Vous êtes deux candidats à briguer la présidence de la fédération de boxe, estimez-vous avoir des avantages particuliers par rapport à votre adversaire?
Mohamed Abdou Mbechezi (MAM) : C’est d’abord ma disponibilité au service de la boxe et des boxeurs. Nous devons mettre fin à la trop longue absence de président pour cette instance. Une absence devenue structurelle du président sortant pour des raisons personnelles qui fait que le navire donne l’impression d’avancer au gré du vent.
C’est difficile de parler de soi, mais je considère que ma force principale, c’est mon projet qui a l’ambition de transformer la boxe de notre pays. C’est aussi une équipe dynamique, solidaire et ambitieuse qui a la volonté de changer d’une manière radicale la manière de travailler du bureau exécutif.
Saïd Mohamed Mdahoma (SMM) : Comparer mes forces par rapport à mon challenger, Mohamed Abdou Mbechezi, me semble difficile vu qu’il n’est pas issu du monde de la boxe. Je ne saurais donc pas l’évaluer. Je sais seulement qu’au niveau sportif, il a été membre de la fédération de cyclisme. Seuls ceux qui l’y ont connu pourront apprécier son travail. Je sais aussi que sur le plan professionnel, il a été, il n’y a pas si longtemps, conseillé du président de la République.
Quels seront vos principaux projets à la tête de la Fcb?
MAM : L’ambition de redonner vie à la boxe qui fût une discipline populaire. Ces dix dernières années la boxe a perdu du terrain, des athlètes et des supporters. Nous avons l’ambition de développer la boxe à l’école ainsi que la boxe féminine. Nous souhaitons passer au professionnalisme et permettre à nos meilleurs boxeurs de vivre de leur passion.
La formation des athlètes, des entraîneurs et des dirigeants sont des priorités que nous mettrons en place très rapidement. Enfin, la boxe doit être aussi et surtout une ambassadrice de la lutte contre la violence.
SMM : Pour comprendre mes projets, il faut regarder d’où on vient : avant mon élection en 2010, la fédération de boxe était morte. Personne n’en voulait. Avec mon équipe, nous l’avons remis sur les rails et avons pu réintégrer l’Aiba, devenue Iba aujourd’hui et l’Afbc. Nous avons également rénové la salle de boxe de l’Institut de la jeunesse et des sports grâce à un appel à l’aide internationale. Nous avons obtenu enfin de la part de l’Iba un ring de compétition et divers matériels le tout en cours d’expédition.
La boxe est la discipline comorienne qui a remporté le plus de médailles aux JIOI 2019, pensez-vous qu’elle soit capable de rééditer cela à Madagascar en 2023?
MAM : Aux jeux de 2019, nous avons remporté cinq médailles dont une d’argent et quatre en bronze. Nous devons faire mieux à Madagascar et viser l’or dans, au moins, deux catégories. Mon équipe et moi avons, déjà, le plan d’action devant nous permettre de faire des Jeux de Madagascar notre premier vrai test de préparation pour les Jeux de 2027 que le Cosic et les autorités comoriennes veulent organiser au pays.
Saïd Mohamed Mdahoma a été président de la Fcb de 2010 à 2020, soit dix ans. J’ai le plus grand respect pour le président sortant. Cependant, pour ce qui est du bilan, je me permets de dire qu’il n’est pas du tout satisfaisant. Je pense même que durant cette période la boxe fut un sport délaissé alors qu’elle fût très populaire dans nos villages avant sa mandature. La discipline a complètement disparu de l’espace publique.
Le président sortant a aussi délaissé la famille de la boxe, surtout à Mwali et à Ndzuani. La majorité des membres de la famille se sent orpheline. Je regrette aussi une gestion très concentrée et opaque de la fédération de boxe.
Ce qu’il nous faut, c’est une gestion inclusive et participative dans les organisations et il faut malheureusement constater que le bureau exécutif n’a pas su gérer des crises internes qui ont fait naître des divisions et des clans au sein de la famille.
Par ailleurs, je ne m’explique pas comment, en dix ans, la discipline n’a pas pu se doter d’un siège social contrairement à de nombreuses fédérations comoriennes qui y sont parvenues. Il est vrai, certes, que le bureau exécutif a réussi à nouer des contacts et des relations avec l’Iba, mais les intérêts semblaient plus personnelles que collectives.
SMM : Je compte équiper tous les clubs, organiser régulièrement les championnats régionaux et nationaux et me projeter vers l’international. J’engagerai des travaux d’extension de la salle en y ajoutant des vestiaires, une salle de soins de première urgence, une salle de réunion et de construction du siège de la fédération. L’étude de sa faisabilité et les plans sont terminés. La demande de son financement est en cours auprès de la Solidarité Islamique.
Je vais lancer une coopération régionale pour préparer, dans de bonnes conditions, les jeux des îles de l’Océan indien, avec comme objectif de préserver notre rang actuel et le dépasser dans un proche avenir. D’ailleurs, une délégation du Comité régional de la boxe de la Réunion sous l’égide de la fédération française de boxe devait effectuer une mission à Moroni du 31 mai au 5 juin 2022, mais les autorités de la sécurité nationale nous ont demandé, avec insistance, de reporter leur voyage.
De même, j’envisage d’introduire, dès cette année, la boxe en milieu scolaire et promouvoir la boxe féminine.
Quelles sont, selon vous, vos chances d’être élu à la tête de la boxe comorienne?
MAM : Je ne veux pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, celle serait manquer de respect à l’endroit des clubs. Mais avec mon équipe, nous avons mené un excellent travail de proximité qui a suscité de l’espoir dans la famille de la boxe de notre pays et je suis très confiant.
SMM : Je me garde de tous pronostics.