Samedi dernier a eu lieu, dans la région de Washili ya djuu, une journée de reboisement. Il a fallu parcourir cinq kilomètres pour arriver dans la zone prévue pour l’activité, soit le secteur du lac Hantsongoma situé au sein de la forêt du Karthala. Avant d’y arriver, les groupes ont dû partir d’Irohe, à pied. La route, caillouteuse et glissante était le terrain de jeu de plusieurs groupes de personnes venus spécialement pour cette journée de reboisement.Malgré l’état de la route, les conditions difficiles, les jeunes présents pour la circonstance n’ont pas économisé leurs efforts et dans une ambiance bon enfant, le parcours des cinq kilomètres sur une piste remplie de goyaviers s’est faite sans trop d’encombres.Venus pour reboiser, cette forêt, le groupe va vite comprendre que d’autres font exactement le contraire avec une déforestation devenue monnaie courante. Après presque un kilomètre de marche sous la fraîcheur de cet environnement, les premiers signes de cette déforestation font surface. Pire, certains parmi les jeunes dans les groupes ne s’inquiètent pas de la situation.
De l’envahissement d’espèce exotique
Il faut dire que faute de véritable alternative, les branches ainsi coupées et recueillies serviront dans les différentes cuisines. Seulement, cela n’explique pas tout, surtout que cet assemblage de menus morceaux de bois, qui doit préoccuper les défenseurs de la biodiversité, se fait sans limite, au vu et au su de tout le monde. “C’est un phénomène qui se fait beaucoup plus à l’approche du mois sacré de Ramadhwani. Les gens préparent des fagots pour cuisiner rapidement. Ce n’est pas trop grave, car ils coupent cet arbuste fruitier devenu l’un des espèces envahissantes dans cette zone”, se justifie une participante.
Après plus de trente minutes de marche, le goyavier fraise à fruits rouges semble convaincre tout le monde de son aspect invasif. Une espèce exotique envahissante incitant les défenseurs de l’environnement à ne pas à interdire son défrichement du fait que le goyavier risque de coloniser cette zone au détriment d’autres espèces. Raison pour laquelle “ces espèces invasives perturbent l’épanouissement des plants forestiers et fruitiers dans cette zone. C’est pourquoi nous sensibilisons les communautés de la région pour participer activement à cette journée de reboisement”, nous informe en cours de route la conservatrice du parc national Karthala, Rahamata Ahamada. Les organisateurs visent à la plantation de deux mille plants forestiers et mille plants fruitiers ce même jour pour commencer la restauration des écosystèmes dégradés.
Plusieurs défis ont été identifiés dans ce parc : la mauvaise pratique des feux de brousse, les coupures anarchiques du bois, les défrichements et la déforestation incontrôlée et l’envahissement des espèces exotiques. La conservatrice annonce que les organisateurs comptent baliser cette piste rurale pour promouvoir l’écotourisme. “Nous procédons à ce reboisement depuis cette zone car le lac Hantsongoma et des grottes se situent à quelques kilomètres d’ici.La pression humaine sur cette forêt du Karthala par les populations riveraines entraine de nombreux problèmes environnementaux”, constate-t-elle. Après un kilomètre et demi de marche nous commençons à capter des cris de jeunes enfants et le bruit de l’eau.
Levant nos têtes, nous découvrons un panneau de signalisation “Sgp/Pnud délimitation de la zone du lac Hatsongoma”. Â partir de là nous suivons une descente pour atteindre le lac en traversant l’une de deux passerelles glissantes dont l’une est constituée d’une grotte sous forme de tunnel. A trente mètres de la grotte, des jeunes nagent dans le lac.Certains nettoient les bords et d’autres se préoccupent du lac. Djamal Mohamed Abdou, habitant de la localité d’Irohe, se rappelle de la vaste étendue d’eau d’il y a trente-cinq ans. De l’eau utilisée à l’époque, à l’entendre, pour la cuisine et autres. “C’était d’une grande profondeur notamment au milieu du lac. C’est à cause des débris, notamment des grosses branches de goyaviers, des troncs de bananiers et bien d’autres branchages que se rétrécit le plan d’eau. Initialement, des bananiers ont été plantés à l’époque”, se souvient-il.
De la protection à la valorisation
Djamal Mohamed Abdou fait savoir que ledit tunnel est fait par des Français en vue de rendre l’eau accessible à Irohe. “Ces derniers ont même ramené des poissons que nous consommions. Il suffit de ramasser ces ordure, nettoyer le lac pour que tout redevienne comme avant. Déjà, l’idée de limiter la zone du lac existe. C’est une avancée”, reconnait-il. Un projet intitulé “conservation du lac Hantsongoma” financé par le programme du micro financement du fond mondial pour l’environnement à hauteur de 30 mille dollars est en cours.
Un volet de sécurisation et valorisation du lac. “L’idée est de protéger les enfants et les visiteurs autour du lac. Nettoyer cette zone permettra d’attirer les touristes.
Autre volet, nous devons tenir compte de ceux qui gagnaient leurs vies aux alentours : une pépinière, des plantes fruitiers et forestiers et d’autres semences. ”, indique le coordinateur du projet micro finance du Pnud. À la fin du reboisement,à quelques mètres du lac, le ministre de l’Environnement, Houmedi M’saidie, rend hommage aux personnes qui ont tenu à protéger cet endroit très riche à bien des égards. “Il ne s’agit pas simplement d’une forêt, mais d’un lieu touristique.
C’est un devoir pour nous de mieux sauvegarder cette richesse naturelle pour les générations futures. Nous ressentons cette fraîcheur avec des anciens arbustes qui sont rares”, constate-t-il.Le ministre de l’Environnement rassure que cette richesse sera protégée et valorisée au profit des localités riveraines. Il encourage enfin la jeunesse à s’impliquer davantage dans la politique de reboisement prôneé par le chef de l’État “un Comorien, un arbre”.