Le sélectionneur des Coelacanthes, Amiredine Abdou, et le manager Europe de la Fédération de football des Comores, Ben Amir Saadi, ont été invité lundi dans l’émission Talents d’Afrique de Canal+. Le présentateur phare de l’émission, Vincent Radureau, a ouvert le débat en posant à Ben Amir la question de l’objet de la plainte des Comores auprès du Tribunal arbitral du sport (Tas).
Ben Amir Saadi est entré dans le vif du sujet en disant que “si un pays se voit retirer ou se déclare forfait, à moins d’un an, de l’organisation de la Can, cette Nation doit, selon les textes, être d’office éliminée, à la fois, de la compétition et de la prochaine édition”. Dans ce contexte, a-t-il rétorqué “on ne devrait plus parler, aujourd’hui, du match Cameroun vs Comores. Nous devons nous préparer, en effet, pour l’Egypte” (la phase finale, Ndlr).
Ben Amir Saadi a expliqué que “l’objectif est de faire appliquer les textes de la compétition”.
A l’exemple du Maroc
Pour mieux soutenir son argumentation, il s’est appuyé sur le cas du Maroc en 2015, qui avait demandé le report de la Can du fait que certains pays du continent avaient été touchés par le virus Ebola. La Caf avait refusé et lui a retiré l’organisation de la compétition qui avait été organisée en Guinée-Équatoriale”. Selon les mêmes règlements, “le Cameroun doit, de facto, être éliminé de cette compétition mais aussi pour celle de 2021”, a-t-il conclu.
La Caf avait, alors, infligé 9 millions de dollars de pénalité au Maroc. Elle lui a retiré les deux prochaines éditions, sans tenir compte de l’édition concernée. Pour le manager Europe de la FfC, “c’est là où, c’est intéressant parce que le Maroc n’a pas participé à la Can 2015. Mais le Maroc a ensuite fait appel au Tas, qui lui a donné gain de cause. Le Maroc ne participera pas à la Can 2015, mais il a pris part à l’édition 2017”.
On se souvient que le consultant camerounais à Canal+, Patrick Mboma, a dit avoir compris que “si le Cameroun n’organisait pas la Can, il doit se le voir retirer”, avant d’enchainer que son pays “n’a pas demandé à ne pas l’organiser. Il aurait dû avoir une amende, selon la période, de 500.000 ou de 1 million de dollar, plus des préjudices estimés. C’est pour ça que s’est passé à 9 millions de dollars pour les pénalités du Maroc”. Pour les suspensions, il a dit : “on me laissait entendre que le Cameroun ne pouvait pas participer aux éditions 2019 et 2021”.
L’autre invité de la soirée, le sélectionneur de Madagascar, Nicolas Dupuis, a considéré que “c’est un danger pour les Comores que de se concentrer dessus et d’y penser. Je pense que les Comores peuvent gagner sur le plan sportif. Pour en avoir discuté un peu (avec le président de la Caf, Ahmad, Ndlr), il n’y a rien contre ou pour les Comores ni pour ou contre le Cameroun. Pour lui, le côté sportif doit prendre le dessus”.
L’ancien Lion indomptable, Patric Mboma, a rebondi en soutenant : “c’est le terrain qui doit primer”, comme pour dire à Amiredine Abdou de se préparer au match. Ce dernier avait au départ de l’émission émis cette option. “On va jouer le match s’il le faut. Mais s’il y a des textes à appliquer au niveau administratif, il faut le faire”, avait-t-il dit.
“Deux choses différentes”
Notre confrère Philippe Doucet a posé le problème autrement. Pour lui, “dans l’esprit, on peut bien comprendre ce qui s’est passé entre la Caf et le Cameroun”. Mais, à son avis, “l’esprit est une chose, et puis après il y a la règle. Maintenant, le texte ne permet pas cet esprit que le Cameroun a fait d’énormes efforts qu’il peut organiser l’édition 2021 et participer à la Can 2019, s’il se qualifie, il n’y a pas de problème. Ça on le comprend sauf que le textes ne le dit pas comme ça”. Il estime qu’”il y a un vrai problème de fond”.
Toutefois, Vincent Radureau a rapporté l’argument de la Caf : “c’est nous qui avons fait les règlements, on fait ce qu’on veut”. Comme l’avait déclaré ouvertement, le deuxième vice-président de la Caf, Constant Omari à Tv5 Monde : “moi, je regarde la situation favorable. Les Comores doivent chercher leur qualification sur le terrain contre le Cameroun, en mars prochain”.
Le débat a été constructif vu les divergences de vue émises toujours avec le sourire. Seul gros hic : Charles Buya, un spécialiste du football continental, a présenté les Comores comme “un archipel avec trois îles”, oubliant que les Comores, c’est Mwali, Ndzuani, Mayotte et Ngazidja.
Donc, quatre îles qui, selon Amiredine Abdou, vont se battre avec la manière pour “se faire respecter et gagner le match par le Tas, s’il le faut”.