages, “Comores, les défis du développement…” et “Ali Soilihi, l’élan brisé ?”
L’auteur a apporté de nombreux détails de sa pensée à travers plusieurs articles publiés dans la presse et revues nationales. Il y a, entre autres, “Rénover et moraliser la vie politique des Comores,” Al-watwan N°2080, la politique économique du régime révolutionnaire de 1975-1978, dans la revue “Tareh”. Dans le volet pédagogique, en dehors de son statut d’enseignant à l’université des Comores, Youssouf Said Soilihi était, à plusieurs reprises, membre invité du jury pour de nombreux étudiants en thèse.