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Évacuation de l’«Hayuan 5» I Entre patience et exaspération au port de Moroni

Évacuation de l’«Hayuan 5» I Entre patience et exaspération au port de Moroni

Société | -   Youssef Abdou

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Devant le petit quai du port de Moroni, la silhouette de l’«Hayuan 5» flotte toujours. Couché dans les eaux depuis la nuit du 10 septembre dernier, ce navire tanzanien, qui a chaviré après avoir débarqué ses passagers, bloque une grande partie de l’accès. Les bateaux de commerce et de cabotage doivent manœuvrer avec prudence, tandis que les habitués du port observent avec inquiétude cette épave qui s’impose dans leur quotidien.
Sur place, un agent des services portuaires explique que la Soci

été comorienne des ports (Scp) prépare les opérations de renflouage. «Nous sommes actuellement dans une phase logistique pour préparer une opération complexe. Une grande grue a été dépêchée depuis Ndzwani et des spécialistes comoriens volontaires interviendront», a-t-il affirmé. Il précise que ces travaux dépendent notamment des conditions de marée. «Nous attendons une marée exceptionnellement basse afin d’installer de grands récipients remplis d’air qui redonneront de la flottabilité à la coque. À ce moment-là, l’engin mécanique soulèvera le navire. Chaque détail compte pour ne pas l’endommager», a-t-il précisé. Toutefois, aucune intervention ne pourra être lancée sans l’aval de l’assureur du bateau, basé à Madagascar. «Sans ce feu vert, aucune opération n’est possible, pour des raisons de responsabilité et de couverture des coûts», a souligné notre source.


Sur le plan sécuritaire et environnemental, ce responsable, qui a requis l’anonymat, s’est voulu rassurant. «Du carburant est encore présent à bord, mais aucune fuite n’a été constatée jusqu’ici. Nous avons donc le temps d’agir avant tout risque de pollution», a-t-il assuré. Et concernant la cargaison, il assure que le tri a déjà été effectué : «Les accessoires en plastique, comme les chaises et divers matériels, ont été stockés au grand magasin du port. Quant aux denrées alimentaires abîmées, elles ont été mises de côté puis incinérées par l’Inrap pour éviter tout danger sanitaire.»


Selon lui, l’opération d’évacuation «n’est plus qu’une question de jours». Mais sur le terrain, la situation devient pénible pour les travailleurs. Abdouli Farez, manutentionnaire au petit quai, a ainsi exprimé son agacement : «Franchement, on n’en peut plus. Depuis que ce bateau a échoué, on doit chaque jour faire des acrobaties pour passer d’un bateau à l’autre, parfois en sautant avec des colis sur le dos. C’est dangereux et épuisant. Le quai est devenu un vrai parcours du combattant. On attend que ça bouge, mais ça traîne toujours.»
Contactée par téléphone, une autre source technique confirme que les procédures sont déjà engagées.


«On ne peut pas soulever un navire comme n’importe quel objet. Il faut du temps. Le bateau est coincé, mais pas endommagé. Il a chaviré car il était trop chargé et mal arrimé, mais aucune collision n’a eu lieu. Presque toute la cargaison a été extraite, sauf le carburant, afin d’alléger son poids. Nous devons déterminer de quel côté et de quelle manière procéder au soulèvement», a-t-il expliqué. Selon cette même source, « la principale difficulté reste une grosse pierre qui bloque encore le navire».
En attendant l’arrivée imminente des experts, l’«Hayuan 5», véritable fantôme d’acier au cœur du port de Moroni, demeure le symbole des limites, mais aussi des défis, de la sécurité maritime aux Comores.

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