Quel bilan faites-vous de la dernière campagne des qualifications pour la Can 2019 ?
Les Comores ont eu à jouer six matchs, dans une poule très « relevée », comprenant le Maroc, le Cameroun et le Malawi. Le bilan est en demi-teinte. Il est positif sur le plan sportif, de notre progression, mais reste mitigé quant aux résultats des matchs et au déroulé de ces derniers.
Les débuts contre le Malawi ont été plutôt poussifs…
Ce match contre le Malawi était très important, mais n’a pas été perçu comme tel pour plusieurs raisons.
De manière contextuelle, le match s’est joué en juin 2017, très en amont de la future compétition (la Can ne débute que le 21 juin 2019, ndlr). A ce moment là, il n’y avait aucune prise de conscience de l’enjeu important qui était de prendre des points. La plupart du groupe ne pensait pas forcément que nous pouvions aller jusqu’au bout et être encore dans la course lors du dernier match. De plus le match s’est déroulé en plein mois de ramadan, alors que la plupart des joueurs observaient le jeûne.
Enfin, les joueurs venaient de terminer leur championnat et un certain nombre d’entre eux étaient dans l’incertitude quant à la suite de leur avenir professionnel. C’est donc un contexte assez délicat pour un match qui était le premier de la série.
Puis, au fur et à mesure, l’équipe est montée en puissance…
Le match aller contre le Cameroun est la plus grosse déception que nous pouvons avoir. Une somme d’erreurs individuelles couplée à des changements sur blessure nous ont privé d’une victoire. Nous méritions largement mieux qu’un match nul. Nous pouvons, effectivement, souligner que nous avons été « défavorisés » par l’arbitrage dans le match Maroc-Comores qui a suivi.
Mais il convient, toutefois, de reconnaître que notre équipe a manqué d’expérience à ce niveau. C’es-à-dire qu’au lieu de chercher un résultat « à tout prix », nous avons continué à développer notre projet de jeu. Au match retour, à Mitsamihuli, nous ouvrons le score mais, malheureusement, n’arrivons pas à exploiter les erreurs de l’adversaire. Et puis, durant nos temps faibles, nous avons manqué de maîtrise collective. Nous prenons des buts sur des erreurs individuelles.
La victoire est, somme toute, méritée contre le Malawi. Nous étions dans l’obligation de gagner et nous l’avons fait, avec cette pression de jouer à Moroni.
Comment expliquez-vous la déroute contre le Cameroun à Yaoundé ?
C’était un match à enjeu. Nous étions dans l’obligation de gagner pour pouvoir nous qualifier, alors que le Cameroun pouvait se contenter d’un simple match nul. Nous n’avons pas développé notre projet de jeu habituel, tétanisés par l’enjeu. Les conditions climatiques nous ont, en outre, été largement défavorables. Sans compter que nous n’avions pas notre principal atout offensif.
Le bilan est positif, notamment sur le plan sportif, même si nous ne nous sommes pas qualifiés. Nous n’avions pas d’objectif de qualification, et notre parcours est largement honorable car nous étions encore dans la course lors de la sixième journée. Et, médiatiquement, les Cœlacanthes ont donné une grande visibilité à notre archipel. Ce qui est en soi une belle avancée pour le football comorien.
Quelles sont aujourd’hui les principales difficultés auxquelles fait face la sélection ?
Notre sélection rencontre toujours des difficultés, de différentes natures, même si de nombreux progrès ont été réalisés. Des difficultés d’ordre financier, d’abord, sachant que la Fédération est tributaire des subventions Fifa. Nous souffrons d’un manque de moyen, ce qui pénalise le bon déroulement des rassemblements. Lors du rassemblement avant le Malawi, pour des raisons économiques, tous les joueurs ne pouvaient pas dormir sur place. Nous recevons toujours très tardivement les informations concernant nos déplacements pour des raisons budgétaires, et il est parfois difficile tant pour le staff que pour les joueurs de s’organiser.
Ensuite, des difficultés d’ordre logistique, le matériel basic manquant lors des rassemblements. Un effectif toujours sous tension, très limitée de surcroit et au sein duquel l’absence de certains joueurs pèse parfois très lourd puisqu’ils sont difficiles à remplacer. Convaincre certains binationaux – Said, Bourhane et Maoulida, entre autres – est compliqué au regard d’un fonctionnement encore très « artisanal ».
Tous ces détails pénalisent la sélection et témoignent, malheureusement, d’un manque de professionnalisme envers les joueurs. Pour être attractif, il nous faudra poursuivre les efforts et continuer à travailler pour améliorer le fonctionnement de la sélection dans sa globalité.
Quelle est la nature de vos relations avec la fédération et son président ? Comment expliquez-vous ce que le peuple peut ressentir, à savoir des relations tendues voire délicates entre vous et la Ffc ?
Il y a une relation d’ordre professionnel. J’entretiens assez peu d’échange quotidiennement avec la Fédération, exerçant mes missions à distance. J’ai proposé de mettre à disposition mon expertise sur des sujets plus vastes que la gestion de l’équipe nationale, comme par exemple la formation des cadres techniques à travers la réouverture de l’académie entre autres projets de développement. Mais, à ce jour, la Fédération n’a pas donné suite.