Engagée suite aux conclusions de l’enquête parlementaire sur la citoyenneté économique, l’enquête judiciaire confiée à la brigade de recherches se poursuit par les auditions des témoins et des plaignants. La journée d’hier a été marquée par les auditions de nombreuses personnalités dont deux anciens ministres de l’Intérieur et de la Justice, à savoir Ibouroihima Mhoumadi Sidi et M’madi Ali. Selon une source du dossier, au terme d’une longue audition, les enquêteurs ont donné aux personnes enquêtées l’autorisation de rentrer chez elles avec convocation pour d’autres dates sans pour autant pouvoir quitter le territoire. Ces auditions se poursuivent également ce mardi matin avec la convocation de l’ancien président, Ahmed Abdallah Sambi, ainsi que certains plaignants. Par rapport à cette procédure en phase d’enquête préliminaire, le procureur de la République de Moroni a émis un ordre d’empêchement de quitter le territoire et l’île contre douze personnes.
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Décidé par le parquet de la République de Moroni, le samedi 12 mai, cette mesure concerne Zouber Ahmed Soufiane, ancien ambassadeur aux Emirats arabes-unis, Abou Achirafi Ali Bacar, ancien directeur général de la police, Mohamed Bacar Dossar, ancien ministre des Affaires étrangères, l’ancien président, Ahmed Abdallah Sambi, et son ancien ministre de la Justice, M’madi Ali. La mesure concerne également, l’ancien président, Ikililou Dhoinine, son ancien vice-président, Nourdine Bourhane, l’ancien ministre des Finances, Mohamed Ali Soilih, l’ancien directeur de la police, Hair Elkarim Hilali, les anciens ministres de l’Intérieur, Ibouroihima Mhoumadi Sidi, Bacar Houmadi et Abdousatar Mohamed Sambi. Sur cette procédure engagée par le parquet, la motivation retenue est que “selon les éléments de l’enquête en cours, ces personnes sont appelées à être entendues incessamment et être mises à la disposition des enquêteurs”.
Lutte contre l’impunité
Interrogé sur cet ordre d’empêchement, Me Saïd Larifou, avocat des 600 citoyens qui ont porté plainte suite au détournement des fonds de la citoyenneté économique, trouve que “la mesure est justifiée et appropriée au regard de l’importance de l’enquête en cours”. Par rapport à cette enquête en phase préliminaire, l’avocat soutient que “la procédure est menée avec toute l’attention et la vigilance requises. Elle demandera à la fois de la patience, de la modération, de la détermination et de la fermeté”.
Dans sa déclaration, Me Saïd Larifou a également ajouté qu’”à travers cette procédure et sans prendre de risque, je peux affirmer que les Comores ont franchi une étape importante dans la lutte contre l’impunité dont bénéficient les auteurs de détournement des deniers publics et de la corruption. Je me félicite et rends hommage aux autorités comoriennes et aux centaines de citoyens qui ont pris l’initiative de ces poursuites”. Côté plaignant, Chatoi Abdou soutient que leur plainte n’a visé personne. “C’est le montant de la somme détournée qui a attiré notre attention car nous pensons qu’aux Comores la vie est difficile pour que l’argent public passe entre les mains de gens en tout impunité. Nous voulons seulement la restitution de cet argent car les 300 milliards détournés dans le programme de la citoyenneté auraient largement suffi à construire l’hôpital El-Maarouf, l’aéroport international, le projet de fioul lourd et le port de Moroni”.