J’ai connu Hassane Mzé en 1999 à Radio Comores, je l’ai épaulé dans le domaine du sport dans lequel il est devenu l’image par excellence du journalisme sportif. A une époque où le journalisme sportif était encore loin de se faire une place, Hassane a contribué à mettre le public comorien dans le bain. Tout le monde suivait ses chroniques surtout en football», se rappelle le journaliste, Oben Rachid.

Hassane Mze Ben Youssouf a juste 24 ans quand il entamait une carrière de journaliste sportif bénévole à l’Ortf puis à la Radio Comores. En peu de temps, le natif de Moroni a acquis la confiance de ses paires et de l’ancien directeur de Radio Comores, Soulaymana Combo. Cela, grâce à son dévouement pour le développement de la presse sportive.

En 1988, ce dernier lui accorde une rubrique sportive et lui fait signer un contrat de pigiste. Depuis, la voix de Hassane Mzé Ben Youssouf ne quittera plus les oreilles de ses auditeurs de plus en plus nombreux.
«Hassan Mze, c’est d’abord le grand frère, très agréable et serviable. C’était un honneur pour moi de le côtoyer dans le métier dont il m’enseignait les rouages dès que je suis venu de l’école de journalisme. Mais ce qui m’a plus marqué, c’est sa grosse passion du métier. Il était partout au même moment, pas seulement au sport. Quand on pense qu’il travaillait bénévolement dans la plupart des radios où il est passé, on mesure la nature de son engagement», apprécie l’ancien correspondant de Rfi aux Comores, Ahmed Abdallah Mgueni.

Apprendre, encore et toujours

«Hassane Mzé», comme on l’appelait affectueusement, avait travaillé pour plusieurs médias notamment Radio Océan indien, Brtv, Mrv, Radio Comores et Rcm13, et a souvent prêté main forte à d’autres organes sans contrepartie, aucune. Il estimait, parfois, que malgré les progrès du journalisme sportif avec l’avènement d’internet, «certains journalistes n’arrivaient pas à s’adapter et de valoriser malheureusement» ce métier qu’il chérissait beaucoup. Pour lui, il est inconcevable que «toute personne munie d’un Smartphone puisse s’autoproclamer «journaliste».

«Après quarante-six ans d’indépendance, le journalisme sportif, en général, et le métier de commentateur en particulier ont beaucoup évolué. Malgré le temps et l’expérience accumulée, je cherche toujours à me perfectionner. Je recueille des conseils, notamment, auprès de chroniqueurs d’Al-watwan et de La Gazette des Comores, Elie-Dine Djouma et Gondet Bakar Madi, qui pratiquent notre métier avec beaucoup de professionnalisme», admet Hassane Mze Ben Youssouf, dans sa grande modestie.Père de quatre enfants, Hassani Mzé est parti en paix. Il laisse derrière lui un héritage journalistique qui a influencé beaucoup de ses jeunes confrères.

«Nous venons de perdre une figure emblématique du monde de la presse en général et du sport en particulier. Il a réussi à montrer qu’il pouvait réaliser des émissions radios sur le sport. Ces émissions attiraient les équipes à se donner davantage pour être encore plus valorisés par Hassane Mzé. Avant, si on racontait un petit mot de travers, les villages débarquaient à la radio pour des précisions. Il était suivi à la lettre par le grand public», se souvient, encore, Oben Rachid.

Une grande modestie

L’ancien journaliste de la radio Comores est arrivé à se hisser parmi les commentateurs de légendaires au même titre que feu Ben Abdou. Cela grâce à son acharnent, son amour et son ouverture d’esprit et son absence de complexe vis-à-vis de ses paires auprès desquels il n’hésitait pas à écouter les conseils, cela, même si il avait plus d’expérience : «Quand, je suis coincé quelques part, je pensais directement à Elie-Djouma en particulier», se rappelait-il.

Dans l’activité sportive, qui demande beaucoup de temps et de dévouement, le défunt de 64 ans avait plus d’une flèche dans son arc. Il a été, entre autres, dirigeant du club Avenir des Comores et arbitre de football, ce qui lui était d’une grande utilité dans la compréhension et l’analyse du jeu au football comme dans d’autres disciplines.

«Il avait incité beaucoup d’entre nous à prendre goût à ce métier. Il était très ouvert et prêt à aider. J’ai commencé à le suivre sur Ortc en 1992, et depuis, j’ai toujours essayé de l’imiter. Certains personnes préfèrent même le suivre à la radio plutôt que de se rendre au stade», apprécie le commentateur sportif de la Radio Adcs-Mitsamihuli, Maoulida Abdou.

Hassane Mzé disait toujours que les journalistes sportifs avaient besoin de recyclage et de formation, y comprislui aussi. En trente-neuf ans de carrière, il avait une soif insatiable d’apprendre car pour lui, «à l’instar du monde qui évolue en permanence, le journalisme devait évoluait : «Nous avons besoin de formation pour acquérir de nouvelles techniques. Il est également très difficile de pratiquer ce métier dans un environnement où le fairplay ne fait pas toujours partie de la règle du jeu et où, malheureusement, nos commentaires sont, un peu trop souvent, pris pour des penchants», regrettait le journaliste de Rcm13.

«Dans nos coeurs»

Une des rares journalistes sportives comoriennes, Moina Djoumoi Papa Ali, se rappelle encore de la voix de Hassane Mzé qui ait bercé son enfance mais aussi d’un mentor qui l’encourageait à devenir journaliste sportive. Des qualités avec lesquelles bon nombre de journalistes comoriens définissent ce doyen qui les a tous inspiré.»Lorsque j’ai intégré multimédiacom, il a été parmi les personnes qui m’encourageaient. En arrivant à L’Ortc, je le voyais tout le temps dans les stades et me répétait tout le temps que je ferai bien de prendre le relais car on n’a pas une voix féminine dans le sport. Je garde en lui des souvenirs importants.

C’était un homme très calme et toujours en bons termes avec ses collègues et consœurs. Mais je crois que sa plus grande force, c’est d’avoir toujours vérifié les informations auprès des confrères pour en être sûr de ce qu’il allait diffuser à l’intention de ceux et celles qui allaient l’’écouter», a conclu Moina Djoumoi Papa Ali.Pour tout cela et pour bien d’autres choses encore, «fundi» Hassane Mzé vivra longtemps dans le cœur de toutes et de tous.