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Amiredine Abdou, le sélectionneur des Cœlacanthes : Nos joueurs n’ont plus de complexes d’infériorité!

Amiredine Abdou, le sélectionneur des Cœlacanthes : Nos joueurs n’ont plus de complexes d’infériorité!

Sports | -   Maoulida Mbaé

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“Au sujet de la problématique des résultats, la fédération peut proposer des objectifs à atteindre et fournir, évidemment, les moyens pour. Désormais, se qualifier à la Can 2021, c’est faisable parce que les joueurs n’ont plus de complexes d’infériorité. Ils savent que nous sommes capables ensemble d’aller chercher un résultat. Ils ont pris de l’assurance”.

 


Les avis divergent quant à une probable qualification des Comores en cas de victoire, en mars prochain, contre le Cameroun. Où en est-on vraiment?


 Chacun y va de son hypothèse. Personnellement, je n’en fais pas une obsession. Simplement parce que nous sommes très limités en terme d’effectif. Quoique ce serait une bonne manière d’achever ces éliminatoires que d’arriver à arracher un résultat à l’extérieur. Je me réjouis déjà du nombre de points que nous avons, même si j’estime que nous aurions pu mieux faire. Je nourris, cependant, quelques regrets par rapport aux matchs allers contre le Malawi, le Cameroun et le Maroc. Un peu moins pour ce qui est de l’opposition contre le Maroc à Mitsamihuli. Je pense, en effet, que le score était équitable. Nous avons, certes, été les premiers à ouvrir la marque, mais les Marocains ont su exploiter notre temps faible et nous mettre en difficulté. Avec le point perdu face au Maroc à Casablanca et les deux points lâchés face au Cameroun à Mitsamihuli, nous aurions pu avoir trois points de plus. Je regrette ces points perdus. Mais par rapport à cette campagne, nous nous étions fixés comme objectif de faire mieux que les éditions précédentes. Nous avons commencé avec un point, sommes passés à trois points et en sommes aujourd’hui à cinq. L’équipe est en progression.


L’équipe a cédé des points au Cameroun et au Maroc dans le dernier quart d’heure, alors que nous menions au score. Comment expliquer ce temps faible?


 Nous n’arrivons pas à maintenir la cadence parce qu’il y a des déficiences au niveau athlétique. Les joueurs ne sont pas tous au même niveau en matière de préparation. Des joueurs comme Fouad Bachirou, Youssouf M’Changama et Mohamed El Fardou sont en activité, ils enchainent les matchs avec leurs clubs respectifs. D’autres comme Kassim Abdallah et Chaker Alhadhur sont soit sans clubs ou n’y jouent pas. Ils rendent certes de bonnes copies en sélection, mais leurs rendements seraient encore meilleurs s’ils pouvaient enchainer les matchs. D’un autre côté, les joueurs titulaires en clubs arrivent extenués. La condition physique n’est pas la même. Voilà pourquoi à partir de la quatre-vingtième minute l’équipe commence à flancher. Certains peuvent se demander légitimement pourquoi je ne mets pas des jeunes ou des locaux. Mais les joueurs cités sont compliqués à remplacer, compte tenu de leur apport. Et il y a trop de paramètres à prendre en compte. Les matchs internationaux amènent de l’adrénaline, ils demandent une certaine maitrise de soi. Ce sont tous ces détails qui font que nous n’arrivons pas à être performants dans la durée. En somme, le grand problème avec cette sélection c’est que l’effectif est trop juste. Nous devons l’étoffer.


Certains parlent de “limites” constatés lors du dernier match contre le Malawi. Y a-t-il des noms qui vous viennent particulièrement à l’esprit pour étoffer un peu plus l’effectif?


 Nous avons surtout une défaillance au niveau défensif. Nos centraux ne sont pas des défenseurs de formation. Kassim Abdallah a commencé à jouer à ce poste sous ma houlette, et Nadjim Abdou est à la base un milieu défensif. Les prétendants à ce poste ne se bousculent pas. Si des joueurs ne s’émancipent pas dans les mois qui viennent, nous allons être en grande difficulté. Des joueurs comme Ahmed Soilihi, Kassim M’Dahoma ou encore Ancoub Mze Ali ont un très grand potentiel. Ce sont des joueurs d’avenir. Mais il faut qu’ils jouent au plus haut niveau pour pouvoir évoluer. Il y a des joueurs de qualité qui n’ont jamais endossé le maillot de la sélection. Myziane Maolida, par exemple, qui a préféré pour le moment se consacrer à l’équipe de France des jeunes. Nous respectons ce choix. Rafidine Abdullah avait fait de même, avant de nous rejoindre. Je peux citer également Wesley Saïd. Nous l’avons contacté et échangé. La décision lui revient. Ce serait une arme supplémentaire pour franchir un palier. La première c’était une phase découverte, la deuxième c’était pour engranger de l’expérience et dans la troisième il faut que nous concrétisions pour aller chercher une qualification. Et pour concrétiser, il faut un groupe et un complément de joueurs.


Les joueurs locaux ne sont-ils pas en mesure de jouer ce rôle?

 La pression n’est pas la même en sélection nationale. Les joueurs locaux qui viennent compléter le groupe ont ce complexe d’infériorité, un manque de confiance en soi qui fait qu’ils commettent des erreurs individuelles. Seul Fasoiha Goula (milieu de terrain de l’Us Zilimadjuu, Ndlr) sort du lot. Il est en décalage par rapport au championnat local, et on le ressent à l’entrainement. Il n’y a pas une grosse différence avec les autres. Pour que les locaux puissent progresser, il faut qu’ils jouent à la Ligue africaine des champions, à la Cosafa Cup pour acquérir de l’expérience. Il faut également une meilleure préparation. Notre dernière participation à la coupe Cosafa a été un échec, parce que la préparation a été escamotée. L’on ne prépare pas une équipe à une compétition en trois jours. Il y a aussi la possibilité de faire des stages en amont avec une quinzaine de joueurs. Un sélectionneur doit être en mesure de jauger tous les joueurs. Je ne connais pas les joueurs locaux. C’est par le biais des membres techniques qu’il y a ici que je les sélectionne. Ce sont des projets que la fédération peut mettre en place. Je reste persuadé qu’avec une bonne préparation les locaux peuvent passer un cap aux niveaux du Chan et de l’équipe A.


Votre contrat prend fin le 30 novembre prochain. Y a-t-il de discussions en vue d’une prolongation ? Si oui, où en sont-elles?


 Ben Amir Saadi, Darouech et moi avons rencontré, samedi après le match, le président de la fédération. Nous avons échangé sur la reconduction du contrat. Il ne s’y oppose pas, mais reste suspendu à des problèmes de finances. Les deux parties veulent la reconduction, mais l’une ne veut pas revivre la difficulté qu’elle a eu à payer un sélectionneur pendant que l’autre ne veut pas rester deux voire trois mois sans être payée. L’Etat doit être associé aux échanges. Bien sûr, tout ne se résume pas à ça. Il faut, par ailleurs, établir un budget de fonctionnement. Si nous arrivons à trouver un terrain d’entente sur ces points, sûrement qu’il y aura une reconduction. Les échanges en tout cas se poursuivent, et sont sur la bonne voie. C’est du 50/50. Au sujet de la problématique des résultats. La fédération peut proposer des objectifs à atteindre et fournir, évidemment, les moyens pour. Par exemple, participer à la Can 2021. C’est faisable. Parce que les joueurs n’ont plus de complexes d’infériorité. Ils savent que nous sommes capables ensemble d’aller chercher un résultat. Ils ont pris de l’assurance. Et si les objectifs n’étaient pas atteints, on rompre le contrat.



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