logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

Entretien avec Stefano Cusin I «On y va dans la peau d’outsider, mais avec beaucoup d’ambition»

Entretien avec Stefano Cusin I «On y va dans la peau d’outsider, mais avec beaucoup d’ambition»

Sports | -   Elie-Dine Djouma

image article une
Au lendemain du tirage au sort, l’entraineur des Comores parle de ses objectifs et émet son analyse sur les groupes et sur l’ensemble du tournoi

 

Quelle est votre impression sur le groupe A?


C’est un groupe très relevé parce qu’il y a le pays hôte, le Maroc, qui a de grands joueurs. Son équipe a joué une demi-finale de Coupe du monde et avait battu l’Espagne et le Portugal. C’est d’ailleurs la meilleure équipe d’Afrique, dans l’absolu, du moment. On a aussi le Mali, qui a balayé tous ses concurrents en gagnant presque tous ses matchs aux qualifications. Nous avons la Zambie qui a fini premier dans le groupe de la championne d’Afrique en titre, la Côte d’Ivoire et qui l’a battu.
C’est super parce que notre ambition est d’être à la Can et de jouer les matchs un par un et nous confronter avec les plus grands pour évaluer notre niveau.
Cependant, je pense que c’est bien pour le football comorien de faire le match d’ouverture pour les fans et pour le public. C’est une occasion extraordinaire pour les joueurs.

Quel jugement portez-vous sur vos trois adversaires?


Ils sont, tous, mieux classés que nous au niveau de la Fifa. Le Maroc c’est, tout de même le 14è au monde. Le Mali est 52è, la Zambie 87è. Sur le papier, ils sont plus forts que nous. Mais le football nous a habitués à des surprises. Mais je pense que nous méritons mieux que le classement qu’on a. Ça va donc être des confrontations superbes, intenses et c’est le football qu’on aime.

Quel est votre objectif pour cette compétition?


Dans un premier temps, c’était la qualification. Quand j’ai pris l’équipe, elle venait de rater une qualification. Avoir atteint cet objectif dans un groupe avec la Tunisie, la Gambie et Madagascar, c’est déjà presque un exploit. On est arrivé premier, en tout cas ça l’est. Nous avons, donc, déjà atteint notre objectif.
Maintenant, tout ce qui vient-on va le prendre avec du plaisir. On va jouer match par match, dans la peau d’un outsider. On connait notre statut mais, en même temps nous avons beaucoup d’ambition.

Il y a un adversaire que vous craignez particulièrement?


Je ne voudrais pas sembler exagérer, mais on ne craint personne dans le sens qu’on a démontré depuis un an et demi en battant le Ghana, la Tunisie et la Gambie qu’on peut battre n’importe quel adversaire. Sur un match, certes, on sait qu’on peut faire un bon résultat. Il n’y a pas de crainte à avoir dans le sport, c’est une confrontation qui doit être saine et que le meilleur gagne. En tout cas, on va se battre pour faire un résultat.

Qui est, selon vous, le plus grand favori dans ce tournoi?


C’est incroyable parce que les trois autres équipes de notre groupe sont, quand même, des équipes qui ont l’ambition de remporter le titre. Le Maroc, en étant le pays hôte, veut gagner le trophée. Le Mali n’a pas caché ses ambitions. Son entraineur, Tom Saintfiet, a déclaré qu’il va au Maroc pour aller jouer sept matchs minimum, donc la demi-finale. La Zambie, qui a déjà remporté la Can en 2012, a une nouvelle génération de joueurs qui va là-bas pour jouer les premiers rôles.


Dans l’absolu, des équipes comme le Maroc, le Sénégal et le Nigeria ont des grands joueurs et ont quelques choses de plus. On va mettre l’Egypte dans ce lot parce qu’avec Omar Marmoush ou encore Mohamed Salah, elle a deux grands fers de lance. Je pense que ces quatre équipes vont atteindre les demi-finales, à moins qu’elles jouent l’une contre l’autre avant. Mais il y a évidemment les surprises! Mais je pense que ce sont des équipes, qui ont l’expérience, de bons joueurs, et qui peuvent aller très loin dans la compétition.

Quel est, selon vous, le groupe abordable?


Je ne pense pas qu’il y ait des groupes qui soient plus abordables que les autres. En Afrique, on est habitué à des surprises. Il y a souvent de grandes équipes qui partent avec les faveurs des pronostics. J’en parlais avec l’entraineur du Bénin, Gernot Rohr, on s’est dit la même chose que si c’est un bon ou mauvais tirage au sort, on ne le saura qu’après le premier tour. Il y a souvent des équipes dites «révélations» et des équipes meilleures sur le papier qu’on attend à ce qu’elles remportent le groupe facilement et qui peuvent se retrouver dans les pires difficultés. Le football a beaucoup évolué en Afrique. Il y a beaucoup des grands joueurs et beaucoup de compétitivité. Il suffit de voir des équipes comme la Rd Congo, l’Angola, elles ont atteint les quarts et les demi-finales. Elles peuvent battre n’importe qui. En Afrique, le niveau est très bon.

Qu’est-ce qui a changé au niveau de votre équipe après la qualification?


Fondamentalement, rien. On travaille toujours pour améliorer l’équipe. On est en pleine compétition et en construction. On continue dans ce sens. Le fait d’avoir battu la Tunisie à Radès a fait comprendre aux joueurs que ce soir-là on a franchis un palier. Ce n’était pas évident. Cela faisait quatorze ans qu’elle n’avait pas perdu chez elle. Après cet exploit, je pense que les joueurs se sont convaincus qu’avec du courage, on peut battre n’importe quelle équipe.
Ce n’est pas vraiment la qualification en soi, mais surtout certains matchs, qui nous incitent à croire à nos moyens et à élever notre niveau.

Partagez-vous l’avis de Walid Regragui et Tom Saintfiet selon lesquels que vous êtes l’équipe surprise?


Walid (Regragui, ndlr) et Tom (Saintfiet, ndlr) ce sont également des entraineurs. C’est normal qu’ils aillent dire que les Comores sont une grosse équipe. Ils connaissent très bien la force de leur équipe. Ils savent bien que sur le papier, ils sont bien meilleurs que nous. Le football nous a habitués à des surprises mais il ne faut pas, non plus, qu’on se monte la tête. Il nous faut rester humbles et travailleurs. Par contre, il faut qu’on joue les matchs avec de l’ambition. Je n’attache pas beaucoup d’importance sur ce que disent les autres. L’important c’est d’avoir les pieds bien sur terre et de donner le meilleur de nous-mêmes.

Un message à vos supporters


C’est merveilleux car nos supporters sont partout même si on ne joue pas à domicile. C’est vraiment dommage qu’on ne puisse pas jouer à domicile parce que je mesure tout l’amour que le peuple a pour l’équipe. Si notre équipe joue, ce sont les Comores qui font trembler la terre. Quand les supporters sautent sur les tribunes, ça se ressent même sur le terrain. On les embrasse bien fort. On les remercie pour leur appui parce qu’on a joué des matchs en Côte d’Ivoire, en Tunisie et des matchs de qualifications au Maroc, ils ont toujours été présents derrière l’équipe. Ils nous ont aidés à surmonter les difficultés. On les embrasse très fort. Les joueurs adorent le public et le public aussi les adore. Donc, on forme un seul homme.

 

Commentaires