Quelles sont les leçons à tirer des récents évènements ayant pénalisé la capitale pendant plus de trois jours ?
Il y a plusieurs leçons à tirer. Mais la plus importante est la prise en compte des actions en faveur de l’employabilité de notre jeunesse. Je pense qu’il faut écouter encore davantage les jeunes en apportant des réponses à leurs grandes préoccupations en matière d’emplois, d’éducation civique et d’apprentissage aux valeurs de la citoyenneté. Il faut développer et diversifier des programmes d’urgence d’éducation civique et d’insertion professionnelle. La jeunesse est notre grand trésor. Il faut des programmes sérieux au profit des jeunes. L’autre leçon à tirer est la manipulation constante de cette jeunesse. J’ai déploré l’attitude irresponsable d’hommes politiques qui ont pris le plaisir de fournir de produits stupéfiants à des jeunes. Nous avons constaté que 90% des jeunes manifestants arrêtés avaient été drogués. Mais, comme je l’ai dit, pour empêcher toute manipulation, il faut apporter des réponses, occuper ces jeunes, leur inculquer l’éducation civique et leur trouver quoi à faire.
Quels sont aujourd’hui les leviers pour justement les accompagner à mieux s’insérer dans la vie professionnelle ?
Les opportunités ne manquent pas, les leviers également. Il y a des leviers dans le secteur de l’hôtellerie, du tourisme, de l’éducation, de la santé et des infrastructures. La société nationale de pêche, le futur hôtel Galawa, le centre hospitalier El-Maarouf, les futurs ports secondaires, les lycées et les établissements qui seront rénovés sont des leviers importants qui peuvent générer des centaines voire des milliers d’emplois au profit de nos jeunes. Il y a aussi le projet d’agrandissement de l’aéroport de Hahaya avec les Emirats, un complexe hôtelier à Mwali qui sera construit par les Chinois ou l’extension de l‘hôtel Al-Amal à Anjouan. Mais, le défi c’est l’identification des métiers et les services pour pouvoir mieux cadrer la qualification des jeunes afin de mieux assurer leur insertion professionnelle. Il y a des projets en cours comme «Msomo Nahazi » qui doivent accompagner le pays à élever son niveau de qualification et d’employabilité de la jeunesse.
Où en est-on avec l’enquête sur les émeutes et les actes de déstabilisation, vous avez dit détenir des preuves de l’implication d’hommes politiques de l’opposition ?
L’affaire est aux mains de la justice. Les preuves sont rassemblées et remises au juge en charge du dossier. Il n’est pas opportun d’en parler. Je profite pour rendre hommage à l’ensemble de nos forces de sécurité et à l’armée dans son ensemble. Que tout le monde sache que l’armée n’est au service de personne, c’est une armée républicaine au service de l’Etat et de toutes les institutions. L’armée accompagne les actions de développement. Elle a servi hier, aujourd’hui et demain à toutes les tendances. C’est la même armée qui a servi le pays sous Sambi, sous Ikililou et aujourd’hui sous Azali. L’armée est loyale et reste notre grand rempart. Je ne tolérerais en aucun moment tout propos ou acte qui portera atteinte à l’intégrité morale des forces armées.
Comment accueillez-vous les accusations de fraude brandies par les autres candidats de l’opposition ?
Les accusations de fraude ont été toujours la posture classique de tout perdant. Ceux qui avaient parlé de fraudes ont introduit des recours à la Cour suprême.La Mouvance a, elle aussi, fait recours sur le taux de participation. Il y a un juge constitutionnel et électoral saisi et qui s’est ensuite prononcé. Comme dans toute élection, il peut y avoir des irrégularités. Mais, c’est justement le rôle de la Cour suprême. Elle recueille les plaintes, les examine et prend une décision. Il y a de nombreux bureaux de vote où on avait eu des voix mais la Cour les a annulées. Il faut apprendre à respecter nos institutions mêmes si elles prennent des décisions qui ne sont pas favorables à nous ou aux autres.
Comment analysez-vous le discours politique aujourd’hui dans notre pays ?
Je pense qu’il y a des dérives verbales indignes d’un pays comme le nôtre. Notre pays a une civilisation enviable et un mode d’organisation sociale qui renforce la cohésion de nous tous et le respect mutuel. Nous nous voyons tous les jours dans les festivités coutumières et religieuses. Je suis très choqué par la banalisation des propos haineux ou les discours de dénigrement de personnalités publiques ou d’autorités. Comme dans tout pays, il peut y avoir des incompréhensions, des désaccords et bien de choses. Mais il faut toujours prendre de la hauteur en privilégiant le débat et en mettant en avant les intérêts du pays et les valeurs communes de tolérance, de paix, de sécurité et de respect. Quand j’entends un candidat à une élection présidentielle appeler les gens à la violence, cela m’offusque raisonnablement. On n’apprend pas aux jeunes à commettre des actes de violence. C’est pourquoi, j’insiste encore sur un grand programme d’éducation civique au profit de la jeunesse et une politique volontariste de création d’emplois. Le chef de l’Etat en a déjà posé les bases et dégagé les directives.
Justement, puisque vous parlez du président, quels commentaires faites-vous sur son discours prononcé après sa réélection définitive ?
Le président a tenu un discours d’apaisement et d’ouverture. Il a tendu la main à tout le monde. Les élections sont terminées. La grande urgence aujourd’hui est le développement. Nous avons un pays qui recèle un potentiel mais qui demande beaucoup de persévérance pour réussir ses politiques de transformation.Le chef de l’Etat a toujours prôné le rassemblement car il reste convaincu que c’est avec le dialogue, la complémentarité des idées et mobilisation de tous que le pays pourra faire face à ses nombreux défis. Et je pense qu’on pourra y arriver. Tous les candidats ont mené une campagne acceptable. Et les Comoriens ont tranché le 14 janvier.