Grâce à lui, les Comores ont remporté la première médaille d’or aux jeux de la Commission de la Jeunesse et des Sports de l’Océan indien (Cjsoi) 2022. Mais avant le jeudi 8 décembre dernier, personne ne le connaissait.
Entre l’athlétisme et ses cours
Pourtant, Moubaazi Saïd Ali, puisqu’il s’agit de lui, présentait toutes les qualités d’un bon athlète. Il s’entrainait tout seul, chez lui à Ikoni, avant de se faire découvrir par un vice-président de la Fédération comorienne de handisports (Fch).
«Un vice-président de la fédération de handisports s’est approché de moi pour me faire la proposition de l’inviter à s’entrainer avec le sélectionneur national. J’ai donné mon aval car je connaissais Djoumoi (surnom du sélectionneur Ahmed Assoumani, ndlr). Il s’est bien occupé de lui comme son petit frère», a confirmé son père Saïd Ali Tabibou dit Pélé. Elève de la classe de 4e à l’Ecole Madrasat Alfathi d’Ikoni, Moumbaazi Saïd Ali est connu comme un garçon très timide. «Sa» tante Roukiat Ahmed, la responsable du volet «Jeunesse», chantait lors des jeux de la Cjsoi que «mon» neveu va remporter une médaille. «Il m’a rassuré qu’il va le faire. J’ai confiance en lui.
Je serai au Complexe sportif de Côte d’or en basket, sweet et en polo pour le soutenir», disait-elle à la veille de la course de 200 m de Moumbaazi. Avec sa bénédiction, son vœu a été exaucé. Et le jeune coureur a couvert la moitié de la piste de Côte d’or en 13’’53. Il a été aligné dans la catégorieT37 physique parmi le Réunionnais Joris Samara (14’’09) et le Mauricien Dylan Faron (15’’37). Moumbaazi Said Ali a un pied bot. «On ne le remarque pas tout d’un coup car il boitille légèrement. Mais ça ne se voit pas quand il est sur la piste», a dit coach Djoumoi.
Son père, Saïd Ali Tabibou -diplômé en Bts d’électricité en France- avoue que «mon fils est né avec un pied bot, mais il a du se faire opérer à Madagascar à son jeune âge. Grâce à cette intervention chirurgicale, il a, dieu merci, la forme qu’il a aujourd’hui». Moumbaazi est né d’une fratrie de cinq frères de même père et mère. Il a également deux demi-frères et est le troisième garçon de sa famille. Le médaillé d’or des jeux de la Cjsoi bénéficie d’un encadrement social et scolaire à rêver. «Malgré son handicap physique, mais Moumbaazi est épanoui. Il va à l’école et fait l’athlétisme, son sport favori. Il ne fait pas attention à son handicap car je lui donne toutes les chances de vivre comme un enfant qui ne souffre d’aucune situation de handicap», déclare son père à son propos.
Ce natif de Moroni est mou et très réservé, mais très posé dans son langage. «Je n’aime pas trop parler. Je suis comme ça», lâche-t-il avant d’ajouter en plaisantant que «je crois être le premier jeune athlète comorien qui a gagné une médaille d’or sans avoir jamais fait partie d’un club. Je n’ai pas de club bien que je sois sélectionné pour représenter le pays à Maurice. Ceci me rend fier». A 16 ans, Moumbaazi Saïd Ali est intégré dans la base des données de la fédération nationale de handisport ainsi que dans celles de la fédération d’athlétisme grâce à son chrono de 13’’53 en 200 m. il devient l’un des grands espoirs du sprint comorien, et ce malgré son pied bot gaucher, mais désormais doré.