De l’avis de tous, le football comorien progresse. Il a fait parler de lui notamment aux termes des matchs aller des préliminaires des tournois majeurs de club de la Confédération africaine de football où Ngazi sport de Mirontsi ya Ndzuani et Ngaya club de Mde qui représentent les Comores ont fait des matchs de parité de un but à un devant l’Aspl 2000 de Maurice et l’Uniao Songo de Mozambique.
Certains parlent de “progrès enregistrés” par des clubs locaux. D’autres encore, de “maturité”.
Le football comorien est beau à voir. Ngaya joue à l’anglaise. Ses joueurs conservent le ballon à l’arrière le temps qu’il faut avant de se lancer vers le camp adverse. Ils gèrent bien la balle et sont costauds physiquement. J’ai adoré leur façon de jouer même s’ils ont raté beaucoup de passes, a constaté l’entraineur de l’Uniao de Songo, Francisco Conde Junior.
Même son de cloche, chez l’ex-directeur technique national de football, Youssouf Ahamada Bachirou qui trouve que le football comorien s’améliore. “Un travail incontestable se fait au niveau des clubs. J’ai remarqué que Ngaya avait opté pour un long moment d’observation. Il avait un adversaire prenable, mais il a préféré l’attendre au lieu de jouer haut et a été desservi par trop d’imprécisions dans les passes”.
Lors des précédents matchs des compétitions de la Caf, les Comoriens jouaient sans repères. Ils encaissaient des pluies de buts. En 2008, Young African de Tanzanie avait corrigé Etoile d’or de Mirontsi, avec huit buts à un et six à zéro avant d’écraser, en 2017, Ngaya par cinq buts à un à Moroni.
Pour sa part, Apaches club de Mitsamihuli avait été laminé, en 2010, par Ferroviario de Maputo (2-5, 4-1), Elan club de Mitsudje battu, en 2011, par Simba sport de Tanzanie, zéro à zéro et quatre à deux, pour ne citer que ces quatre confrontations.
“Je crois aux talents de nos footballeurs”
Mais aujourd’hui, la donne a changé. Les Comoriens gagnent des matchs. Ils reviennent, parfois, au score dans les dernières minutes de jeu après avoir été menés. Ce renversement est le résultat d’une bonne condition physique, d’une meilleure concentration chez les joueurs et de l’accumulation de plus d’”expérience” de la part des équipes.
Nos équipes manquent, certainement encore, d’expérience, mais elles apprennent vite. Il est arrivé au Ngaya de jouer dans la précipitation, ce qui lui a fait perdre beaucoup de ballons mais, dans l’ensemble, ses joueurs ont fait un bon match, a commenté le vice-président de la fédération de football des Comores, le colonel Youssouf Idjihadi.
Le directeur général de la compagnie aérienne Inter’Air îles, Seiffoudine Inzoudine, croit dur comme fer au développement “fulgurant” du football comorien. Il se fie aux “talents débordants” des jeunes footballeurs de l’archipel.
Autrement, il ne se serait pas tellement investi dans cette discipline. Il explique : “je suis dans le projet de Ngazi sport en tant que sponsor officiel depuis quatre ans. Cette année, nous essayons de professionnaliser le club en fixant des rémunérations (de 50 000 francs comoriens, Ndlr) à chaque joueur. Voir ce club participer à la coupe de la Caf est d’un grand réconfort pour moi. Je suis fier de cette équipe et heureux de la voir progresser jusqu’à représenter les Comores à une compétition internationale”. Ngazi fait partie des rares clubs de football comoriens dont les joueurs touchent des revenus en bonne et due forme, grâce à son président et homme d’affaire, Seiffoudine Inzoudine.
Cependant, rien n’est joué. Les manches retour à Maurice pour Ngazi et au Mozambique pour Ngaya club qui, ce dernier, disputera son match dans un stade de vingt mille places, ne seront pas facile à gérer. Il faut espérer, cependant, que l’expérience engrangée, samedi et dimanche à Moroni sera capitalisée pour de bien meilleures prestations de ces deux ambassadeurs nationaux sur la scène continentale.