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Énergie et entreprises Stabilité énergétique : Que du bonheur ?  

Énergie et entreprises Stabilité énergétique : Que du bonheur ?  

Société | -   Sardou Moussa

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A Ndzuani, à l’heure de la célébration du premier anniversaire du mandat d’Azali, l’on se congratule sur l’heureux dénouement de plusieurs années de pénurie d’électricité, qui pouvaient durer des mois dans certaines régions du pays. Des boulangers, comme des restaurateurs et autres expriment leur joie, certains avec quelque bémol. Reportage.

 

Le premier anniversaire du président Azali assoumani au pouvoir se fête ce jeudi 25 mai à Ndzuani, autour d’un bilan largement dominé par la résolution du problème énergétique.

L’heureux dénouement donc de plusieurs années de pénurie d’électricité, qui pouvaient durer des mois dans certaines régions du pays. A cette occasion, un petit tour dans quelques entreprises du chef-lieu de Ndzuani, Mutsamudu, a permis de prendre le pouls actuel du secteur industriel, premier bénéficiaire de cette stabilité énergétique.

A l’entrée de Fukuju, le pain grille à longueur de journée.   Il y a quelque temps,  il grillait seulement aux heures du grand bruit produit par le groupe électrogène de cette boulangerie.

C’est que la production a augmenté, comme l’affirme   Ramzane Hassani, gérant. «La production avait bien entendu baissé avec le manque d’électricité, et avec elle bien entendu les recettes. A vrai dire on pouvait juste produire assez pour payer les charges de l’entreprise, mais pas pour espérer des bénéfices», dit-il.

«Le pain est beaucoup plus consommé dans les villages, et je présume alors que lorsque l’offre devient régulière, cela booste aussi le secteur de l’épicerie. Il faut maintenant qu’Eda arrive à maintenir cette centrale en bon état pour que l’on ne retombe pas encore dans la crise. J’aimerais aussi qu’Eda révise à la baisse le prix du kilowatt», ajoute-t-il.

La concurrence de l’informel

A quelques encablures de là, à la place Mzingaju plus exactement, Ahmed Abdoulhamid alias Lava tient son restaurant, Raycha, vieux de déjà dix ans. Même satisfecit, mais avec quelque bémol.  «Nous rendons grâce à Dieu et remercions les efforts du gouvernement, car nous avons essuyé beaucoup de perte par le passé.

Le travail était pratiquement impossible. L’on ne pouvait pas stocker… on jetait des denrées après deux ou trois jours…», se remémore-t-il sur le ton du soulagement. Le bonheur cédera pourtant vite la place à l’amertume, lorsque lui vient à l’esprit les autres difficultés  à surmonter

. «Le gouvernement doit, toutefois, savoir que nous avons loué des maisons, employons des gens et perdons du temps… depuis janvier je n’ai pas pu payer mes employés et pourquoi ? Tout simplement parce que maintenant les marchés proviennent du gouvernement et la concurrence est rude ! Mais pas que cela : il y a surtout que certains vous demandent des factures pro forma mais après ils attribuent le marché à  des individus  dans leurs foyers, et pourtant nous autres payons des impôts…»

L’envahissement des produits importés

Disons que les soucis de Lava n’ont rien à voir avec l’électricité, mais plutôt avec le clientélisme et la concurrence du secteur informel, «ce contre quoi doit maintenant lutter le gouvernement pour assainir davantage le climat des affaires», comme il le pense.

Mais s’il y a par contre un secteur que la stabilité énergétique est loin d’arranger, c’est bien celui   du commerce et fourniture de service liés aux énergies renouvelables, encore florissant il y a quelques semaines.

Misbahou Nabhani, gérant du magasin Sun Power Energy, qui vend des kits photovoltaïques, en sait quelque chose. «Nos ventes ont effectivement baissé depuis le rétablissement de l’électricité.

Nous pensons, pourtant, que les gens ne devraient pas renoncer à s’équiper en solaire, pour leur propre économie et pour plus d’indépendance énergétique. Nous pensons aussi que cela pourrait réduire la surcharge de la société d’électricité, qui devrait d’ailleurs nous voir comme des partenaires et non pas des concurrents.

J’espère, d’ailleurs, que l’on pourra un jour s’asseoir autour de la même table pour discuter de cette approche des choses», confie-t-il. Lorsque l’on met à l’épreuve le secteur industriel par rapport à la question énergétique, l’on voit bien que toutes sortes d’impressions émergent. 

Mais celles arrachées auprès de ces menuisiers de Haibara (les deux hommes, tout en refusant d’être interviewés, ne cessaient pourtant de gémir) laissent pantois.

«L’électricité est là, c’est vrai, et c’est bien. Mais chez nous rien n’a changé ! Il n’y a pas plus de travail qu’hier ! Parce que, déjà, l’argent se fait rare, et de deux le gouvernement laisse les importations de meubles nous envahir ! Donc électricité ou pas électricité, pour nous le quotidien reste inchangé !»

 

 

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