logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) I L’Union africaine lance le dialogue public-privé au Kenya

Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) I L’Union africaine lance le dialogue public-privé au Kenya

Société | -   A.S. Kemba

image article une
Après les campagnes de sensibilisation dans les pays membres, l’Union africaine souhaite approfondir la sensibilisation auprès des acteurs du secteur privé, «clé de voûte des échanges», pour les convaincre encore davantage de la pertinence du marché économique africain. Le président en exercice de l’Ua, Azali Assoumani, en ouvrant, la cérémonie à Nairobi avec son homologue kenyan, William Ruto, parle d’un dialogue «crucial», estimant que «le secteur privé continental est le principal moteur de l’accélération de la Zlecaf ».

 

L’Union africaine, a lancé hier lundi 29 mai à Nairobi au Kenya, un nouveau round de discussions avec le secteur privé du continent axé sur la mise en œuvre effective de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). Les acteurs du commerce de presque tous les pays membres participent à ce dialogue intra-africain censé corriger les imperfections du projet et rassurer tout le monde sur le bien-fondé de ce marché africain en gestation.Le président du Niger Mahamadou Issoufa, principal chantre de la Zlecaf était au rendez-vous.

Le commerce intra-africain inférieur à 18%

A Moroni les 5 et 6 mais derniers, le secrétaire général de la Zlecaf, Wamkele Mene, avait brossé un tableau peu reluisant sur la situation des échanges intra-africains, précisant que «le commerce intra-africain est inférieur à 18 %, ce qui fait de l’Afrique l’un des marchés les moins intégrés» par rapport à ceux du reste du monde. Aux Comores déjà, trois grandes réunions sur la Zlecaf ont été organisées ces dernières années. Les parlementaires, les organisations du secteur privé et les medias ont été sensibilisés sur les tenants et les aboutissants de ce marché.


Si, dans l’ensemble, l’Afrique aspire résolument à l’intégration économique, estimant qu’en théorie, cela pourrait accroître les échanges, accélérer les plans de création d’emplois et doubler les taux de production dans certains secteurs clés, le chemin reste encore long pour mettre tout le monde dans la même machine de l’intégration. Les milieux privés ne cachent pas leur frilosité face à un projet qui souffre d’un déficit de confiance à cause de ses mécanismes pratiques jugés fragiles.


Des poids lourds du continent comme le Nigeria hésitent encore aujourd’hui (bien qu’ils aient ratifié les trois protocoles principaux d’adhésion) à s’engager véritablement dans cette nouvelle aventure africaine, craignant «une perte de la souveraineté» de certains pans de leurs économies bien meilleures que celles des autres. Ce que les responsables du continent souhaitent briser, dans l’esprit des dirigeants bombés par le nationalisme économique. L’idée est de les pousser à jouer collectif, à ne pas tomber dans un fatalisme ambiant au risque de compromettre l’avenir économique de l’Afrique et bloquer à jamais les opportunités d’investissement qu’offre le continent.

L’accord de la Zlecaf signé en 2018 à Kigali

Après les campagnes de sensibilisation dans les pays membres, l’Union africaine souhaite ainsi approfondir la sensibilisation auprès des acteurs du secteur privé, « clé de voûte des échanges », pour les convaincre encore davantage de la pertinence du marché économique africain. Le président en exercice de l’Ua, Azali Assoumani, en ouvrant, la cérémonie à Nairobi, avec son homologue kenyan, William Ruto, parle d’un dialogue « crucial », estimant que «le secteur privé continental est le principal moteur de l’accélération de la Zlecaf ». Les opérateurs économiques, les organisations de la société civile, les acteurs du commerce, les Groupements d’intérêt économique (Gie), les institutions en charge de la promotion des secteurs privés africains, les agents économiques dans leur ensemble, sont sensibilisés depuis 2021 sur la portée de la Zlecaf dans une Afrique où le dynamisme économique ne doit pas être la seule affaire des politiques. « Je reste confiant qu’il (le secteur privé, ndlr) s’appropriera ce Dialogue et s’engagera pleinement dans ce processus, pour une mise en œuvre rapide et réussie de cet ambitieux projet commun », espère Azali Assoumani qui reste parmi les premiers chefs d’Etat du continent à avoir signé le premier accord relatif à la Zlecaf en mars 2018 à Kigali au Rwanda.


«Vous incarnez la réalité économique et sociale de l’Afrique, avec 80% de l’ensemble de sa production, deux tiers de ses investissements, trois-quarts de son crédit et, vous employez 90% de sa population, en âge de travailler », a dit Azali Assoumani en s’adressant aux représentants du secteur privé africain, ajoutant que la Zlecaf demeure la solution idoine pour sortir l’Afrique de l’ornière.«Les partenariats public-privé sont nécessaires à l’installation d’une croissance durable, dont les financements et les apports techniques permettront aux entreprises africaines de se développer, et de concrétiser ainsi, notre ambition d’un développement de l’Afrique par les Africains», a ajouté le chef de l’Etat qui promet de poursuivre les discussions avec ses homologues du continent pour rendre effectif le marché.

Une réunion de haut niveau à Moroni le 12 juin

Le président de la République, devant les acteurs africains du commerce, a rappelé la nécessité pour l’Afrique d’assurer notamment son autonomie en matière de sécurité alimentaire. «Nous faisons face aux conséquences de la crise russo-ukrainienne, avec tous les impacts, que nous savons tous, sur la paix et la sécurité dans le monde, mais aussi et surtout sur la sécurité alimentaire dans notre continent africain », a-t-il expliqué. «Nous devons tout mettre en œuvre pour assurer notre autonomie dans tous les secteurs, notamment en renforçant nos capacités de production, non seulement pour éviter les ruptures de stock et les pénuries, mais aussi pour donner de la valeur ajoutée à nos matières premières et créer des emplois».


A ce jour, on apprend que 47 pays dont l’Union des Comores ont signé et ratifié l’accord sur la Zlecaf. On compte sept pays dont Madagascar et le Benin qui hésitent toujours à s’engager véritablement dans le projet. Un seul pays, l’Erythrée, n’a toujours pas signé le document. En principe, il fallait, 22 ratifications pour le lancement de la Zlecaf et 44 pour son entrée en vigueur, selon la Déclaration de Kigali. Azali Assoumani a également mentionné le travail de sensibilisation mené au plus haut niveau pour convaincre tous les pays à ratifier l’accord.


«C’est le plaidoyer que nous sommes en train de faire, et nous sommes convaincus que les quelques pays qui restent, se joindront à cette belle aventure, pour qu’ensemble, nous fassions de cette ambition, une réussite, une opportunité d’affaires pour notre continent, pour nos entreprises, pour nos citoyens, et en particulier pour la jeunesse et la femme africaine », a-t-il souligné avant d’annoncer la tenue à Moroni, «du 12 au 14 juin prochains, d’une rencontre ministérielle de haut niveau sur la Grande Muraille bleue».

 

La Zlecaf, un marché d’un milliard trois cent millions


Les autorités du continent nourrissent leur espoir sur le marché intra-africain pour promouvoir les échanges. Après l’accord de principe, les experts du continent, sous le leadership du secrétariat général de la Zlecaf, ont élaboré trois protocoles : commerce des marchandises, commerce des services et règlement des différends qui doivent être en vigueur dans tous les pays membres.


«La mise en œuvre de l’Accord portant création de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) favorisera une croissance d’environ 35 % du commerce intra-africain d’ici 2045, au profit de tous les principaux secteurs», prédit la Commission économique pour l’Afrique (Cea). A première vue, l’accroissement des échanges à l’intérieur du continent permettra de satisfaire la forte demande, faire baisser les coûts, favoriser la naissance d’un tissu industriel pourvoyeur de services et d’emplois.


Sauf que pour y parvenir, outre les obstacles d’ordre technique et pratique caractérisés par la transposition de nombreux instruments juridiques à portée continentale, comme les droits des brevets, on notera également le manque d’infrastructures à l’origine des difficultés de mise en œuvre, à l’immédiat, de la Zlecaf. Wamkele Mene évoque « une série de facteurs », citant notamment «le déficit d’infrastructures d’appui au commerce, le manque de soutien financier aux Petites et moyennes entreprises, le faible niveau de production à valeur ajoutée ou encore l’absence de chaînes de valeur régionales».

 

 

 

Commentaires