Saïd Djaffar Mwingni Abdou est décédé lundi dernier au soir chez lui à Mde ya Bambao. Celui qui a été considéré comme étant le meilleur joueur comorien de tous les temps s’en est allé à l’âge de 83 ans.Né en 1939 à Majunga à Madagascar, "Bako Djufu" – de ce surnom qu’il doit au fait qu’il avait le don, sur un terrain de football, de semer le trouble au sein de ses adversaires – a été le meilleur joueur de football du Sud-ouest de l’Océan indien entre 1950 à 1970. Son enterrement a eu lieu au cimetière public de Mde en présence de ses proches, amis, responsables sportifs et surtout d’anciens coéquipiers tels qu’Ibouroi "Moinamtsa" qui "pleure la disparition d’un frère et d’un ancien pote des vestiaires".
"J’ai connu Bako Djufu depuis Majunga. C’est un enfant du quartier d’Ambovoalana. Il a joué à Islam sport et moi à Etoile d’Anjouan. J’étais profondément attristé d’apprendre sa mort, mais c’est ça aussi la vie, malheureusement", a confié Boura "Moinamtsa". Pour lui, il n’y a aucun doute, feu Bako Djoufou a été "le meilleur joueur de l’époque dans l’Océan indien l’indien, devant le Malgache, Alexis Rabemananjara et l’autre Comorien, Rakoto Mzé.
Polyvalence
Selon l’ancien commentateur sportif de la radio nationale, Ben Abdou Saïd, "Bako Djufu" avait un talent fou. Il savait tout faire avec un ballon : il était rapide, avait des tirs à la fois puissants et d’une grande précision, des dribles parfaitement maîtrisés. Malgré sa silhouette, il a été toujours prêt athlétiquement".
Pour l’essentiel, Bako Djufu a passé sa carrière de sportif à Madagascar entre les clubs Islam sport et Etoile des Comores. Au pays, où il est rentré vers 1966, il a porté les couleurs, entre autres, de l’Association de la Jeunesse comorienne (Ajc) de Moroni et du Papillon bleu, toujours dans la capitale, avec lesquels il a remporté tous les trophées possibles du football comorien.
"Je ne l’ai pas vu jouer vraiment, mais je me rappelle qu’il a évolué dans le même club que l’autre légende, le gardien de but, feu "Malala" (Ibrahim Abdou, de son vrai nom, ndlr), Ibrahim Mshoubani et Ibouroi Moinamtsa", se remémore le chroniqueur sportif, Hassane Mze Ben Youssouf.
Bako Djufo était très connu dans l’Océan indien en tant qu’attaquant de pointe. Mais il pouvait jouait à tous les postes avec la même magie, devant comme derrière voire même dans les cages. Ibouroi Moinamtsa se rappelle : "lors de la première édition de la Coupe de l’Indépendance, Madagascar jouait contre la Centrafrique. Après un doublé de Bako Djufu, le gardien malgache s’est blessé. Bako Djoufou l’a remplacé dans la cage, a réussi plusieurs arrêts et n’a encaissé aucun but".
Lors du dernier match des Coelacanthes à Maluzini, contre le Lesotho, Bako Djoufou a été parmi les légendes du cuir rond comorien invitées par le ministre des Sports, Djaanffar Salim Allaoui qui a déclaré dans une conférence de presse qu’il l’a fait pour "mettre fin à une injustice" : "Ces grands Messieurs ont beaucoup donné à notre pays et à la région, ils ont émerveillé par leur beau jeu et leur fair-play. Il est plus que judicieux qu’ils puissent assister aux matchs des nouvelles générations". Une façon pour le premier responsable du sport comorien de rendre hommage à Bako Djufu, et à tous les anciens grands footballeurs comoriens.
Plusieurs flèches à son arc
Exceptionnellement, Bako Djoufou a joué dans deux sélections nationales de football à savoir les Barea malgaches et les Coelacanthes comoriens. A son époque, les Comores n’étaient pas officiellement reconnues à la Fédération internationale de football (Fifa). Il n’a, donc, jamais évolué avec les Comores à l’extérieur. "Mais il a joué plusieurs matchs avec la sélection malgache dans la région et sur le continent notamment à Bangui en Centrafrique. Bako Djufu a été un joueur exceptionnel. Que la terre lui soit légère", prie Ibouroi Moinamtsa.
Comme l’ont rappelé nos confrères de radio Hayba fm, Bako Djufu a eu à occuper plusieurs responsabilités administratives politique, sportive et autres. C’est ainsi qu’il a été "tour à tour, gestionnaire à l’hôpital El Maarouf de Moroni, enseignant d’Education physique et sportive au lycée de Moroni et qu’il a été élu, en 1982, député du Bambao".
Saïd Djaffar Mwingni Abdou est parti avec son statut de légende du football comorien. Il est, de l’avis convaincu de plusieurs footballeurs de sa génération et d’autres responsables du sport, un des meilleurs footballeurs comoriens de tous les temps avec El Fardou Ben Mohamed Nabouhane, actuel attaquant de l’Etoile rouge de Belgrade. Il laisse derrière lui sept orphelins.