logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

Slam-poésie : Rahim Elhad, slameur de la Téranga*

Slam-poésie : Rahim Elhad, slameur de la Téranga*

Culture | -

image article une
Le festival Banlieue Francophone Fraternelle, le 12 avril, le Festival international de graffiti, le 17 avril, et puis, le 27 avril, le Kaolack Slam-Poésie. C’est un mois d’avril plutôt rempli pour le slameur comorien Rahim Elhad, qui parcourt, voilà trois ans, les festivals et les salles de spectacle au Sénégal.

 

Le Sénégal, terre d’hospitalité, cette «seconde mère qui m’a accueilli, me nourrit, me chérit, me vêtit et m’instruit. Par son adoption je m’exclame, je m’exprime, j’expérimente et j’évolue. En elle, j’ai retrouvé mes repères. Cela fait déjà presque trois ans depuis que le Sénégal me compte parmi les siens. Cela fait déjà presque trois ans que vous me comptez comme l’un de vous. Je suis et resterai fier de ma double culture. Je suis sénégalo-comorien», clamait Rahim Elhad, samedi dernier, à l’Alliance française de Kaolack, où avait lieu le lancement du Kaolack slam-poésie. Trois ans, donc, à parcourir, au pays de la Téranga, les festivals et les salles de spectacle.

Deux semaines auparavant, Le Parolier du Karthala – son nom d’artiste – déclamait ses «rêves» à la Maison des cultures urbaines de Dakar, à l’occasion de la deuxième édition du festival Banlieue francophone fraternelle (B2F).

Je rêve d’un monde multicolore comme l’archipel des Comores. D’un monde espiègle et coloré comme dans une bande dessinée. Un monde de tolérance, même dans le désaccord. Où le rouge, le noir, le blanc ne sont différenciés».

 


Lire aussi : Slam-poésie / Nawiya et Rahim au Urban women week festival

 

«Rien de plus beau!»

Un hymne au vivre-ensemble, dans un spectacle regroupant des artistes du Sénégal et d’ailleurs, toutes cultures urbaines confondues.

«Le fait de me retrouver au milieu de tous ces artistes, de toutes ces disciplines, m’a évidemment beaucoup apporté en matière d’expérience. J’ai pu échanger avec quelques artistes, des projets ont été conçus», affiche-t-il, ainsi, sa satisfaction.

Cinq jours après le B2F, Rahim Elhad enchainait avec la dixième édition du Festival international de graffiti (Festigraff). «L’un des grands festivals de graffiti en Afrique. Le premier en Afrique de l’ouest. Le hip hop, la danse, le slam, toutes les disciplines sont représentées, mais c’est le graphisme qui est mis en avant», souligne-t-il. Cette fois-ci, c’est un appel à la tolérance et à la paix que le slameur des îles de la lune lance devant un public cosmopolite : «Il n’est rien de plus beau que le métissage culturel».

A l’Alliance française de Kaolack, samedi 27 avril, journée nationale de l’abolition de l’esclavage au Sénégal, il raconte la douloureuse Histoire noire : «Comment être content quand on remonte le temps? / Et entend encore nos souffrances qui haussent le ton / D’ici j’entends encore des mots crasseux / Ces démons cracher des mots tel démocratie / J’ai vu les peines et des larmes en compilation / Entre guerre et paix, naître des complications / Une multiplication de morts au sujet de notre addition / Et la mauvaise traduction de nos traditions / Combien de nos valeurs sont-elles enterrées pour leurs intérêts? / L’Afrique sent sa pâleur mais reste leadeur par intérim». Mais pourquoi remuer le passé? «Je ne prêche pas la haine, je raconte des faits. Car un peuple sans histoire, n’a point d’avenir», précise-t-il.

 

«Ngodjowadi uriredjei»

Ces festivals sont tous bénéfiques pour cet étudiant en architecture. «Ils me donnent de la visibilité et m’apportent beaucoup d’expérience. Ils me permettent, également, de faire des rencontres avec des artistes talentueux, des artistes de renommée nationale, voire internationale. Et, éventuellement, d’envisager ensemble des projets». Sans compter qu’il a «l’opportunité d’aller à la rencontre des populations, de voir comment les gens vivent. J’ai parcouru presque la moitié du territoire sénégalais, rien qu’avec le slam».

Les Comores ne sont, cependant, jamais loin pour celui qui a lancé, début septembre 2018 à Mbeni, sa ville d’origine, le festival Bangwe de l’oralité. Sur le modèle du… Sénégal. «Cela fait presque trois ans depuis que j’ai quitté les miens / Traversant 7.310 km de terre et de mer loin de mes côtes au sable blanc et fin / Laissant derrière moi tout ce qui m’est le plus cher / “Enda ba ngodjowadi uriredjei na muwo” / Va et reviens nous en vie, c’est cette phrase qu’on m’a dit en comorien».

*Désigne le Sénégal, pays d’hospitalité

Commentaires