Depuis plusieurs années, l’archipel progresse lentement mais sûrement vers une forme d’indépendance énergétique. L’installation croissante de panneaux photovoltaïques à travers les régions, notamment sur les toits des habitations, illustre cette transition. Toutefois, cette évolution requiert des engagements concrets pour assurer le succès et la durabilité de ces projets.«L’énergie solaire spatiale offre un potentiel révolutionnaire, mais elle soulève aussi des défis technologiques, économiques et environnementaux majeurs. Pour l’instant, aux Comores, nous en sommes encore à un stade expérimental. En revanche, des pays comme le Japon, la Chine ou les États-Unis y investissent déjà activement. Face à ce succès grandissant, je pense qu’il est nécessaire d’adopter une approche équilibrée, responsable et durable, reposant sur une planification intelligente et une implantation réfléchie des projets», explique Mohamed Maanloum, ingénieur en environnement au Bureau géologique des Comores.
Les effets thermiques potentiels liés à l’usage des panneaux solaires
Il précise également que l’installation de centrales solaires sur des terrains volcaniques, très présents dans le pays, peut avoir des impacts environnementaux spécifiques. «Même si la végétation semble rare, ces zones abritent souvent des espèces endémiques, adaptées à des conditions extrêmes. Les installations solaires peuvent perturber ces écosystèmes discrets mais fragiles, en accentuant par exemple les risques d’érosion ou de déstabilisation des sols. Le décapage du sol ou le bétonnage peuvent perturber le drainage naturel, surtout en cas de pentes importantes ou de roches friables », souligne-t-il. Par ailleurs, il alerte sur les effets thermiques potentiels liés à l’usage des panneaux solaires. « En réfléchissant davantage la chaleur, ces installations peuvent accentuer l’échauffement du sol, modifiant les microclimats locaux et asséchant la faible couverture végétale existante. Si la zone d’implantation est encore géologiquement active, cela peut aussi poser un risque pour la sécurité des infrastructures et pour l’environnement en cas d’incident », ajoute-t-il.
Pour que l’énergie solaire se développe de manière durable aux Comores, plusieurs mesures d’accompagnement sont nécessaires, même si les impacts environnementaux peuvent paraître limités à première vue. « Il faut privilégier l’installation des panneaux sur les toitures, les parkings, les friches industrielles ou d’autres surfaces déjà artificialisées, plutôt que sur des terres naturelles ou agricoles, tout en évitant les zones écologiquement sensibles», recommande Mohamed Maanloum.
Il insiste également sur la nécessité d’informer la population. «Il est essentiel de sensibiliser les citoyens aux avantages, mais aussi aux limites et aux bons usages de l’énergie solaire. Des politiques claires doivent être mises en place pour intégrer efficacement les énergies renouvelables, accompagnées d’un suivi environnemental sur le long terme. En outre, des études d’impact environnemental devraient être exigées pour chaque projet de grande envergure. Pour que l’énergie solaire représente une véritable solution, il faut combiner innovation technologique, gouvernance environnementale et justice sociale », conclut-il.