Des mesures «exceptionnelles» visant à «alléger le quotidien des Comoriens» ont été annoncées hier par les autorités. La finalité recherchée est de réduire les coûts d’importation et de stabiliser les prix des produits de première nécessité à l’approche du mois sacré de «Ramadhwani». L’on a annoncé l’augmentation du taux de couverture d’électricité sur l’ensemble du territoire. Les mesures ont été livrées hier, jeudi 27 février à la présidence lors d’une conférence de presse conjointe organisée par le secrétaire général du gouvernement, certains membres du gouvernement et le président de l’Union des chambres de commerce, d’industrie et d’artisanat (Uccia).Les conférenciers tiennent, tout d’abord, « à garantir la disponibilité des produits de première nécessité » durant ce mois sacré en précisant que « plusieurs mesures réduisant les charges pesant sur les opérateurs et sur les consommateurs entreront en vigueur du 1er mars au 1er mai 2025 ».

Un fonds de garantie de 6 milliards de francs

Le secrétaire général du gouvernement, Nour El Fath Azali, évoque « un fonds de garantie» mis à la disposition des opérateurs économiques dans les banques de la place en vue de faciliter les importations des produits de première nécessité. Selon lui, ces mesures vont impacter le pouvoir d’achat des Comoriens durant le mois sacré. «Il y a eu une concertation avec les opérateurs. Et je saisis cette occasion pour remercier le président de l’Uccia pour le climat de bonne entente qui existe entre ses pairs et le gouvernement en vue d’accompagner les initiatives prônées par le chef de l’Etat.

La différence de la fixation des prix actuels et de ceux des années précédentes est que la décision n’est pas cette fois-ci unilatérale», assure-t-il. Il laisse en outre comprendre que le gouvernement envisage «un taux de 90 à 95%» de couverture en électricité en ce mois sacré. Il en profite pour justifier le choix des groupes électrogènes à vitesse rapide par une urgence avant d’énumérer les 300 millions de perte mensuelle à la Sonelec. «Pour pouvoir commander des groupes à vitesse lente, il faut une planification adéquate pour permettre au gouvernement d’éviter l’urgence», lance-t-il.

Dans ce sens, le ministre de l’Energie et des Hydrocarbures, Aboubacar Said Anli, fera savoir que sur les sept groupes électrogènes à installer à Ngazidja, cinq sont déjà synchronisés. « Et les deux autres groupes vont être installés et mis en service à partir de ce vendredi pour assurer le taux de couverture de 95% dans le grand Moroni, 90% pour le grand Nord et 95% pour le grand Sud en heure de pointe avec l’appui des centrales solaires de Mitsamihuli et Fumbuni», avance-t-il. Le ministre de l’Energie a rappelé le taux de couverture à Ndzuani et à Mwali où il parle respectivement «d’un taux de 95% et de 100% de couverture».

Le ministre des Hydrocarbures tient à cet effet à assurer «la disponibilité d’une quantité suffisante du gaz et des autres produits pétroliers ». Il reconnait toutefois la difficulté d’acheminer le pétrole-lampant à Mwali faute d’un moyen de transport. Par rapport à la qualité de l’essence pointée du doigt ces dernières semaines, Aboubacar Said Anli annonce l’installation prochaine d’un laboratoire d’analyse des produits petroliers. «A partir du 7 mars, un laboratoire plus performant sera installé à la Société comorienne des hydrocarbures. Le carburant utilisé en Europe est de super plomb 98, en Afrique de l’Ouest est de super plomb 75 ou 80. Par contre, nous utilisons ici le super plomb 90 qui est d’une bonne qualité », illustre-t-il.

Des mesures de facilitations
fiscales

A son tour, le ministre des Finances explique de surcroît que les mesures visant à alléger le coût de la vie sont « une base permettant d’améliorer la vie quotidienne du Comorien et faire en sorte à ce que les mesures en question ne se limitent pas seulement pendant le mois sacré». Ibrahim Mohamed Abdourazak fera savoir que « le fonds de garantie à hauteur de six milliards de francs» est déjà acté après une convention signée avec les banques de la place. «Une convention est déjà en vigueur. Nous avons revu à la baisse certaines taxes et certains impôts pour faciliter les opérateurs à se procurer à bas prix les produits de première nécessité. Pour les mesures fiscales, dont la franchise rallongée jusqu’à quinze jours, le report du délai légal de déclaration d’impôts jusqu’au 31 mai prochain, la suspension temporaire des opérations de contrôle fiscal et de fermeture des magasins facilitent de manière significative les acteurs économiques », énumère l’argentier de l’Etat.
A son tour, le président de l’Union des chambres de commerce, d’industrie et d’artisanat (Uccia), Chamsoudine Ahmed, souligne que ces mesures sont le résultat des échanges entre les grands opérateurs du pays et le gouvernement et qui ont abouti à des prix accessibles au bas peuple. Il assure la disponibilité des produits de première nécessité dans les magasins.

Deux mois de salaires en un mois

«Je me réjouis de la fixation des prix accessibles encadrés par les différentes parties. Je félicite le gouvernement pour ses efforts visant à rétablir le courant électrique car cela permet aux opérateurs de travailler. Le fonds de garantie permet de réduire le taux d’intérêt au niveau des banques du fait que nos entreprises ont souvent un problème de trésorerie», s’est-il félicité. Et en tant qu’opérateur et président de l’Uccia, il indique que «les mesures qui allègent la fiscalité vont permettre d’impacter le prix des produits déjà commandés tout en démontrant que la disponibilité des stocks suffisants est le signe d’une potentielle revue à la baisse des prix ».

A la fin de l’annonce, le directeur de cabinet du chef de l’Etat, Youssoufa Mohamed Ali, alias Belou, rend enfin hommage aux opérateurs pour le dialogue, leur coopération, félicitant le secrétaire général du gouvernement pour sa coordination.
Il annonce le paiement de deux mois de salaires pour les fonctionnaires en ce mois de Ramadhawani. «Ils seront payés au début de ce mois sacré et avant la fin du mois de Ramadhwani. C’est une initiative du chef de l’Etat visant à accompagner les Comoriens en ce mois sacré. Les Comoriens feront mieux d’accompagner ces mesures et sacrifices. Les nouveaux maires, les préfets et les gendarmeries doivent veiller au respect des prix. Chaque semaine, des foires agricoles seront organisés en vue de faciliter le citoyen face aux activités des détaillants qui fixent des prix exorbitants », affirme le directeur de cabinet. Youssoufa Mohamed Ali annonce enfin 150 tonnes de produits agricoles commandés par des coopératives et promet « un contrôle rigoureux des prix dans les différentes régions du pays ».