La cinquième édition de la fête dédiée à la roussette de Livingstone s’est tenue le dimanche 28 décembre dans le village de Wallah-Mirereni, dans la région de Mledjele, au sud de l’île de Mwali. L’événement, devenu un rendez-vous annuel, a été organisé grâce à la collaboration entre le Parc national de Mwali (Pnm) et le Mouvement pour le développement socio-économique et culturel de Wallah-Mirereni (Mdsecom), avec l’appui technique de l’Ong Dahari et le soutien des autorités locales.
La célébration a mobilisé de nombreux acteurs : gendarmerie, police nationale, organisations nationales et internationales de protection de l’environnement, responsables du Pnm et habitants de la localité. Tous ont répondu présents pour sensibiliser à l’importance de préserver la roussette de Livingstone (Pteropus livingstonii), une espèce endémique des Comores et emblématique de la région.
Parmi les dix espèces de chauves-souris recensées dans l’archipel, la roussette de Livingstone se distingue par sa rareté et ses dimensions impressionnantes. À l’âge adulte, elle peut atteindre une envergure de 1,40 mètre pour un poids d’environ 700 grammes. Au pelage noir, cette chauve-souris se nourrit principalement de feuilles et de fruits d’une quinzaine d’essences forestières, notamment l’Albizia lebbeck et le Ficus pirifolia.À Mwali, la protection de cette espèce est une priorité ancienne. À l’image de la journée dédiée à la tortue marine célébrée chaque 28 mai à Itsamia, le Mdsecom s’est approprié cette fête afin de renforcer la sensibilisation communautaire à la préservation de la biodiversité exceptionnelle de l’île. Les résultats sont encourageants. De nouveaux sites de dortoirs ont été identifiés dans les forêts de Niumashiwa, au sud de l’île, ainsi qu’à l’ouest du village de Miringoni.En mai dernier, l’Union internationale pour la conservation de la nature (Uicn) a d’ailleurs reclassé la roussette de Livingstone, passant de la catégorie «en danger critique d’extinction» à celle «en danger». Une évolution saluée par les responsables du Parc national de Mwali comme la preuve que les efforts de conservation portent leurs fruits. Les données de suivi indiquent une augmentation notable de la population entre 2020 et 2024, avec une moyenne annuelle de 598 individus : 486 en 2020, 556 en 2021, 535 en 2022, 629 en 2023 et 782 en 2024.
«Cette hausse est attribuée aux efforts de reboisement et d’aménagement menés conjointement par le Pnm et le Mdsecom, notamment à travers de vastes opérations de plantation d’arbres», explique Mouchdadi Madi Bamdou, directeur par intérim du Pnm. Selon lui, des études ont également permis d’identifier de nouveaux dortoirs et des zones d’alimentation clés. «Actuellement, la population de la roussette de Livingstone est stable, même si les menaces sur son habitat demeurent», précise-t-il.
À ce jour, six dortoirs sont connus à Mwali et vingt à Ndzuani. Un accord de cogestion impliquant Dahari, le Parc national de Mwali et des paysans a été signé afin de garantir la survie de l’animal. Pour rappel, en 2012, l’Uicn avait classé la roussette de Livingstone parmi les cent espèces les plus menacées au monde, principalement en raison de la dégradation de son habitat naturel. Au-delà de son potentiel économique lié à l’écotourisme, l’espèce joue un rôle écologique essentiel : pollinisation des fleurs, dissémination des graines, régénération des forêts et protection des bassins versants.
