Notre reporter sportif a été victime d’agression verbale et physique alors qu’il faisait son travail depuis la tribune officielle du stade Moroni. C’est la seconde fois qu’Elie-Dine Djouma est victime de persécutions et d’agressions. Cette fois-ci, il a dû son salut en sautant la grille de sécurité pour descendre sur l’espace de jeu. Par la suite, un militaire l’a protégé et l’a mis à l’abri dans un taxi.
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Visiblement les stades ne sont plus suffisamment protégés et les journalistes qui exercent sont exposés. Des supporters qui, parfois, échappent au contrôle de leurs clubs, y font la loi.
Cependant, la question qui se pose ici est grave. Si les journalistes ne peuvent pas décrire les matches ou écrire librement sur le sport, sans être victime d’agressions et de menaces, comment peuvent-ils continuer à exercer leur métier d’informer l’opinion? Comment les instances sportives et les responsables de clubs, chargés de veiller à la sécurité des lieux, peuvent-elles laisser faire quand l’un des meilleurs commentateurs sportifs de la place se fait agresser en plein stade.
La première fois que cela est arrivé, Al-watwan a saisi le Conseil national de la presse et de l’audiovisuel (Cnpa) qui avait initié des consultations avec la fédération de football pour trouver une solution pérenne au problème relatif à la sécurité des journalistes dans les stades. Une fois l’émotion de l’agression émoussée, les résolutions prises n’ont pas été mises en œuvre, or le rôle permanent du Cnpa est d’observer les abus et protéger la liberté de la presse.
Nous avions, alors, pris à notre niveau la décision de protéger le journaliste en lui accordant un congé indéterminé tout en initiant des discussions avec des responsables d’instances et de clubs pour assoir les conditions de sécurité des journalistes.
Partout dans le monde, les journalistes font face aux extrémismes de tout bord. Partout, on revendique l’instauration d’un mandat de Représentant spécial du secrétaire général des Nations unies à la protection des journalistes. En attendant, nous sommes condamnés à réfléchir pour renforcer les cadres légaux de la protection des journalistes et à œuvrer pour une présence dissuasive des forces de l’ordre.
Aujourd’hui, plus que jamais, le Conseil national de la presse doit se saisir de ce sujet, tout comme les fédérations sportives. Autrement le risque est réel de voir s’installer, peu à peu, une autocensure de la presse sur les sujets liés au sport. Ce lieu où se déroulent les jeux collectifs, où se cultivent l’amitié et la solidarité ne doit pas se transformer en un lieu de rixe.