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Economie : Chams-Eddine Tourqui, président de l’Apbf : “Le Mobile banking est un nouveau système facilitant la vie de la population”

Economie : Chams-Eddine Tourqui, président de l’Apbf : “Le Mobile banking est un nouveau système facilitant la vie de la population”

Société | -   Abdou Moustoifa

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A la tête de l’Association des professionnels des banques et établissements financiers des Comores (Apbf) depuis novembre dernier, Chams-Eddine Tourqui, qui est par ailleurs directeur général de la Maison comorienne des transferts et des valeurs (Mctv) dévoile les missions de son institution. Dans une interview accordée à Al-watwan, il a également abordé la question du mobile banking, un nouveau système bancaire qui fait son entrée dans le paysage financier du pays et qui selon lui regorge de nombreux avantages. Entretien.

 


Al-watwan : Cela fait 7 ans depuis que l’Apbef a vu le jour, que peut-on retenir de son existence ?



Chams-Eddine Tourqui : L’Association des professionnels des banques et établissements financiers des Comores est une structure composée par les banques commerciales de la place, les institutions financières comme, la Meck-moroni, la Bfc, Snpsf, Mctv, etc.

Sa principale mission est de favoriser la création d’un cadre de dialogue entre la Banque centrale et les autres établissements pour le développement du secteur bancaire du pays. Effectivement beaucoup reste à faire mais des résultats notables ont été enregistrés comme la création d’une centrale de risque.

Celle-ci permettra aux banques de mieux centraliser les risques. Elle aidera les  établissements financiers notamment dans la prévention du surendettement des clients. Aujourd’hui, l’on sera capable d’identifier un client qui est embourbé dans des dettes auprès des banques, on sera en mesure de l’empêcher d’emprunter à nouveau de l’argent.

Au fil du temps, l’Apbef s’est muée en interface entre les acteurs et les autorités monétaires. Grâce à ce cadre de concertation, nous arrivons à organiser des formations au profit du personnel des institutions membres.
 


Quelles sont  les difficultés auxquelles l’Apbef est confrontées ?  



Les difficultés existeront toujours comme c’est le cas avec toute association professionnelle. En ce qui nous concerne, je dirai que le premier souci est l’absence de disponibilité des membres devant travailler au sein de notre structure.

Nous avons même mis en place un secrétariat permanent mais le nombre des membres qui s’y engagent ne dépasse pas dix. Et ce malgré le fait que les institutions affiliées soient nombreuses.

 


Quelles sont vos perspectives ?



Premièrement nous aimerions renforcer le volet des formations quitte à avoir un centre de formation pour les agents pour ceux qui sont intéressés par les métiers bancaires. On se doit d’aider le pays en faisant un lobbying auprès des partenaires internationaux. Mais notre principale ambition est la création d’un switch national pour les cartes bancaires. C’est-à-dire faire en sorte à ce qu’il y ait une carte bancaire utilisable dans toutes les banques de la place. Que ça soit un client  de la Bfc ou Snpsf, par exemple.

 


Expliquez-nous un peu ce que c’est que le mobile banking ?



Le mobile banking est une sorte de porte-monnaie électronique, une banque mobile. Parmi ses avantages, il y a la réduction voire la fin de la circulation de l’argent en espèce. Surtout dans un pays comme le nôtre où la masse monétaire en circulation est trop élevée.

Une fois le système mis en place, il sera beaucoup plus facile de faire autant de choses comme le paiement d’une facture, l’achat d’un produit dans un supermarché, le transfert d’argent que ce soit au niveau national ou international.

Les frais de toutes ces activités vont également se réduire et on évitera aux clients d’aller faire la queue dans les agences. Il suffit seulement d’avoir son téléphone portable et d’installer l’application. Par exemple pour aider son ami en difficultés et qui se trouve à Mitsamihuli, on n’aura pas besoin d’aller chercher quelqu’un pour lui remettre l’argent. On pourra lui donner un coup de pouce en quelques minutes.

 


Quels sont les inconvénients de ce système ?



A mon avis il existe pour le moment un seul souci avec le mobile banking. Celui-ci concerne le côté technologique. Et ce sont donc ceux  qui ne maitrisent pas les nouveaux outils informatiques qui auront du mal à s’y adapter. Car tout repose sur les téléphones portables et les ordinateurs.  Et il n’est un secret pour personne que tout le monde n’est pas capable d’utiliser les applications existant dans un Smartphone ou internet.
 


Dressez-nous un tableau concernant ce nouveau système bancaire aux Comores ?



Aux Comores, le mobile banking est dans sa première étape, il s’agit d’un nouveau système qui veut se développer dans notre pays. La Maison comorienne des transferts et des valeurs est la première agence financière à avoir obtenu l’agrément de la Banque centrale. Avec son nouveau produit Wari, elle restera le fer de lance de ce nouveau système. D’ailleurs grâce à ce dernier, la population aura droit à plusieurs services.

Tout dépendra aussi de l’engouement  des structures qui vont  s’en acquérir comme les sociétés d’Etats à l’instar de la Ma-mwe ou encore les épiceries, les stations-services pour ne citer que celles-là.  Wari qui était en phase de test et qui sera opérationnel d’ici mi-mars, sera utilisable avec les deux opérateurs, Telco et Comores Telecom. Les clients n’auront qu’à télécharger une application pour créer un compte rien de plus.

 


Récemment Telco et Comores Telecom ont sollicité des agréments auprès de la Bcc, estimez-vous que les Comores sont prêtes à emprunter un tel chemin ?



On estime à 500 000 puces utilisées dans le pays dont plus de la moitié reviendrait  à Comores Telecom. Et le reste pour Telco. Il faut donc comprendre que la révolution technologique se répand rapidement aux Comores.

Personne ne croyait que l’avènement des Smartphones allait connaitre un succès pourtant on se rend compte qu’on avait tort. Avec l’accès à internet, on peut franchir le cap. D’autant plus que tout le monde n’a pas de compte bancaire. Donc il sera assez facile pour ceux qui détiennent des Smartphones de s’engager dans le système.

Personnellement j’en suis convaincu que nous sommes prêts à suivre les innovations observées dans les pays en voie de développement. Le Kenya a lancé Mpessa, ils sont aujourd’hui devenus les meilleurs dans le domaine du mobile monnaie. Pourquoi pas nous ?

 


Votre dernier mot



Le mobile banking est une aubaine pour le pays d’entrer dans une nouvelle phase technologique qui garantit une sécurité, une transparence. Il sera possible d’être payé à travers son compte sans pour autant se déplacer vers les banques, comme on peut bénéficier un emprunt bancaire en restant chez soi.

Donc les braquages, les incendies dans les supermarchés ou autres endroits utilisant la monnaie électronique système ne peuvent en aucun cas affecter le système. Certes la réglementation élaborée par la Bcc est un peu sévère, mais elle s’améliorera dans le temps.

Maintenant, les sociétés qui veulent se lancer doivent multiplier les sensibilisations pour que la population comprenne les avantages que réserve le mobile money.


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