logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

Stades de football à Ngazidja I Silence, on agresse !

Stades de football à Ngazidja I Silence, on agresse !

Sports | -   Elie-Dine Djouma

image article une
La sécurité dans les stades devient de plus en plus incertaine. Pour certains jeunes se sont, justes, des lieux dédiés à la bagarre, si ce n’est pas aux règlements de compte. Dimanche dernier un jeune homme de 17 a perdu la vie suite à une agression après un match. Jusqu’à quand les responsables sportifs, les pouvoirs publics et l’opinion vont-ils continuer à assister, impuissants, à cette dérive?

 

Désormais, suite au parcours historique des Coelacanthes à la Can 2021, le football comorien jouit d’une belle côte de popularité sur la planète foot. Mais à l’intérieur du pays, à Ngazidja particulièrement, il est gangrené par les nombreux cas de violences constatés sur les sites de jeu. Depuis le début des championnats locaux, on dénombre plusieurs cas d’agression contre les arbitres, les officiels ou des bagarres rangées entre supporters.


Dimanche 20 mars dernier, la discipline a perdu un fanatique du club de Mde, Ngaya club. Il s’appelait Azid (lire nos précédentes éditions), il avait 17 ans. Il a rendu l’âme à l’hôpital suite à une agression subie lors de la demi-finale de la Coupe des Comores régionale entre Volcan club de Moroni et Ngaya club de Mde.Le gamin de 17 ans s’en est allé (Lire Al-watwan du lundi dernier). Le monde du sport et au-delà a pleuré, ce dimanche. Sa famille de Mde et Singani continue de regretter leur fils disparu à la fleur de l’âge. Incognito? Ce qui est sûr, c’est qu’à l’heure où nous écrivons ces lignes, aucune enquête n’a été officiellement ouverte par la Ligue de football de l’île pour situer les responsabilités dans ce drame atroce. Manifestement, cela ne va pas très fort dans les stades du pays.Pourtant, les plus hautes instances sportives disposent de structures chargées de veiller sur la sécurité de ses activités qui pourraient proposer des plans pour la protection des acteurs de la discipline.

«Il y a urgence à sévir !»

Pendant ce temps, l’insécurité s’installe dans les enceintes sportives. Comme profitant des hésitations à sévir au niveau de l’autorité publique, des dirigeants d’instances et des responsables de club, les actes de violence se multiplient. Cela, en dépit de la campagne de sensibilisation menée par la Ligue de Ngazidja. Ainsi de nombreux «supporters», convaincus que, «de toute façon», les sanctions ne seront jamais à la hauteur des «massacres» perpétrés, se permettent tout, à tout instant.
A ce propos, l’avocat au barreau de Moroni, Me Abdou Elwahab Msa, appelle à sévir sans complaisance avec des sanctions pénales proportionnées pour les auteurs de violences, des dédommagements pour les victimes et des mesures disciplinaires contre les équipes dont des supporteurs s’avéreraient être des auteurs de violences. «Il faut aussi prononcer des interdictions de stades pour ces «délinquants». Tant qu’il n’aura pas une véritable politique contre cette forme de violence, ces actes vont continuer à prospérer», est-il convaincu. Il y’a donc urgence.

Abondant dans le même sens, le président de Djabal fc d’Ikoni estime que la Ffc et les pouvoirs publics doivent mettre en place «de toute urgence un plan anti-hooligans» sur les lieux de jeu. «Ils peuvent éradiquer ces violences en associant mesures de prévention, d’intervention à des sanctions sportives mais aussi pénales sur la responsabilité civile des auteurs d’agression comme plusieurs pays l’ont fait (dont l’Angleterre, ndlr)», propose Saïd Ali Sultan, par ailleurs président du club féminin, Olympic de Moroni.


Cette saison, plusieurs arbitres ont été agressés, le cas le plus connu étant celui du jeune Mohamed Soulé Amir alias Asso qui devait être évacué en Tanzanie pour y être soigné. La liste des supporters auteurs d’agressions est longue. Cependant, avertit le président de Djabal fc, «les clubs n’ont ni la vocation, ni, de toute façon, les moyens de gérer des foules qui viennent par milliers dans les stades. Sans compter que, souvent, les affrontements peuvent commencer dans les enceintes et se poursuivre en dehors, sur la voie publique». Dans de telles circonstances les dégâts collatéraux de tout genre peuvent être nombreux. Il arrive même que des personnes innocentes soient sauvagement prises à partie sur la voie publique.

«Prendre conscience»

Pour sa part, le journaliste, Aubin Rachid Chahid, déplore, par ailleurs, le fait que ces évènements malheureux interviennent à un moment où, à l’extérieur, le football comorien bénéficie d’une bonne image grâce aux prestations et, peut-être plus, au comportent exemplaire des Coelacanthes. Pour lui, «c’est une catastrophe». «Aujourd’hui, nul n’est à l’abri dans nos stades, qu’on soit arbitre, supporter ou même journaliste», constate Aubin Rachid Chahid.Cependant, concède-t-il, «tout problème peut avoir une solution si l’on prend conscience de la nécessité d’agir». Cela semble être le cas pour le Comité olympique national (Cosic) qui projette de «réunir, dans les meilleurs délais», tous les acteurs de la discipline pour plancher sur la question délicat.
Dans l’espoir que…

Commentaires