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À Ajao, un marché solidaire pour «valoriser l’agriculture locale»

À Ajao, un marché solidaire pour «valoriser l’agriculture locale»

Société | -   Mairat Ibrahim Msaidie

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Des fruits et des légumes étaient vendus à des prix variant entre 500 et 1250 francs le kilo, afin de valoriser les produits locaux tout en renforçant la chaine de valeur agricole.

Pendant deux jours, le 9 et 10 juillet, la place Ajao a accueilli un marché solidaire, organisé par l’Association développons-nous (Adn) avec les élèves du lycée agricole de Mvuni. Une initiative prise en collaboration avec la société Yas Comores, et portée par une volonté commune de valoriser les produits locaux et de renforcer la chaîne de valeur agricole aux Comores.
A l’ouverture, l’affluence a été faible, mais l’enthousiasme des marchands n’a pas faibli. Entre stands de fruits et légumes frais, bananes, ignames, patates douces, maniocs, taros, tomates, concombres, cannes à sucre et noix de coco, tous vendus entre 500 et 1250 francs le kilo. Des produits transformés étaient également proposés, notamment la confiture de goyave rouge et de la purée d’oignon, preuve du dynamisme des agriculteurs dans la diversification de leurs produits.


Parmi les vendeurs, Nasma Ahmada Mouigni, originaire de Nkurani ya Sima, a partagé son expérience. « Chez moi, les goyaves rouges sont abondantes, mais une fois à Moroni, elles peuvent rester invendues plusieurs jours. Alors j’ai eu l’idée d’en faire de la confiture. Elle se conserve plus longtemps », a-t-elle expliqué.Zakia Ali, venue de Helendje ya Mbude et qui cultive du manioc et de la salade, a quant à elle soulevé les difficultés qu’elle rencontre au quotidien. « Regarde ma fille, mes mains affaiblies par la terre. Tu pourrais croire que je suis une grand-mère, mais mon âge te surprendrait. Chaque jour, je me bats avec la terre. Un an pour produire du manioc, trois mois pour la salade, et on continue à nous considérer comme des moins que rien. J’ai cinq enfants à nourrir», a soupiré la dame, le visage froissé.

Depuis 2022

Mohamed Achkali, originaire de Dembeni, a dit espérer un marché entièrement dédié aux agriculteurs comoriens. « Nous voulons vendre directement, sans intermédiaires qui revendent à des prix exorbitants. Tout doit venir du champ à l’étal, et être vendu par nous-mêmes», a-t-il défendu. Ce dernier proposait également des pots écologiques conçus à partir des déchets de bananiers afin de réduire l’usage des plastiques. « Cette idée, je ne l’ai pas apprise à l’école. C’est mon père, grand agriculteur, qui m’a inspiré à penser autrement», confia-t-il.


Hadidja Salim, présidente d’Adn, s’est dite fière du chemin parcouru depuis 2022 avec son association. « Ce marché illustre notre travail à fond de la germination à la commercialisation. Nous avons accompagné les élèves du lycée agricole tout au long de la chaîne de valeur. Ils sont ici aujourd’hui pour en voir la finalité », s’est-elle réjouie. Elle a souligné l’importance d’une véritable reconnaissance de l’agriculture comme secteur moteur de développement. « Nous n’avons pas encore atteint la sécurité alimentaire souhaitée, mais nous avançons. Mon rêve est de créer ma propre entreprise de transformation agroalimentaire. Nous bénéficions du financement de différents partenaires, notamment de l’ambassade de France, qui nous soutient en équipements et en semences. Ce qui nous permet de progresser », a-t-elle fait savoir.L’association développons-nous (Adn), garantit l’accès libre des participants à ce marché. Elle ne demande aucun frais d’inscription ni de participation afin de sensibiliser d’avantage la population sur l’importance d’un commerce équitable et bénéfique, à la fois pour les producteurs et les consommateurs.

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