logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

Évasion d’Abderrahmane Mourad I Entre accusations de complicité et démentis officiels

Évasion d’Abderrahmane Mourad I Entre accusations de complicité et démentis officiels

Société | -   Chamsoudine Said Mhadji

image article une
Abderrahmane Mourad, l’homme suspecté de trafic de drogue qui s’est évadé de l’hôpital de Santé militaire de Moroni le 26 juillet et qui a quitté le pays le lendemain en passant par l’aéroport de Hayaya, affirme avoir été aidé par des gendarmes. Une allégation fermement rejetée par le patron de la gendarmerie, qui, de son côté, dénonce une surveillance défaillante.

 

L’évasion d’Abderrahmane Mourad, survenue dans la nuit du 26 juillet à l’hôpital de Santé militaire, continue de faire grand bruit. Alors que le fugitif accuse certains gendarmes de l’avoir aidé à s’évader, le commandant de la gendarmerie nationale, le colonel Tachfine Ahmed, nie fermement toute implication de ses services.
Abderrahmane Mourad est arrêté le 16 avril 2025 à l’aéroport international de Hahaya, soupçonné d’importation et de détention de stupéfiants. Me Djamal El-dine Bacar, son avocat, rappelle que son client avait d’abord été placé en détention provisoire, puis libéré provisoirement avant d’être réincarcéré le 26 mai, une décision qualifiée d’« arbitraire » par le détenu lui-même.


Selon le colonel Tachfine, l’arrestation de ce dernier faisait suite à la surveillance d’un Franco-Comorien impliqué dans un trafic de drogue entre la France et les Comores. Ce dernier aurait envoyé Mourad récupérer des colis à l’aéroport, ce qui a conduit à son interpellation par la douane. D’après son propre récit, livré à Al-watwan par correspondance, durant sa détention, Mourad aurait souffert d’une blessure au pied qui se serait infectée, et aurait aussi rencontré des troubles respiratoires. Toujours d’après lui, après une consultation au dispensaire de la prison, il est transféré le 15 juillet à l’hôpital de Santé militaire.

Malgré les recommandations d’un médecin pour un transfert vers un établissement mieux équipé, notamment l’hôpital de Samba, il reste hospitalisé sous surveillance judiciaire dans des conditions qu’il décrit comme difficiles. Le fugitif affirme avoir dû payer pour ses soins et la surveillance policière, tout en dénonçant le manque de soins adaptés, notamment entre le 18 et le 26 juillet. Le 26 juillet, Mourad parvient à s’évader. Il affirme que des gendarmes l’ont aidé, et précise même que le policier chargé de sa surveillance «ignorait tout de cette organisation». Selon lui, il a pu se «procurer un double de clé grâce à un militaire complice». Cette version des faits est vigoureusement contestée par le colonel Tachfine, qui rejette toute responsabilité collective de la gendarmerie. *

Une commission rogatoire

Il explique que «la surveillance du détenu devait être assurée par deux agents pénitentiaires et un agent des forces de l’ordre, conformément à une ordonnance du juge d’instruction». Or, «seuls un policier et aucun agent pénitentiaire n’assuraient la garde, ce qui a créé une faille majeure ». Le commandant précise aussi que « le policier responsable dormait dans la même pièce que le détenu», une situation inhabituelle et dangereuse, ce qui, selon lui toujours, «illustre une négligence dans la mise en œuvre de la surveillance». La gendarmerie, qui dispose d’une commission rogatoire, mène l’enquête ordonnée par le juge d’instruction. Toutefois, le colonel Tachfine déplore de «ne pas avoir été officiellement chargé de la surveillance». «Nous ne sommes impliqués ni de près, ni de loin», insiste-t-il, ajoutant que si des gendarmes étaient impliqués individuellement, leur nom devrait être communiqué par la défense.

Commentaires