Réuni en session le mois de février dernier, le conseil de l’île de Ngazidja avait procédé à l’élection de son bureau mais surtout des trois conseillers devant rejoindre l’Assemblée de l’Union dès la prochaine session d’avril. Plus d’un mois après, cette élection de Imamou Azali, Mohamed Soilihi Moissi et Said Mohamed Ahmed est contestée aujourd’hui par les trois députés qui représentent Ngazidja à l’Assemblée et qui doivent laisser la place aux nouveaux élus.
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Omar Hamidou, Salami Mohamed et Soilihi Ali Omar ont saisi le président de l’Assemblée de l’Union par une lettre en date du 20 mars pour contester le vote des conseillers montants appelés à rejoindre le parlement.
Nous considérons les opérations électorales qui ont eu lieu au conseil de l’île comme nulles et non avenues. Cette élection est entachée d’irrégularités manifestes à commencer par la corruption de nos suppléants. Ces derniers étaient contraints de voter en faveur de la majorité qui règne au conseil en échange de visas et/ou de postes. Aujourd’hui, deux de nos suppléants sont embauchés au conseil de l’île, nous a expliqué Omar Hamidou
avant d’indiquer que le troisième avait une promesse de visa pour s’installer en France. “Mal lui en a pris puisque sa demande a été rejetée par la chancellerie française”, a-t-il ajouté. Si Omar Hamidou regrette une élection ni transparente et encore moins démocratique, il déplore plus l’absence d’une Cour constitutionnelle, organe habilité à se pencher sur les recours.
Pour le député, “en l’absence de la Cour, nous avons saisi le président de l’Assemblée pour dénoncer cette mascarade. Jusqu’à ce qu’il y ait un autre vote incontestable, nous restons légalement les députés qui représentent Ngazidja au parlement. Nous ne souhaitons pas un remake de 2015 ou de 2017 avec les heurts à l’Assemblée. Toutefois, si la situation n’est pas normalisée, nous risquons d’avoir un autre épisode”.
Du déjà vu
Saisi par le président de l’Assemblée, Abdou Ousseini par la lettre N°18-030/P/AU du 29 mars dernier, le conseil de l’île se montre stupéfait.
Dans cette lettre, on revient sur les événements d’avril 2015 avec la contestation du président de l’Assemblée nationale, en avril 2016 avec le cas de Nourdine Soula, en avril 2017 avec la bagarre entre députés sur fond de légitimité, pour informer que lors de la première session ordinaire de 2018 qui aura lieu le vendredi 06 avril prochain,
les trois conseillers dont la désignation fait l’objet d’une contestation ne pourront pas siéger.
Abdou Ousseini appelle à l’organisation d’un autre vote “incontestable” mais le conseil de l’île ne l’entend pas de cette oreille.
C’est du moins ce qu’annonce le porte-parole de cette institution, Miftahou Athoumane. “Il n’est pas question d’organiser un autre vote. Le président de l’Assemblée ne peut pas se constituer en organe constitutionnel, s’autosaisir, délibérer et bafouer le droit de 23 conseillers. Le vote a eu lieu le 24 février et depuis, personne n’a contesté. Il faut également savoir que ceux qui parlent de contestation aujourd’hui sont jusqu’à preuve du contraire, des députés. Comment peuvent-ils contester les actions des conseillers, eux qui n’ont pas la qualité de conseiller du moins jusqu’au 6 avril”, assène Miftahou Athoumane.
Ce dernier envoie un message au premier responsable du parlement comorien en l’appelant à dépasser les intérêts politiques.
Si certains désignés ne plaisent pas au président de l’Assemblée, ça ne nous regarde pas. En ce qui concerne les problèmes parlementaires, prière de ne pas mêler le conseil de l’île de Ngazidja. Par une lettre de réponse avec copie au président de la République et à celui de la Cour suprême, nous avons fait savoir qu’Abdou Ousseni n’a pas le droit de dire que nos conseillers ne vont pas siéger, a-t-il fait savoir.
En ce qui concerne les accusations de corruption, Miftahou Athoumane expliquera que la majorité au conseil de l’île n’avait pas besoin des trois voix des suppléants pour remporter le vote. “Alors pourquoi corrompre sachant que nous avions 18 voix contre 5“, demande-t-il.