Des administrateurs communaux ont été formés et devaient intégrer les communes, mais la plupart d’entre eux errent dehors. Les communes n’ont plus besoin d’eux ?
Ces gens ont été formés dans le cadre d’un projet de Ndzuani Gold [Agence anjouanaise de gouvernance locale et de développement, Ndlr] initié par le gouverneur Anissi Chamsidine [pendant son premier mandat, Ndlr]. Mais ce dernier a quitté le pouvoir, et les autorités qui sont venues après ne les ont pas recrutés. Et jusqu’à aujourd’hui cette situation n’a pas changé. Certains ont été recrutés ailleurs, d’autres sont restés au chômage.
Il nous revient à nous les maires aujourd’hui de valoriser ces potentiels, seulement notre situation financière ne nous incite pas à recruter des gens que l’on ne pourra pas payer. Ils pourraient proposer des projets créateurs d’emplois et générateurs de revenus aux mairies ; cela fait partie de ce qu’ils ont appris ; moi je faisais partie de leurs formateurs.L’on raconte que le gouverneur Anissi avait souhaité que ces gens soient recrutés aux postes de secrétaires généraux des communes, mais qu’il se serait heurté au refus des maires, et à son tour il aurait refusé de valider les nominations à ce poste opérées par ces derniers…
Je ne sais pas si le gouverneur avait exigé cela. Je dirais que tous les maires n’ont pas été sensibilisés sur un cadre opérationnel précis. Vous comprenez bien que la commune est une institution où on est élu, et quand on est élu il y a les électeurs qui demandent à être recrutés. En ce qui me concerne j’ai recruté quelqu’un qui ne fait pas partie de ces licenciés, mais c’est un jeune cadre qui a les compétences requises. J’admets que le mieux aurait été d’embaucher une de ces personnes, mais comme je vous l’ai dit, nous n’avons pas les moyens. Mais je crois que si le gouvernement les recrutait comme fonctionnaires avant de nous exiger de les prendre comme secrétaires généraux, cela ne poserait pas de problème.
Cela fait plus de dix ans que Ndzuani expérimente les collectivités locales, Ngazidja et Mwali s’y étant mises un peu tardivement. Mais on a finalement le sentiment que celles-ci, qui sont en permanence soutenues en formation de renforcement des capacités et en équipement, continuent de recevoir plus qu’elles ne donnent aux administrés. Car à part la délivrance d’actes d’état civil, l’on ne voit pas ce qu’elles leur apportent. Partagez-vous ce constat ?
Ce constat est vrai, et la première cause à noter est que le système communal, tel qu’il est pratiqué chez nous, est une nouvelle expérience. La population doit être sensibilisée à ne pas trop lier la municipalité avec la politique. Les citoyens doivent accepter de travailler avec les communes, payer leurs impôts communaux, et faire le suivi de la gestion de leur argent.
Les communes doivent également être soutenues par les associations locales. Je vous donnerai un exemple : dans ma commune, Moya, nous avons pu, avec des associations, décrocher plusieurs financements pour à peu près six mini-projets réalisables dans les deux ans à venir. Il faut d’autre part savoir que le budget national a prévu une subvention pour les communes, mais on tend vers la fin de l’année et aucun sou n’a été décaissé. Donc tant que la communauté n’aide pas la municipalité, celle-ci ne pourra rien faire, et il ne servira à rien à la fin du mandat de lui dresser un bilan négatif car le conseil qui lui succédera échouera de nouveau si les circonstances demeurent les mêmes.