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“Soldes” à Ndzuani : En attendant le girofle et le salaire des enseignants…

“Soldes” à Ndzuani : En attendant le girofle et le salaire des enseignants…

Société | -

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Parcourue ce mercredi, Mutsamudu, le chef-lieu de l’île de Ndzuani, offre peu l’apparence d’une ville animée par les fameuses soldes de fin de ramadan, autrement dit le commerce à bas prix des articles vestimentaires destinés à la fête de l’Aïd el fitr.

 

Si le jeûne du mois sacré n’a jusqu’ici pas été durement ressenti par la population, grâce aux prix abordables des aliments (songes à 600 francs le kilos, ailes de poulets à 1.000 francs, un type de viande à 1.250 francs et la bonite qui pouvait parfois descendre jusqu’ à 750 francs le kilo, etc.), cela ne semble pas être le cas pour les dépenses liées à l’Aïd.

Dans les rues de Mtsamdu, commerçants comme acheteurs, chacun de son côté, grommelle son amertume. “Pour moi les soldes de cette année sont loin de ceux des années passées. Et pour cause, il n’y a pas d’argent”, lance laconiquement Abou Ahmed Achiraf, parent de cinq enfants, habitant le quartier de Habomo.

Notre interlocuteur est aussi journaliste. Et lorsqu’on lui demande comment, à son avis, s’explique cette “crise financière” au moment où les agents de l’État n’accusent pas d’arriérés de salaire, voici sa réponse : “déjà l’Aïd ne tombe pas pendant la cueillette du girofle.

Puis, les gens que l’on interroge au sujet de cette raréfaction de l’argent disent presque tous la même chose, à savoir qu’elle est aussi due au non paiement des enseignants, qui forment la grande majorité des fonctionnaires”.

Il est vrai que jusqu’à présent, tous les autres fonctionnaires ont été payés sauf les enseignants. Inutile d’ailleurs de relayer leur émoi, qui est tout simplement énorme.

Mais pour les marchands aussi, “tout n’est pas rose”. Djambaz, de son surnom, vend des habits place Mroni.  Plutôt déçu, il confie : “les gens n’achètent pas. Les ventes ont régressé.

Si tu parviens à vendre pour 5.000 francs à la fin de la journée, c’est déjà pas mal…” “En fait le pouvoir d’achat de la population serait plus conséquent si, en plus du paiement des fonctionnaires, il y avait d’autres entrées comme pendant la récolte du girofle, mais ce n’est pas le cas en ce moment”, raisonne notre interlocuteur. Encore et toujours le… girofle.

 

Le girofle, encore et toujours …

Les temps sont donc durs chez les importateurs de vêtements neufs. Mais aussi chez les fripiers. “Beaucoup de parents achètent les vêtement de leurs enfants chez moi, car ce sont certes des habits qui ont déjà servi, mais de bonne qualité.

Mais cette année l’argent est parti en Inde”, ironise ainsi Mouhtar Assane, gérant d’un magasin de friperies dans le quartier de Hayibara.

 

 

En dehors du manque d’argent, il faut dire que les prix aussi semblent avoir pris leur envol. Le constat est général, et les commerçants pointent du doigt la “rigidité douanière actuelle”.

“La douane est devenue encore plus chère qu’avant ! La valeur calculée par nos transitaires n’est souvent pas prise en compte par le receveur, et l’on est à la fin sommés de payer une sommes toujours plus élevée”, se plaint par exemple un autre jeune commerçant du quartier Hampanga.

Ce que le receveur des douanes de Mutsamudu, Farid Abodo, qualifie toujours de faux-problème, en affirmant qu’”aucun tarif douanier n’a été revu à la hausse mais que c’est le copinage qui a pris fin au niveau douanier”. Ce qui est déjà beaucoup.  

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