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Huitièmes de finale de la Can 2021 I Un rendez-vous avec l’Histoire et non avec un score

Huitièmes de finale de la Can 2021 I Un rendez-vous avec l’Histoire et non avec un score

Sports | -   Elie-Dine Djouma

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Les Comores ne sont plus à la trente-troisième Can. Elles ont été éliminées hier par le pays hôte, le Cameroun qui a remporté le match par deux buts à un. Les Coelacanthes ont disputé le match à dix, dès la septième minute de jeu, avec, suite à l’impossibilité d’aligner l’un des gardiens de métier de la sélection, un courageux et «décisif» Chaker Alhadhur dans les buts.

 

Les Coelacanthes des Comores ont été éliminés, hier au stade Olembé à Yaoundé, en huitièmes de finale de la Coupe d’Afrique des Nations par deux buts à un. La route des quarts des finales leur a été barrée par le pays hôte et quintuple champion d’Afrique, le Cameroun. Les Lions indomptables ont gagné «leur» match dans des conditions plutôt particulières. A J-2 du choc, le manager général de la formation comorienne a fait une déclaration hallucinante: «nous avons appris que dans l’équipe, nous avons douze cas positifs de Coivd-19». Et comme un malheur ne vient jamais seul, El Hadad Himidi a ajouté : «parmi les personnes touchées par la Covid-19, le coach Amiredine Abdou et les deux gardiens, Ali Ahamada et Moyadh Ousseni».


A J-1, la délégation comorienne a appris que son gardien de but, Ali Ahamada, a été testé «négatif». Mais il ne lui sera pas permis de jouer. Il devait être gardé en observation pendant cinq jours en isolement. «Nous sommes confiants et allons jouer notre match avec un joueur de champ dans les buts», avait lancé l’entraineur des gardiens, Jean-Daniel Padovanie, lors de la conférence de presse d’avant match. Le responsable des portiers comoriens n’avait aucune alternative vu que ses trois protégés étaient déclarés forfaits pour le match. En effet, blessé mardi, 18 janvier par le Ghanéen André Ayew, le gardien Ben Salim Boina ne pouvait figurer dans les plans de Jean-Daniel Padovanie contre le Cameroun.

A dix

La formation des Comores est entrée en jeu hier à Olembé avec, devant ses cages, son défenseur, Chaker Alhadhur. La prestation du latéral gauche devant les filets a été remarquable pour un joueur de champ. «Le gardien se débrouille pas mal. Il a réussi trois à quatre beaux arrêts décisifs. C’est un incroyable», s’est étonné, à la pause, le confrère camerounais de Nouvelle Expression, Hervé Villard Njiele.


Le match a été dirigé par l’Ethiopien Bamlaku Tessema qui allait exclure à la septième minute du jeu le capitaine comorien, Nadjim Abdou. Les Comoriens, gérés sur le banc par l’adjoint d’Amiredine Abdou, Younes Zerbouk, étaient, donc, contraints de finir le match à dix ce qui a permis aux Lions indomptables de poser leur jeu sereinement. Ils ont contraint les Fouad Bachirou, Rafiddine Abdullah et autre Younn Zahary, à, logiquement, jouer très bas, trop bas. Les Comoriens ont joué une bonne partie du match devant la surface de réparation de leur «nouveau et quatrième gardien de but», Chaker Alhadhur.

M’changama, «Homme du match»

Toutefois, les Veri piya n’ont rien lâché. En imposant, balle au pied, leur jeu de passe à dix, ils ont su, pas mal de fois, emmener le «danger» devant André Onana qui a sauvé in extremis la cage camerounaise (78e). Face à lui, Chaker Alhadgur a encaissé son premier but de la soirée à la 29e minute avant que Vincent Aboubakar ne s’illustre à la 70e. L’indomptable attaquant du Cameroun compte six buts en quatre sorties.

Les Coelacanthes ont présenté une équipe charismatique, solidaire et disciplinée. Durant les dix dernières minutes, ils ont emmené le doute chez les Lions grâce à leur jeu vertical. Les offensives comoriennes ont été animées par Djoumoi Moussa, Ali M’madi et Ali Mohamed Abdallah, tous entrés en jeu en seconde période. «Ils sont bluffant les joueurs comoriens. Ils jouent avec beaucoup de sérénité. On n’a pas l’impression qu’ils jouent en infériorité numérique», a commenté le confrère de l’Equipe, Hervé Genot. Pendant près d’un quart d’heure, Michael Ngadeu-Ngadjui, Jean Charles Costelletto et Collins Faï devaient reculer et monter la garde devant les seize mètres de la zone d’André Onana.


Mais la séquence peut-être la plus intéressante de la partie a été le chef d’œuvre ou tout simplement le magistral coup de pied arrêté de Youssouf M’changama. Le numéro 10 comorien a crucifié André Onana (81e), qui n’a pas eu la moindre réaction sur son coup franc. Youssouf M’changama, connu et reconnu dans cet exercice, a réduit le score à deux buts à un, en précipitant avec justesse son tir dans la boite camerounaise réduisant un stade Olembé, plein comme un œuf et animé par les bruits des Vuvuzela, au silence.

«Six décès au stade Olembé»

La réalisation comorienne a été le top but de la soirée, l’un des meilleurs de l’édition. Youssouf M’changama a été, de ce fait, élu «Homme du match». Le milieu relayeur comorien est le troisième Coelacanthe qui se voit attribué le trophée individuel du joueur le plus performant du match, malgré la défaite devant les Lions indomptables. Durant leurs quatre matchs, les Comores ont été distinguées à trois reprises avec le titre d’hommes du match en la personne de Ben Salim Boina, El-Fardou Ben Mohamed et Youssouf M’changama.


Le parcours des Comoriens dans cette Can est unanimement considéré comme «historique» du fait que les Comoriens participaient à leur première Can. Mais aussi, pour avoir passé le premier tour en éliminant le quadruple champion d’Afrique, le Ghana (3-2). Mais, peut-être surtout, du fait qu’ils ont dû faire face, deux jours avant le coup d’envoi de ce qui allait être leur dernier match, diverses incroyables situations notamment ces «douze cas positifs» déclarés dans l’équipe.

«Kapvatsi mnakipu...»

Au moment où nous mettions sous presse, la police camerounaise a informé que «six supporters des Lions indomptables ont perdu la vie suite à une bousculade à l’entrée du coté est du stade» Olembé. Il y a trois jours, Yaoundé a compté treize morts suite à un incendie qui a eu lieu à «Luvs club night», au quartier Bastos.
Au total, une chose est sûre et certaine : les Coelacanthes comoriens ont dit à dieu à la Can camerounaise en marquant de leurs empreintes la plus grande fête sportive du continent. Désormais, les Comoriens viennent de confirmer ce que les supporters des Veri piya ont toujours clamé : «Léo, kapvatsi mnakipu udjorishangaza, ro wahuu, ro watiti sitsowarema».

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