Des notables de l'île de Ngazidja ont appelé, samedi dernier, à la paix et à la réconciliation de tous les enfants de Mbeni au terme d'une rencontre d'échanges directs à la place mythique de la ville. Les orateurs ont prêché, en bon ordre, la réconciliation, estimant que la paix et le pardon demeurent les seuls moyens pour "guérir les blessures et apaiser les âmes des victimes des incidents malheureux" survenus dans la ville le 12 octobre et les jours suivants.
"Un message de paix et de réconciliation"
La forte délégation de grands notables de Ngazidja avait un double message : que Mbeni retrouve ses valeurs, sa splendeur légendaire. Le deuxième message : que la paix règne partout et au profit de tout le monde, que l'unité soit renforcée et que la vie revienne à la normale dans la ville avec une reprise des commerces et de la liberté des mouvements et de circulation. "Nous sommes porteurs d’un message de paix et de réconciliation. Nous voulons que Mbeni renoue avec ses valeurs d’antan qui ont toujours façonné la ville, inspiré nos aînés et guidé nos rapports réguliers", a lancé le grand notable Soultoine Abdoulanziz.
"Encore une fois, nous nous voulons que Mbeni renoue avec ses valeurs d’antan et que la ville retrouve se lettres de noblesse. Cette image de Mbeni, symbole d’une ville lumière, que nos aînés nous ont enseignée doit être préservée", a insisté le notable. "Nous sommes tous attristés par tout ce qui s'est passé à Mbeni. Tout le monde était écœuré. Les incidents n'avaient pas lieu d'être. Nous déplorons tout ce qui s'est passé. Mais nous appelons au retour de la paix et à la réconciliation. Que Mbeni reste Mbeni, que Mbeni préserve ses acquis historiques d’une ville symbole dans notre pays", a encore insisté Soultoine Abdoulanziz.
L’un des porte-paroles de Mbeni, Mohamed Nour Abdoulbak, en réponse, a salué la démarche des notables de Ngazidja, rappelant, versets coraniques à l’appui, que les musulmans sont toujours appelés à se réconcilier et à s’abstenir à faire obstruction à toutes les initiatives porteuses de paix et de réconfort entre eux.
"Nous sommes tous des enfants d’Adam et de Hawa. Nous sommes presque issus de la même lignée. Il n’y a rien de meilleur que la paix. Dieu nous a exhortés à soutenir toutes les initiatives tendant à réconcilier les êtres humains. Nous avons pris acte. Et nous en ferons nôtres pour aider à l’apaisement et au retour d’une vie harmonieuse", a-t-il promis, sollicitant, toutefois, des réponses au sujet des jeunes placés en détention et les autres qui ont pris la fuite dans les champs. "Nous vous demandons de vous pencher sur ce sujet qui nous tient à cœur".
"Un discours de vérité"
Même son de cloche pour l’ancien maire de la ville, Abdillah M’baé, qui a demandé une réflexion poussée sur les évènements et une séance élargie pour sceller la réconciliation."Nous ignorons la nature de ces évènements. Il y a lieu à se poser de questions car même ceux qui étaient opposés à l’horaire du Maulid se sont joints à la fête pour commémorer la naissance de prophète. C’est dire combien la ville reste toujours unie. Pour autant, ce qui est fait est fait. Nous déplorons ce qui s’est passé de part et d’autre", a-t-il souligné. Le grand notable d’Ikoni, M’madi Ali Nohowa, connu sous le nom de "Mze Algérie" a fustigé les agissements aussi bien du côté des jeunes de Mbeni qui ont incendié délibérément les maisons, que du côté des forces de sécurité, accusées de scènes de destruction de biens dans certains domiciles privés. "On ne peut pas réconcilier les âmes sans un discours de vérité. Nous sommes très choqués par ce qui s’est passé.
Je veux que vous alliez dire au président que l’armée protège mais n’effraie pas les gens", a-t-il lancé à haute voix avant d’appeler les jeunes de Mbeni à l’ordre et les notables de la ville à l’unité. "Soyez unis et solidaires pour le bien de votre ville", a-t-il lancé. "Nous déplorons les violents incidents survenus aussi bien le 12 octobre qu'au lendemain après le retour des forces de l'ordre", a conclu le notable, réitérant le souhait des notables de Ngazidja de voir "tous les enfants de la ville tourner la page et vivre en harmonie".
Les incidents survenus le 12 octobre dernier à Mbeni ont "fait de nombreux blessés dont une douzaine grièvement", selon les témoignages recueillis ce jour-là. On parle de l’usage présumé "de balles réelles". Mais la gendarmerie a réfuté ses allégations, précisant que les éléments déployés avaient "fait seulement usage de gaz lacrymogène".
Des scènes de destruction de biens, imputées aux forces de l’ordre, ont été également enregistrées au lendemain de la dispersion du Maulid. Le parquet a annoncé l’ouverture d’une enquête. De nombreuses personnes ont été placées en détention à la caserne de Mde ya Bambao alors que d’autres auraient pris le maquis.