C’était un foyer de femme comble, plein à craquer qui a accueilli ce samedi 15 avril la première action de grande envergure concernant l’opération wuambushu. Malgré l’autorisation octroyée par la préfecture, la marche pacifique s’est finalement transformée en rassemblement. Celui-ci a été organisé par le comité maoré et le collège des sages, soutenus par d’autres organismes de la société civile. Preuve que la question de Mayotte est un combat national, l’évènement avait réuni du monde alors l’on craignait une faible mobilisation.
Le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin, prévoit en effet, selon des medias, d’envoyer, dès le 21 avril prochain, des bulldozers et des unités de polices et de gendarmes pour déloger, détruire et chasser les habitants de l’île considérés comme des sans-papiers. “Nous sommes réunis ce matin pour faire comprendre aux autorités françaises, prenant la communauté internationale comme témoin que le peuple comorien dans son ensemble est fondamentalement contre le plan génocidaire français appelé Wuambushu”, a déclaré, Hissane Guy, s’exprimant au nom du collectif Adrikni.
Selon elle, la stratégie de la France est de mettre les victimes dont la majorité est forcément des femmes et des enfants dans des camps de rétention avant de les déporter vers la partie indépendante du pays. “Un traitement inhumain comme celui qui était infligé aux juifs en Allemagne pendant la Seconde guerre mondiale”, illustrait-elle sous les slogans “abat les criminels” qui rythmaient presque chaque phrase provoquante, prononcée par les intervenants.
Maria Galanta saisi
Ce qui se prépare à Mayotte, n’est que pur volte-face par rapport au discours de l’ancien président, François Mitterrand tenu, en 1990, lors d’une visite à Moroni. Il avait déclaré ceci selon toujours Mme Guy. “Je pense que dès maintenant, nous devons prendre les mesures qui permettront une communication et des échanges constants entre les îles, Mayotte et les autres, et les autres et Mayotte. Qu’il n’y ait plus des barrières invisibles dressées, mais peu franchissables entre tous les Comoriens que vous êtes, eux et vous”, appelait feu Mitterrand. «Un vœu enterré par l’actuel gouvernement et l’Extrême droite français ainsi que les extrémistes de l’île comorienne de Mayotte à la solde de certains intérêts», ont dénoncé les intervenants du rassemblement de ce samedi auquel avaient pris acteurs politiques qu’ils soient de l’opposition ou du pouvoir.
Le président du Comité Maore pense que la première action à poser pour dénoncer Wuambushu devrait-être l’abrogation de l’accord-cadre signé en 2019, entre Paris et Moroni. “Les autorités françaises continuent de cultiver la haine entre les enfants des quatre îles pour nous diviser et nous pousser à la mendicité. Cette opération aurait pu être réalisée dans le plus grand secret, mais ils ont préféré le révéler au grand public pour nous humilier”, regrette Youssouf Atick.Le président du comité Maore a fait savoir que l’organisation a déjà saisi Maria Galanta, le navire qui transporte les expulsés.
La compagnie exploitant le bateau a été interdit de conduire les Comoriens des autres îles à Ndzuani. Une doléance qui a de la chance d’aboutir seulement si le gouvernement appuie la proposition.
En attendant, le Comité Maoré qui appelle à la solidarité africaine sur la question a déjà saisi les instances internationales à l’instar de l’Union Africaine, le conseil européen des droits de l’homme. Selon les infos relayées par la presse jusqu’à maintenant, l’opération Wuambushu devrait débuter vendredi prochain pour prendre fin au mois de juin, selon de nombreux médias.