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«Les ailes des oubliés» I Un retour poignant sur le crash de l’A310 de la Yemenia

«Les ailes des oubliés» I Un retour poignant sur le crash de l’A310 de la Yemenia

Société | -

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Ce documentaire de Pascale R. Poirier revient sur le crash de l’A310 de la Yemenia qui a fait cent cinquante-deux victimes la nuit du 28 au 29 juin 2009 au nord de Ngazidja. “La Yemenia nous a tués, la France nous a abandonnés et les Comores nous ont trahis” y soutient le président de l’association des familles de victime, Saïd Assoumani, qui appelle à un “procès digne du nom, enfin!”.

 

L’unique survivante du crash de l’A310 de la Yemenia qui s’est produit en 2009, Bahia Bakari, a, officiellement sorti un film documentaire sur l’événement intitulé Les ailes des oubliés. Ce documentaire de cinquante-deux minutes diffusé lundi dernier sur France 3 Provence-Alpes-Côte-D’azur (Paca) en France, relate ce grave crash de la nuit du 28 au 29 juin 2009 aux Comores et qui a couté la vie à cent cinquante-deux personnes et met en lumière toutes, ou presque, les zones d’ombres de ce crash notamment au niveau de la justice où les choses ne vont pas aussi vite qu’il faudrait.

Selon l’ancien directeur du Bureau d’enquêtes et analyses (Bea), Jean-Paul Troadec, les participants à l’enquête “n’ont pas été coopératifs” et certains s’efforçaient “de bloquer la publication de l’enquête” qui accablerait à la fois les Comores et le Yémen. “La commission d’enquête comorienne était loin d’être indépendante. J’imagine que sur le plan diplomatique les Comores étaientt sous l’influence du Yemen”, estime Jean-Paul Troadec.

Cependant, plusieurs membres de familles de victimes, des experts chargés de l’enquête, des responsables du collectif des victimes ainsi que l’actrice principal du film, la seule survivante du crash tragique, Bahia Bakari, ont pris part, d’une manière ou d’une autre, à ce documentaire tourné entre Marseille et les Comores. “J’ai fait mon deuil étant donné que ça s’est passé il y’a cela onze ans déjà. J’étais jeune. Il a fallu que j’avance et que me reconstruit. Ça n’a pas été simple, parfois compliqué. Il y’a des jours où je me disais ne jamais pouvoir me remettre mais grâce à Dieu et à ma famille aujourd’hui je vais beaucoup mieux”, a déclaré Bahia.

Un lien à la foissolide et complexe

Ce retour vibrant sur le crash de Pascale R. Poirier porte un éclairage, également, sur la culture comorienne particulièrement en rapport avec le “grand mariage” communément appelé “Ndola ya anda” (ou “anda”) ainsi que sur la diaspora comorienne de Marseille et ses rapports à la fois complexes et solides avec son pays d’origine.
Un récit qu’accompagne, avec lucidité, le rappeur engagé, Cheikh Mc, dont le clip, Maudit A310, rythme le documentaire.

“J’ai perdu toute famille à bord de ce vol. Ma femme et mes trois enfants. J’étais bloqué durant trois ans je ne pouvais pas passer dans les rayons affiliés aux enfants. S’était trop dur et ça le reste encore. Mon histoire est interminable”, y relate, les larmes aux yeux, Azdi Ahamada.

Pour sa part, le présidant de l’association des familles de victime, Saïd Assoumani, revient sur les problèmes auxquels il se heurte notamment la totale indemnisation des familles de victimes. “Le Yemenia nous a tués, la France nous a abandonné et les Comores nous ont trahi. Il faut enfin qu’on puisse avoir un procès digne du nom”, devait-il conclure.

Mahdawi Ben Ali

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