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Van Ael Abdarrahman, un Cœlacanthe au championnat d’Afrique de «footstyle»

Van Ael Abdarrahman, un Cœlacanthe au championnat d’Afrique de «footstyle»

Sports | -   Dayar Salim Darkaoui

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Le football freestyle est quasi absent aux Comores. Cependant, loin de nos îles, évolue un footstyler bien de chez-nous hors pair. Il aura fallu la première édition du championnat d’Afrique de football freestyle – qui a eu lieu du 12 au 16 septembre à Lagos au Nigéria – pour le découvrir. C’est, en effet, sous les couleurs des Comores que Van Ael Abdarrahman a choisi de disputer cette compétition réunissant les meilleurs footstylers du continent.

 

 En Belgique, d’où est originaire son père, le jeune homme de 21 ans n’est pas un inconnu dans ce sport. Il s’y est, cependant, maintes fois illustré remportant, à neuf reprises, le championnat de freestyle du «Lotto street soccer», mais, surtout, le titre de champion d’Europe 2017 de football freestyle dans la catégorie des jeunes, sous les couleurs de la Belgique. Samedi 15 septembre, au Federal Palace Hotel, à Lagos, Van Ael Abdarrahman, étrennant un maillot des Comores, pays de sa mère, est tombé en quart de finale face à un concurrent venu du Soudan. «Je suis, bien sûr, un peu déçu. Mais ce n’est pas grave. J’ai réalisé un assez bon parcours, vu que je termine dans le top 8 des meilleurs footstylers du continent», confie-t-il. L’histoire de Van Ael Abdarrahman avec le football freestyle est assez anodine. Elle débute le 2 août 2012, jour de son quinzième anniversaire : «Je m’étais à l’occasion procuré un CD de foot en pensant qu’il contenait un film sur le football. Quelle fût notre surprise de découvrir, mes amis et moi, qu’il ne s’agissait pas en fait de football mais de «football freestyle». Les enchainements étaient tout simplement impressionnants, nous n’avions jamais vu ça auparavant».

Un CD providentiel

L’ancien ambassadeur des magasins «We Are Football» affirme s’être, «dès le soir même», essayé à reproduire les mouvements de base du football freestyle dispensés à la fin du CD. Et puis, «le temps est passé, j’ai continué à m’entraîner pour m’amuser, sans me douter un seul instant que cela allait occuper une place de choix dans ma vie». Un petit tournoi, remporté fin 2012, lui donne «envie d’aller un peu plus loin dans ce sport». Et, en 2013, soit un an après s’être lancé dans le bain, Van Ael Abdarrahman termine deuxième du championnat de football freestyle de Belgique.


À partir de là, le natif d’Anvers prend son envol. Il est sollicité plusieurs fois pour des spectacles en Belgique et ailleurs en Europe, l’animation du public à la mi-temps des matches de football (comme lors d’un Belgique-Chypre, en 2016, devant 35.000 spectateurs) ou encore la réalisation de publicités notamment la promotion de la nouvelle collection de vêtements de l’Euro 2016. L’année 2017 fût «une grande année», jubile-t-il. Van Ael Abdarrahman empile, en effet, les distinctions devenant, entre autres, champion d’Europe de football freestyle dans la catégorie des jeunes, champion de la ville d’Ulm en Allemagne et vice-champion d’Allemagne du tournoi Adidas à Berlin.

Des racines et des ailes

Il pouvait commencer, à ce moment-là, à rêver grand. «Mon objectif est de devenir un jour champion du monde mais ceci est une toute autre histoire car le niveau est plutôt élevé», concède-t-il. Peut-être le sera-t-il un jour sous les couleurs des Comores, un pays qu’il a «enfin pu découvrir» début août 2018, en rendant visite à la famille de sa mère sur l’île de Ngazidja. Le jeune homme est reparti en Belgique riche de souvenirs, notamment des «petits du quartier qui venaient me regarder m’entraîner. Je leur ai appris quelques mouvements. Certains sont très talentueux», assure-t-il. Il est reparti, également, avec l’«envie de représenter les Comores dans cette passion». C’est, donc, tout fier que Van Ael Abdarrahman a arboré, mi-septembre au Nigéria, les couleurs des Comores lors de la première édition du championnat africain de football freestyle : «J’avais avec moi un drapeau des Comores que je déployais à chaque fois que le moment s’apprêtait. Et à chacune de mes sorties, durant la compétition, j’ai toujours porté un maillot des Comores. C’est une fierté pour moi de représenter ce beau pays».


La découverte de ses racines lui donne des ailes : devenir, d’abord, champion d’Afrique et, ensuite, champion du monde. Pour, ainsi, «faire découvrir le pays un peu partout dans le monde». Entre la Belgique et les Comores, Van Ael Abdarrahman semble avoir définitivement fait son choix. Un sportif de cette envergure est un ambassadeur de choix pour le pays. Espérons qu’il aura, de la part de nos dirigeants, l’attention et le soutien qu’il mérite. Les Comoriens, eux, sauront assurément lui rendre tout cet amour qu’il leur porte, comme ils le font tous les jours avec les Cœlacanthes.
Bon vent champion !



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