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«Au Naya Lodge, le temps est suspendu»

«Au Naya Lodge, le temps est suspendu»

Société | -   Faïza Soulé Youssouf

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L’hôtel, ouvert il y a un mois, constitue la nouvelle attraction touristique de Ngazidja. Les lieux au décor intimiste et chaleureux font rêver. Un site paradisiaque sublimé par quatre personnes qui croient aux atouts des Comores et qui voient les problèmes comme autant de challenges à relever.

 

Ce bijou-là, le long sentier, presque de fortune, ne l’aurait pas laissé deviner. Son écrin? Un baobab magnifique. Sa piscine, un balcon qui surplombe la mer d’un bleu «camaïeu». Et ici et là, des bungalows aux noms évocateurs, séparés par des venelles pavées.Et surtout, du bois, beaucoup de bois, un décor loin du béton que l’on a l’habitude de voir par ici. Du Bangkirai, du bois d’Indonésie, apprendrons-nous plus tard. Un mois après son ouverture, le «Naya Lodge» est sans aucun doute la nouvelle destination touristique du pays. Et c’est Mitsamihuli, la capitale du nord de Ngazidja, qui a la chance de l’abriter.Saïd Ahamed, qui évolue en France dans le milieu pharmaceutique, est un «Je-viens» de France. Il a 41 ans. «J’ai connu Naya Lodge par les réseaux sociaux, via des vidéos Tiktok. C’était prévu que je vienne aux Comores au mois de décembre et rentrer avec ma mère en France», relate cet homme de 41 ans qui fait plus jeune que son âge. Il enchaine : «de base, je ne devais rester qu’au village. Et quand j’ai vu qu’il y avait l’ouverture du Naya Lodge, j’ai décidé d’en profiter pour y passer quelques jours». Le village en question, c’est Idjinkundzi, dans le Dimani, pas franchement à côté.

 

Ici, pour se parler, les gens chuchotent comme pour préserver la quiétude des lieux. Et le bruit des vagues constitue sans doute la plus douce des musiques. Les cocotiers, les manguiers et la brise marine tentent d’atténuer la chaleur des lieux alors que le mercure affiche des records de chaleur. Seuls quelques enfants, harassés plongent dans la piscine dans de joyeux «plouf».

 


Il raconte être venu à Mitsamihuli dans un bus de transport en commun, où il avait du mal à étendre ses (longues) jambes. Autant dire que le temps lui a semblé long mais à l’entendre, cela valait le détour. «Je ne regrette pas du tout, c’est agréable, je trouve que c’est paisible. Le village et tout, c’est très bien, mais là, j’ai l’impression d’être en vacances, pas être là juste pour visiter ma famille, elle est là la différence. J’apprécie, vraiment. Le lieu et l’ambiance», explique cet homme aux yeux marron clair qui, une fois sur place, a décidé de prolonger son séjour à l’hôtel.

«L’impression d’être au paradis»

La décoration du restaurant est intimiste. Ici aussi, c’est le bois qui prédomine, dans des tons clairs. Les suspensions en osier ajoutent une touche naturelle. On aurait presqu’envie d’écrire, «le Naya Lodge», c’est un paysage de carte postale. Idéalement situé, à la droite de l’hôtel, se trouve le mythique «Trou du prophète», et à deux pas, à sa gauche, le mémorable Galawa dont les Comoriens attendent encore la reconstruction.
Ici, pour se parler, les gens chuchotent comme pour préserver la quiétude des lieux.
Et le bruit des vagues constitue sans doute la plus douce des musiques. Les cocotiers, les manguiers et la brise marine tentent d’atténuer la chaleur alors que l’été austral bat son plein. Seuls quelques enfants, harassés plongent dans la piscine dans de joyeux «plouf».

Une journaliste «conquise»

Anastasia Laguerra, journaliste vedette de la chaine «Mayotte la 1ere» est, elle aussi conquise. Elle a passé une semaine au Naya Lodge avec son époux. «C’est un séjour exceptionnel, le cadre est magnifique, le personnel est aux petits soins, le temps est suspendu. On a l’impression d’être au paradis», soutient la trentenaire qui a par ailleurs promis de revenir. Revenir parce que «marquée», précise-t-elle, par, «les petites attentions du personnel qui est bienveillant et réactif». Et surtout, enchaine-t-elle, «il y a cette vue imprenable sur la mer, ce bleu turquoise, ce camaïeu de bleu». Et sur un ton définitif, elle conclut : «ça n’a rien à envier aux hôtels des Maldives».
C’est suite à «une étincelle» que le projet Naya Lodge se met en place. A l’origine, un Français, il y a trois ans se serait écrié : «vous ne vous rendez pas compte, votre pays est magnifique, il y a tellement de choses à faire!». Ce Français qui «sera bientôt Comorien» est le beau-frère d’Imane Soilihi, la responsable marketing du Naya Lodge. Ils sont, en tout, quatre à s’être lancés dans «ce projet familial», un challenge à tout point de vue. Et surtout, ce ne sera pas du béton. «On s’est dit qu’il nous fallait respecter l’environnement de notre pays, trouver des matériaux durables et adaptés aux températures des Comores», a-t-elle indiqué. Le choix est fait. Ce sera du Bangkirai, ce bois réputé pour sa durabilité, sa résistance à l’humidité, adapté à l’air marin, originaire d’Asie du Sud-Est très utilisé dans l’île touristique indonésienne de Bali.

 

«On s’est dit qu’il nous fallait respecter l’environnement de notre pays, trouver des matériaux durables et adaptés aux températures des Comores», a-t-elle indiqué. Le choix est fait. Ce sera du Bangkirai, ce bois réputé pour sa durabilité, sa résistance à l’humidité, adapté à l’air marin,


Au cours de notre entretien avec Imane, un mot est revenu souvent : «challenge». Là où d’autres auraient dit «problèmes», la petite équipe a vu des challenges à relever. Un challenge pour faire importer le fameux bois, un autre pour faire venir aux Comores des Balinais spécialisés dans le travail dans ce bois. Et penser à la suite, donc l’entretien, autre challenge. «On a formé une vingtaine de Comoriens au montage du bois qu’on a à l’hôtel. On a aujourd’hui nos équipes de maintenance qui sont des Comoriens», précise notre interlocutrice. Avec en prime «des équipes disponibles localement s’il y a un besoin de travailler ce type de matériau», informe-t-elle.
Résultats : huit hébergements, principalement des suites qui pourront accueillir des couples avec leurs enfants : les promotteurs de ce joyau les nomme «Mbuyu», «Mahaba», «Nyora», «Masiwa», «Ngalawa», etc.

Des moustiquaires blanches épurées, le bruit des vagues, des toilettes spacieuses et modernes et, ô miracle!, la pression de l’eau est puissante. Parce qu’il faut le dire, dans ce projet «financé sur fonds propres», dont le montant n’a pas été révélé, l’eau et l’électricité confrontées à des problèmes structurels constituaient «d’autres challenges» et pas des moindres. «Pour l’électricité, on est couvert en panneaux solaires. En plus à Mitsamihuli, on a très souvent du soleil. Et pour l’eau, on a de quoi faire de la récupération de pluie», assure-t-elle.Fin d’année oblige, le nouvel hôtel affiche complet, des clients ayant déjà prévu de fêter là-bas. Maigre consolation : la mise en place d’une liste d’attente en cas de désistement de dernière minute. Youssouf Hamidou croise les doigts. Il ne désespère pas de réveillonner au Naya Lodge avec son épouse et leur enfant.

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