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Portrait. Bacar Madi alias Gondet I Un serviteur infatigable de la presse sportive

Portrait. Bacar Madi alias Gondet I Un serviteur infatigable de la presse sportive

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Du haut de sa soixantaine d’années, l’ancien joueur et coach de foot, basket, pétanque et handball et passionné de sport, est devenu chroniqueur sportif depuis trente-quatre ans. Une expérience qui lui vaut le profond respect de ses collègues.

 

Entré dans le journalisme “grâce à” un certain Ali Moindjié qui l’a recruté au Panafricain Sport pour des comptes rendus de matches, Bacar Madi alias Gondet s’y est accroché et a réalisé une longue carrière. Pour des raisons de santé, le chroniqueur sportif du quotidien La Gazette des Comores a rangé, récemment, sa plume après trente-quatre ans de bons et loyaux services à la presse.


Qu’il pleuve ou qu’il vente, il était toujours dressé aux abords des pelouses et des planchers de foot, de hand, de pétanque comme de basket-ball pour reporter, analyser et décortiquer les rencontres. Pour certains de ses critiques pas toujours flatteuses, il a pu être perçu, parfois, comme étant, par exemple, contre l’organisation des Jeux des îles aux Comores pour ses remarques sur l’état des infrastructures.


“Quelques semaines après sa retraite du monde du journalisme, son absence se fait durement sentir. Il a laissé un vide à la rédaction de La Gazette des Comores, notre salle de rédaction a perdu de sa joie de vivre d’autant plus que sa bonne humeur était contagieuse. Toujours prêt à conseiller les plus jeunes, constituait un pont entre deux générations. Il est plus que notre doyen, un exemple pour nous”, selon son ancien collègue, le photographe Mohamed Saïd alias Padré.

Un sportif total

Ce n’est par hasard si Bacar Madi a fait cette carrière au journalisme sportif. Il fut un sélectionné national de football de 1989 à 1991 et a pris part aux Jeux islamique en Yémen. De même il a été formateur de basketteur, joueur et entraineur de handball, de football, encadreur technique en pétanque et, à ce titre, a participé à deux championnats mondiaux à Grenoble en France.


Pour couronner le tout, ce détenteur d’un brevet d’Etat et d’éducation sportif a également été président de la commission et d’homologation de la ligue de Ngazidja.
“Il est très difficile de faire une analyse de match aux Comores. Hormis les conditions difficiles auxquelles les journalistes font face dans leur travail, trop de joueurs et de responsables de clubs prennent les critiques pour des prises de positions contre eux”, regrette ce père de trois enfants.La plume de Gondet ne s’est pas limitée aux compétitions nationales. L’homme a également couvert trois éditions des Jeux des îles à la Réunion, aux Seychelles et à Madagascar ainsi qu’une coupe d’Afrique régionale.

«La sensure,une absurdité!»

“J’ai connu Gonget à l’âge de l’expérience. Il m’a beaucoup inspiré et poussé à travailler davantage pour le surpasser. Il a été mon concurrent direct et ses conseils m’ont beaucoup apporté. On ne peut pas parler de journaliste sportif dans la presse écrite sans mettre Gondet en première position grâce notamment à son professionnalisme. Sa retraite constitue une perte pour la presse et il va nous falloir beaucoup de temps pour avoir une plume aussi aiguisée que celle de Gondet”, estime, pour sa part, le chroniqueur sportif d’Al-watwan, Elidine Djouma. Pour lui, Gondet “c’est le professionnalisme, l’expérience et le respect”.


Dans sa longue carrière, l’ancien coach d’Amisco regrette la censure “à laquelle les journalistes doivent faire face quotidiennement, le manque de soutien de l’Etat aux medias privés et le manque de professionnalisme chez certains confrères”. “Parfois, les directeurs de publication exagèrent avec leur censures abusives. Cela décourage les journalistes. Je ne peux comprendre qu’un organe de presse ait du mal à véhiculer la vérité? C’est absurde”, s’insurge ce diplômé en histoire et civilisation islamique à l’Université de la Réunion.


Bacar Madi ne s’est pas illustré que dans le monde du sport. Parallèlement, il a travaillé à la bibliothèque nationale de 1985 à 2014. Une expérience, là aussi, appréciée par ses anciens collègues. Pour l’actuel bibliothécaire en chef du Cndrs, Karim Jaffar, il est très difficile de “définir” Gondet. “Il reste un exemple pour tous les bibliothécaires du Cndrs. Sans contrepartie, il assurait de nombreuses formations en interne pour nous permettre d’accéder à l’excellence.


Grace à son soutien, j’ai pu, moi-même, accéder au poste de bibliothécaire en chef. Je ne peux que l’en remercier”, devait conclure Karim Jaffar.
Malgré ses problèmes de santé, l’ancien chroniqueur souhaite ouvrir, bientôt, son blog, “Sport pluriel”, grâce auquel il va continuer à animer l’actualité sportive comorienne et sousrégionale.


“Les journalistes sportifs doivent apprendre à respecter la déontologie, et aller à la source de l’information. Aujourd’hui, nous faisons face à un fléau qui met à mal notre métier : celui qui arrive à se procurer un smartphone s’autoproclame journaliste.Il nous faut nous en tenir aux règles et faire attention au statut de journaliste dans le pays, faute de quoi nous risquons de perdre toute notre crédibilité”, recommande fermement Bacar Madi.

Mahdawi Ben Ali

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